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Myciculture

Il pleut des pleurotes

Alexis Prou s’est lancé en septembre dans une aventure hors du commun : il a monté sa propre champignonnière à Ligny-le-Châtel. Une production singulière qui fonctionne bien et répond à la demande locale.
Par Orianne Mouton
Il pleut des pleurotes
Alexis Prou a lancé sa production de pleurotes en septembre. Il produit, trie, commercialise et livre les champignons.
À 21 ans, Alexis Prou est déjà un micro-entrepreneur : il produit et commercialise des pleurotes en agriculture biologique sous la marque «Champ’icaunais» depuis le mois de septembre. Le lien est faible avec l’exploitation familiale de 180 ha de céréales gérée par son père en parallèle d’une entreprise de travaux forestiers, si ce n’est la passion de l’agriculture et de la forêt.
C’est ce qui a guidé le jeune homme vers ses deux BTS en productions végétales d’abord, puis en gestion forestière. Ensuite, c’est la myciculture, la production de champignons, qui s’est imposée d’elle-même : «J’ai eu envie de créer ma propre activité et il y avait ces bâtiments vides qui étaient utilisés pour l’activité de pépiniériste arrêtée en 2002. Je me suis dit «pourquoi ne pas valoriser ces bâtiments ?» Après étude du potentiel des locaux, je pouvais faire de l’endive ou des champignons. J’adore la forêt depuis tout petit, alors les champignons se sont imposés !» Alexis a donc réalisé une semaine de formation sur la production de champignons pendant sa dernière année de BTS, pour finalement se lancer en septembre dernier. Aujourd’hui, la production est au rendez-vous et la clientèle aussi !

La culture des pleurotes
«Je cultive des pleurotes, c’est un champignon facile à produire, il y a pas mal de retours techniques dessus et il y a beaucoup de demande. J’essaie de faire pousser des Shiitakés en ce moment pour voir, à la demande de mes clients, mais chaque champignon a des conditions de pousse différentes. Alors pour l’instant je reste sur ce champignon, et on verra ensuite». Hygrométrie élevée, température idéale de 15 C°, bonne ventilation pour éviter la concentration en CO2 et luminosité journalière sont contrôlées pour permettre une pousse du champignon optimale. Le cycle de production du pleurote se compose de deux phases : l’incubation où un substrat de paille humidifié préalablement pasteurisé est imprégné de mycélium puis placé en conditions plus chaudes pendant deux semaines. Une fois le milieu colonisé, la période de fructification peut commencer, avec une première récolte au bout de 10 à 15 jours. Pour ses débuts, Alexis achète ses blocs de substrat déjà incubés mais il compte bien réaliser l’ensemble des opérations bientôt.

Une affaire qui roule
Le lancement de l’activité a été rapide, l’investissement s’est limité aux substrats, c’est une affaire bien vue par le jeune homme. «Je cueille tous les jours pendant un mois à un mois et demi sur un substrat qui donne trois récoltes. J’installe de nouveaux blocs régulièrement pour étaler ma production. Les champignons ne restent pas plus de 24 heures chez moi une fois coupés, c’est du très frais ! Après la cueillette, je trie, j’emballe et je livre. Pour le moment je produis 60 kg de pleurotes par semaine qui partent dans des magasins, primeurs, chez des restaurateurs, et en vente directe. Les gens du coin voulaient des champignons alors j’ai instauré des horaires d’ouverture du local pour la vente».
Le jeune homme installé depuis quelques mois est très satisfait de sa production : «L’avantage c’est que c’est un cycle très court, donc si on fait quelque chose qui ne va pas, on peut s’adapter et rectifier le tir pour les cultures suivantes rapidement, pas comme en céréales !» Il prévoit d’ailleurs «d’appuyer sur le champignon» en installant une deuxième champignonnière. «La seconde pièce est immense, je ne me voyais pas commencer par autant de production. Mais comme ça marche bien, je vais produire dans celle-ci aussi, elle est déjà équipée comme il faut, avec brumisateurs et ventilation. C’est prévu pour 2019 !»