Accès au contenu
GDS de Côte-d'Or

Protéger l'élevage... Même contre certains éleveurs

Au-delà d'un état des lieux habituel de la situation sanitaire dans les élevages du département, l'assemblée générale du GDS de Côte-d'Or aura été marquée par l'incompréhension exprimée par des éleveurs face à de mauvais comportements constatés ces derniers mois.

Par Berty Robert
Protéger l'élevage... Même contre certains éleveurs
Le Conseiller départemental Alain Lamy (à droite) s'est fait le relais des incompréhensions des éleveurs sur la passivité des pouvoirs publics face à des situations inacceptables.

Séparer le bon grain de l'ivraie, c'est vieux comme le monde, mais parfois nécessaire. La dernière assemblée générale du GDS de Côte-d'Or, le 13 mars à Sombernon, l'a encore démontré. Car, au-delà des problématiques sanitaires qui constituent l'ordinaire du groupement, les débats ont aussi concerné le comportement condamnable d'une ultraminorité d'éleveurs qui, pour des raisons diverses, traitent leurs animaux d'une manière inacceptable. Des comportements qui ont récemment défrayé la chronique médiatique en Côte-d'Or, mais qui ne sont en rien représentatifs de la manière de travailler de la majorité de la profession. Elle se charge de rappeler qu'elle n'a pas besoin de cela pour salir son image auprès d'un grand public prompt à la clouer au pilori… Alors elle réclame que le ménage soit fait.

Urgence d'agir

Ce schéma d'une minorité qui porte tort à la majorité, le GDS de Côte-d'Or y est aussi confronté dans ses combats sanitaires, avec des problèmes de prophylaxie incomplète chez quelques-uns, qui peuvent pénaliser tout le monde. Dans son rapport d'activité 2024, Étienne Verrier, 2e vice-président du GDS, déplorait la nécessité de devoir insister auprès d'éleveurs qui ne prennent pas complètement conscience du problème de la BVD par exemple, alors même que la pathologie est en baisse et qu'il faudrait tout faire pour la vaincre complètement. Concernant les éleveurs responsables de graves manquements dans les soins à leurs animaux (avec des cas de dénutrition, voire des bêtes mortes laissées dans des prairies), il apparaît urgent d'agir. Jean-Luc Lecour, ancien éleveur et maire de sa commune, interpellé par ses administrés, appelait de manière virulente à réagir, réclamant la suppression les aides dont bénéficient les exploitants qui ont ces comportements. Il interpellait à ce sujet le Directeur départemental de la protection des populations (DDPP), présent à la tribune, Didier Roose. Ce dernier est contraint par un cadre législatif qui ne lui donne pas toute latitude pour agir : « je ne peux pas supprimer les aides, mais je peux procéder à des PV de constatation qui donneront lieu à des poursuites judiciaires ».

Faire remonter les informations

Une réponse loin de satisfaire des agriculteurs ayant du mal à comprendre comment, avec les niveaux de contrôle auxquels ils sont soumis, certains peuvent encore s'en tirer sans dommages alors que d'autres, dont les infractions n'ont rien de comparables, se trouvent sanctionnés… Un sentiment relayé par le Conseiller départemental du secteur, Alain Lamy, surpris de ce « deux poids - deux mesures ». Le DDPP se disait prêt à faire remonter les informations nécessaires au Préfet afin que les choses évoluent. « Retirer des animaux ne se fait pas comme ça, déplorait le président du GDS21, Jean-Luc Chevalier, mais peut-être qu'il est temps de changer les choses à ce niveau-là ! ». Cet appel du pied au législateur, Jacques de Loisy, nouveau président de la Chambre d'agriculture, le reprenait à son compte : « s'il faut interpeller les Pouvoirs publics par rapport à des scandales liés à des éleveurs qui mettent en danger l'élevage, nous serons à vos côtés. Les lois doivent pouvoir évoluer ».

Vacciner d'accord, mais avec quoi ?

70 % de l'activité du GDS 21 repose sur le suivi des maladies. Étienne Verrier, 2e vice-président, a rappelé le développement des actions de biosécurité depuis 3 ans dans le département. On note une baisse de la tuberculose bovine et on progresse vers l'éradication de l'IBR. Sur cette dernière pathologie, le GDS 21 propose de rendre obligatoire l'analyse de tous les animaux entrant en achat dans les exploitations afin de garantir que tous les élevages indemnes conserveront leur qualification. En 2024, le total des aides aux éleveurs (GDS 21 et Région BFC) a atteint 326 345 euros, en hausse de 15,1 % par rapport à 2023. Concernant le dossier le plus sensible du moment (la FCO) les indemnisations fonctionnent pour les foyers déclarés jusqu'au 31 décembre 2024. « Après cette date, précisait Jean-Luc Chevalier, président du GDS 21, l'État considère que la vaccination est possible, et qu'il n'y a donc plus lieu d'indemniser, sauf qu'il y a un vrai problème de disponibilité des vaccins ! Pour 2025, pour l'instant, c'est donc l'inconnu… ».

Pendant ce temps-là, les cas de surmortalité ou de malformations sur des veaux continuent d'être observés. Une situation qui inspirait la réflexion suivante à un éleveur participant à l'assemblée de Sombernon : « il faudrait demander une participation de toute la filière pour aider financièrement à la vaccination. Il n'y a pas de raisons que les éleveurs naisseurs soient les seuls à supporter le coût ». À cela s'ajoute le fait que, même si les vaccins sont disponibles, vacciner dans les prés est moins simple et plus chronophage qu'en stabulation. Pour Jean-Luc Chevalier, une des réponses possibles à ces situations sanitaires, aggravées par les déplacements d'animaux, serait de relocaliser l'engraissement « afin de maintenir les outils d'abattage et de découpe sur le département ». L'assemblée générale du 13 mars consacrait d'ailleurs une table ronde à ce thème.