La tempête lui arrache son poulailler
Eddy Girot, éleveur avicole à Chaumont-le-Bois en Côte d'Or, a vu son outil de travail réduit à néant dans la nuit du 14 au 15 juin.

Le Châtillonnais, les orages ne l'épargnent que très rarement. Le week-end dernier, le vent et la grêle ont eu raison d'un poulailler ou plutôt, de deux poulaillers appartenant à un éleveur de Chaumont-le-Bois. Nous avons rencontré Eddy Girot, le Côte-d'orien concerné, au lendemain du sinistre. Cet homme de 34 ans installé en 2020 redoutait justement cet orage : « Comme tous les autres, d'ailleurs… Dans ces cas-là, on craint pour nos animaux. Une coupure d'électricité, une défaillance électrique, un problème d'alimentation en eau, en nourriture ou pire, du gaz… Tout est à redouter, ce type d'aléa peut mettre à mal la santé et même la vie de nos volailles. Cet orage, on en entendait parler depuis plusieurs jours, il venait de la côte ouest. Mais, de là à penser qu'il ferait autant de ravages ici… C'est incroyable, je n'ai plus rien ».
Triste découverte
L'orage a duré environ une heure, comme le retrace Eddy Girot : « il était un peu plus de minuit, la nuit de samedi à dimanche. J'étais chez moi, à quelques kilomètres d'ici, à Montliot-et-Courcelles. Le plus gros coup de vent ou plutôt la tempête n'a duré que quelques secondes, mais de très longues secondes ! Dès que j'ai pu sortir de ma maison, je suis bien sûr venu ici ». Sur le trajet, en se rapprochant de ses bâtiments, l'éleveur aperçoit l'un de ses deux trackers photovoltaïques à terre : « c'est la première chose que j'ai vue. J'ai réussi à le voir de loin car les éclairs étaient nombreux, c'était un peu comme s'il faisait jour… Ces deux trackers sont installés depuis deux ans et couvrent la quasi-intégralité des besoins électriques de mon élevage. En réalité, même le second était fichu ». En se rapprochant encore plus de ses poulaillers, Eddy Girot devine les portes de son premier bâtiment : « elles étaient ouvertes, des poussins sortaient sous ce déluge. Je me suis dépêché de les refermer tant bien que mal. Ce n'était rien par rapport à ce que j'allais voir par la suite, dans le second poulailler, où il manquait carrément la moitié du toit, tout s'était envolé ! ». Que faire en premier, dans ces cas-là ? « J'ai mis en sécurité l’installation en coupant l'électricité et le gaz afin d'éviter que la situation ne s'aggrave davantage. Pour le bâtiment sans le toit, il n'y avait rien à faire. Pour le moins endommagé, je me suis aperçu que tout était fichu là aussi, les tôles étaient déformées, il pleuvait à l'intérieur, il n'y avait plus rien de viable ».
Tout va très vite
Eddy Girot contacte les pompiers qui arrivent très rapidement sur place : « l'explosion de la cuve de gaz était redoutée, ils ont mis en sécurité le site en coupant tous les fluides comme j'avais commencé à le faire. J'ai aussi contacté mon assureur. Plein de choses se passent en quelques minutes seulement, c'est la panique, forcément. Les toits des poulaillers étaient pourtant en forme de dômes : on aurait pu croire qu'ils étaient peu sensibles à la prise au vent, mais finalement non ! En fait, ce ne sont pas les grêlons qui ont posé problème, mais bien le vent. Les silos ont même bougé de place ». Après une nuit blanche, l'éleveur a passé son dimanche avec beaucoup d'amis, de connaissances et de partenaire du para-agricole : « un bel élan de solidarité a permis, dès le matin, de replacer un certain nombre de poussins chez des personnes équipées et avec un certain savoir-faire dans ce type d'élevage. Ensuite, il était bien trop tard pour tenter de les sauver ces animaux qui n'avaient que six jours. Je remercie toutes celles et ceux qui sont venus me soutenir dans cette épreuve ». De nombreuses démarches administratives se succèdent depuis le sinistre. Une chose est sûre : Eddy Girot n'en a pas fini avec le téléphone et l'ordinateur : « c'est une étape obligatoire si je veux m'en relever. J'ai aussi contacté ma banque pour trouver des arrangements financiers. En effet, la production va être stoppée un bon moment et je ne pourrai plus rembourser mes emprunts. Mes deux bâtiments de 1 200 m2 ont 35 ans d'ancienneté et ne se font plus, je ne sais pas ce que cela va donner ».