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Assemblée générale du CerFrance

Louis Bodin vient parler de la pluie et du beau temps

Le météorologue prévisionniste Louis Bodin sera l’invité du CerFrance le 11 juin prochain. Il interviendra à la suite de l’Assemblée générale de l’organisme de conseil et expertise comptable.
Par Propos recueillis par Orianne Mouton
Louis Bodin vient parler de la pluie et du beau temps
Le spécialiste de la météo sur RTL et sur TF1 interviendra le 11 juin prochain lors de l’assemblée générale de CERFrance
Le 11 juin prochain, le CerFrance de l’Yonne organise son assemblée générale. L’occasion de revenir sur l’activité de l’année, les différents événements qui ont eu lieu, les projets à venir et avant tout, d’échanger en toute simplicité. Pour faire suite à l’assemblée générale du CerFrance, Louis Bodin, ingénieur météorologue, interviendra sur son thème de prédilection. Il a répondu à nos questions sur son intervention à venir.

• Quel a été votre parcours dans la météo et dans les médias ?
Louis Bodin : «J’ai été météorologiste pendant 15 ans à Météo France. En parallèle, j’étais routeur et navigateur dans le milieu de la voile. Je choisissais les routes quand j’étais à bord. J’ai eu la chance de m’occuper de Florence Arthaud, Paul Vatine, Yves Parlier… Et comme ce milieu-là est assez médiatisé, la passerelle s’est faite, petit à petit, je suis devenu consultant sur quelques médias, à la fois pour la voile et pour la météo. J’ai ensuite basculé complètement dans les médias, et aujourd’hui, me voilà chef du service météo et prévisionniste-présentateur à RTL et présentateur du bulletin météo de TF1».

• Quels thèmes allez-vous aborder lors de votre présentation du 11 juin ?
Louis Bodin : «En première partie, je remets un peu les choses en perspective : l’histoire, l’impact de la météo, ce que la météo peut faire ou pas aujourd’hui. J’explique aussi la variabilité du climat, je parle de la démographie… Tout ça nous amène petit à petit à considérer notre rapport à la planète au travers ce prisme de la météo. Elle est un indicateur fort de l’adaptation et de nos inquiétudes comme le réchauffement climatique. Pour moi le message fort de la météo c’est que la civilisation qui vit aujourd’hui sur terre a une énorme responsabilité sur sa capacité à s’adapter pour laisser une trace beaucoup moins forte sur la terre. Elle a les solutions technologiques, elle a le savoir, elle a parfaitement conscience de ce qu’elle a pu abîmer, de ce qu’elle a pu faire et de la responsabilité qu’elle a, notamment en matière de biodiversité. Ce qui m’intéresse, c’est qu’on ait conscience qu’on est à la fois un citoyen français, bourguignon, avec son histoire, ses spécificités, sa culture, mais en même temps on va devenir ce citoyen du monde : il n’y a pas de frontière ni pour la météo ni pour la pollution, on est tous interdépendants, on est tous dans le même bateau. Donc quand on abîme la planète, ça rejaillit sur tous les autres».

• 2018 a été une année compliquée pour l’agriculture locale, entre inondations et sécheresse. 2019 a commencé avec des périodes de froid tardif, du gel et de la grêle qui mettent en péril certaines productions. Allez-vous parler de l’adaptation de l’agriculture à la météo et ses aléas ?
Louis Bodin : «Oui complètement, c’est pour ça que j’insiste sur la notion de variabilité du climat. Cette idée qu’avant le temps était plus régulier, c’est totalement faux. Le climat a toujours été anarchique, chaotique. Ça veut dire que l’agriculteur a toujours dû et devra s’adapter. Sauf qu’aujourd’hui, on a une société qui voudrait que tout soit comme elle veut. Mais ça, ce n’est pas possible. Il y a toujours eu cette inconstance de la météo, surtout dans un pays comme la France, et malheureusement il y a parfois des impacts importants. Donc ça veut dire qu’il faut revenir à des plans financiers sur des exploitations qui soient beaucoup plus raisonnables par rapport à cette variabilité du climat. Il faut accepter qu’il y ait une année où les récoltes seront ravagées, puis une année très bonne, où il faudra engranger pour les mauvaises années. Cette idée «c’est la faute au réchauffement climatique, il y avait jamais eu ça avant» c’est faux, totalement. Aujourd’hui on a aussi des moyens pour s’adapter, pour mieux gérer l’eau par exemple, on en a assez pour créer des retenues, pour qu’il n’y ait jamais besoin de passer par des moments de tension autour des besoins en eau».

• Les stations météo connectées se développent sur les exploitations agricoles. En tant que spécialiste, quel est votre avis sur leur fiabilité et sur l’utilisation que l’on peut en faire ?
Louis Bodin : «Au niveau très localisé, c’est utile pour faire un bilan hydrique, voir le taux d’humidité et les températures. Il y a un deuxième niveau, c’est l’utilité pour la prévision et météo France. Ces stations météo ne sont pas labellisées par Météo France, ce qui veut dire que Météo France ne peut pas les rentrer dans son réseau de mesures qui pourraient aider à faire une prévision un peu plus juste. Plus on a de capteurs et d’informations, plus la prévision peut être bonne. Le problème, c’est que les données doivent être comparables aux autres, donc mesurées et validées dans les mêmes conditions. Demain, il faut voir s’il n’y a pas moyen de labelliser ou d’étalonner ces températures pour qu’elles puissent être comparables et insérées dans le réseau».

• Vous resterez pour le cocktail après la conférence ?
Louis Bodin : «Oui bien sûr, c’est important, si je fais ces conférences c’est pour qu’il y ait un échange. Je me nourris des échanges : il y aura une partie de questions-réponses avec la salle après la présentation. On pourra aussi discuter de façon un peu plus privée et aller un peu plus loin après la conférence».