L’enjeu du bien-être pour tous
Si les éleveurs s’adonnent à favoriser le bien-être de leurs animaux, ils ne doivent cependant pas oublier leur santé et leur sécurité. Les bâtiments d’élevage sont des infrastructures complexes, parfois imparfaites, qui nécessitent une réflexion quant au bien-être des animaux, autant que celui des éleveurs.

« Le bien-être animal repose sur cinq piliers : l’absence de faim, de soif, de stress, de blessures et maladies. Il doit également avoir la possibilité d’adopter les comportements propres à son espèce », explique Richard Garnier, chargé de mission à la chambre régionale d’agriculture Auvergne Rhône-Alpes, notamment pour l’animation de la charte des bonnes pratiques d’élevage pour les ruminants.
Le bien-être animal, un défi permanent
Le bien-être animal a toujours été une préoccupation en élevage, tant d’un point de vue éthique que pour son impact sur la productivité. « Grâce à des dispositifs propres à chaque type d’élevage, nous essayons au maximum de respecter les besoins de chaque espèce, en commençant par les infrastructures. S’il s’agit de porcs, il leur faudra des espaces dans lesquels ils peuvent fouiller le sol, puisque cela fait partie de leur comportement naturel. Pour des caprins, des volailles, il faudra assurer des structures leur permettant de se percher. Ce sont des enrichissements du milieu qui favorisent le bien-être des animaux », relate Richard Garnier. Ces derniers sont également élevés en groupe si tel est leur comportement social, comme c’est le cas des bovins. « Ce bien-être passe également par une place suffisante pour chaque animal et la possibilité d’exprimer librement leurs contacts sociaux », ajoute-t-il. « Pour l’exemple des bovins, les éleveurs vont être contrôlés selon la charte Boviwell, qui relate les bonnes pratiques d’élevage. Nous nous penchons sur des indicateurs visuels, l’état d’engraissement du bovin, son comportement, l’absence de blessures… si l’indicateur n’est pas perceptible, nous évaluons les obligations de moyens mises en place par l’éleveur, comme l’accès aux abreuvoirs, s’ils sont tous fonctionnels et propres ». Favoriser la qualité de vie des animaux en bâtiment est indispensable aux éleveurs, tout comme la garantie du bien-être de ces derniers.
Des éleveurs bien dans leurs bâtiments
Complexe, l’organisation des bâtiments d’élevage impacte le travail des éleveurs et participe ainsi largement à leur bien-être. C’est ce dont le service « Prévention des risques professionnels » de la Mutualité sociale agricole (MSA) se saisit, à travers une mise à disposition de responsables spécialisés dans l’analyse logistique des bâtiments d’élevage, au service des agriculteurs. « Nous accompagnons les éleveurs dans des projets de nouveaux bâtiments, ou pour créer de nouveaux aménagements dans des bâtiments déjà existants », explique Catherine L’Allain, responsable du service au sein de la MSA des Alpes du Nord. « Parfois, ils pensent davantage à leurs animaux qu’à leur propre confort au travail. Nous essayons donc d’identifier, aux côtés de l’éleveur, son travail réel et les contraintes qui l’accompagnent, il peut s’agir de risques ou d’inconfort », précise la responsable. « Ces risques peuvent être liés aux animaux, avec des coups, en fonction des activités, ou aux activités de manutention, de port de charges, notamment liés à l’alimentation des animaux, les activités pratiquées en hauteur, l’entretien des bâtiments… qui peuvent être directs, ou se manifester à long terme avec des problèmes musculosquelettiques ». La responsable ajoute qu’il est davantage aisé d’agir en amont de la construction d’un bâtiment, afin de mettre en place le nécessaire pour rendre le travail des éleveurs plus confortable. « Ce confort passe également par celui des animaux, nous réfléchissons donc aux déplacements effectués, aux ombres, aux contrastes, des bâtiments, tout ce qui est susceptible de gêner les animaux, et ainsi de créer un risque pour les éleveurs ». Elle précise également que le manque de confort impacte non seulement la santé physique des éleveurs, mais entraîne bien souvent des risques psychosociaux : « Faciliter le travail des agriculteurs, c’est leur faire gagner du temps, du confort, réduire la charge de travail, tout ce qui peut rendre leur quotidien lourd à porter », conclut Catherine L’Allain.
