Marché des bovins
L'export tire les prix du vif
Invitée à l'assemblée générale de Elvea 21-89 à Vitteaux (21), Mélanie Richard, ingénieure à l'Institut de l'élevage, est intervenue sur la question de la place des bovins et de la viande bovine française en Europe et dans le monde. A méditer.
C'est parce qu'il faut [I]«savoir se donner des perspectives»[i] comme l'a rappelé le président de Elvea, que Mélanie Richard, ingénieure à l'Institut de l'élevage est intervenue lors de la dernière assemblée générale de l'association à Vitteaux, le 20 mai dernier. Entre évolution de la consommation et progression chaotique des échanges mondiaux, quelle place pour les bovins et la viande bovine française ? La question posée n'est pas simple et pour apporter des éléments de réponse, Mélanie Richard est repartie [I]«des fondamentaux»[i].
La particularité du marché français c'est qu'on exporte nos mâles en maigre et que nous mangeons nos femelles. Ces dernières représentent 62% des abattages et 75% des femelles sont destinées à la consommation. La majorité des mâles (de plus de 300 kg) étant exportée vers l'Italie qui achète 80 à 85% de la production française. Second marché de moindre importance mais quand même significatif après une reprise en douceur : l'Espagne. La demande espagnole se porte plutôt sur des animaux plus légers, de moindre conformation (160 à 300 kg). [I]«Les autres marchés sont à la marge»[i]. La part de la France dans le marché intercommunautaire est à 20% et tend à se réduire. La défaillance du Mercosur favorise les exportations européennes, vers les pays du Maghreb en particulier. Mais en France, la tendance à la lente érosion du marché italien est patente et l'interdépendance de la France et de l'Italie reste une constante pour les années à venir. Les engraisseurs italiens sont indéniablement à la peine, pris en tenaille entre l'évolution de la réglementation PAC et l'application de la directive nitrates qui bouleverse les équilibres économiques dans la Plaine du Pô. Sans parler du développement du biogaz dans la zone d'engraissement. Un constat qui amène Mélanie Richard à prédire que [I]«la diminution de l'engraissement en Italie semble inéluctable». Déjà la demande traditionnelle de mâles de plus de 300kg s'est portée vers des animaux plus légers. «Les cotations des animaux plus lourds ne décollent pas»[i].
[INTER]De nouvelles opportunités à saisir[inter]
Dans le même temps de nouvelles opportunités apparaissent sur les marchés européens. [I]«La Turquie aura ainsi été la providence de l'année 2010»[i] observe l'ingénieure. Jusqu'à ce que les droits de douane remontent à 45%... Les exportations de broutards en hausse au début de l'année [I]«ont tiré le marché du vif»[i], la production française bénéficiant d'une hausse de prix de 6 à 9%. Mais dans le même temps les prix allemands augmentaient de 11 à 14%... Les prix des femelles ont également augmenté, de 5 à 10%, sans atteindre toutefois le niveau des prix allemands et irlandais. Avec la même tendance à favoriser les conformations les moins imposantes (de type laitier plus que de type allaitant).
Sur le plan mondial, la demande est dynamique et les prix soutenus ou en augmentation. Cette situation est favorable aux exportations en vif et en viande, ce qui encourage à maintenir une bonne dynamique à l'export. Reste qu'en France, la situation des broutards est incertaine, du fait de la lente érosion du marché italien, des questions sanitaires et des difficultés logistiques, ainsi que d'un fort potentiel de naissance. Il s'agit donc de saisir toutes les opportunités des marchés à l'export et de construire des relations à long terme sur d'autres marchés que l'Italie, tout en préservant ce débouché essentiel.
Les enjeux pour la filière s'expriment en termes de compétitivité sur les plans de la production, de l'abattage et de la transformation. Mais le débat reste aussi ouvert sur l'équilibre de la production en maigre et gras. [I]«Le déficit en viande bovine finie s'accroît en France»[i] analyse Mélanie Richard, il faudra bien d'une façon ou d'une autre y remédier pour répondre à la demande intérieure et éviter les importations massives. Un autre défi reste aussi à relever : celui de la volatilité des cours des matières premières. Dans tous les cas, on peut craindre que [I]«le broutard reste la variable d'ajustement»[i] des marchés.
La particularité du marché français c'est qu'on exporte nos mâles en maigre et que nous mangeons nos femelles. Ces dernières représentent 62% des abattages et 75% des femelles sont destinées à la consommation. La majorité des mâles (de plus de 300 kg) étant exportée vers l'Italie qui achète 80 à 85% de la production française. Second marché de moindre importance mais quand même significatif après une reprise en douceur : l'Espagne. La demande espagnole se porte plutôt sur des animaux plus légers, de moindre conformation (160 à 300 kg). [I]«Les autres marchés sont à la marge»[i]. La part de la France dans le marché intercommunautaire est à 20% et tend à se réduire. La défaillance du Mercosur favorise les exportations européennes, vers les pays du Maghreb en particulier. Mais en France, la tendance à la lente érosion du marché italien est patente et l'interdépendance de la France et de l'Italie reste une constante pour les années à venir. Les engraisseurs italiens sont indéniablement à la peine, pris en tenaille entre l'évolution de la réglementation PAC et l'application de la directive nitrates qui bouleverse les équilibres économiques dans la Plaine du Pô. Sans parler du développement du biogaz dans la zone d'engraissement. Un constat qui amène Mélanie Richard à prédire que [I]«la diminution de l'engraissement en Italie semble inéluctable». Déjà la demande traditionnelle de mâles de plus de 300kg s'est portée vers des animaux plus légers. «Les cotations des animaux plus lourds ne décollent pas»[i].
[INTER]De nouvelles opportunités à saisir[inter]
Dans le même temps de nouvelles opportunités apparaissent sur les marchés européens. [I]«La Turquie aura ainsi été la providence de l'année 2010»[i] observe l'ingénieure. Jusqu'à ce que les droits de douane remontent à 45%... Les exportations de broutards en hausse au début de l'année [I]«ont tiré le marché du vif»[i], la production française bénéficiant d'une hausse de prix de 6 à 9%. Mais dans le même temps les prix allemands augmentaient de 11 à 14%... Les prix des femelles ont également augmenté, de 5 à 10%, sans atteindre toutefois le niveau des prix allemands et irlandais. Avec la même tendance à favoriser les conformations les moins imposantes (de type laitier plus que de type allaitant).
Sur le plan mondial, la demande est dynamique et les prix soutenus ou en augmentation. Cette situation est favorable aux exportations en vif et en viande, ce qui encourage à maintenir une bonne dynamique à l'export. Reste qu'en France, la situation des broutards est incertaine, du fait de la lente érosion du marché italien, des questions sanitaires et des difficultés logistiques, ainsi que d'un fort potentiel de naissance. Il s'agit donc de saisir toutes les opportunités des marchés à l'export et de construire des relations à long terme sur d'autres marchés que l'Italie, tout en préservant ce débouché essentiel.
Les enjeux pour la filière s'expriment en termes de compétitivité sur les plans de la production, de l'abattage et de la transformation. Mais le débat reste aussi ouvert sur l'équilibre de la production en maigre et gras. [I]«Le déficit en viande bovine finie s'accroît en France»[i] analyse Mélanie Richard, il faudra bien d'une façon ou d'une autre y remédier pour répondre à la demande intérieure et éviter les importations massives. Un autre défi reste aussi à relever : celui de la volatilité des cours des matières premières. Dans tous les cas, on peut craindre que [I]«le broutard reste la variable d'ajustement»[i] des marchés.