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Arboriculture

Gelées et grêle: les vergers en danger

La récolte de fruit de 2019 s’annonce bien amoindrie suite à la vague de froid et aux épisodes de gel tardif et de grêle, touchant les arbres en pleine floraison.
Par Orianne Mouton
Gelées et grêle: les vergers en danger
Le gel et la grêle, assortis de températures très basses, ont fortement impacté les vergers icaunais.w
Les vergers icaunais subissent pleinement les conséquences des intempéries de ce printemps. Pendant les nuits des 13 et 14 avril, les températures sont descendues jusqu’à -6 °C sur les plateaux de la Fringale, autour de Jussy. Chez Alain Duruz, arboriculteur et céréalier du village, les pertes ont été massives : «Toutes les variétés à fleurs précoces ont été ratiboisées à quasi 100 %, en cerises et prunes principalement, mais aussi en pêches et nectarines. Le gel avait pris toutes les faces Sud-Ouest. À ce moment-là il restait environ 50 % de la récolte». Après ce premier épisode inquiétant est venue une deuxième vague de froid, et notamment de gel. «L’impact a été encore amplifié, d’autant plus que la circulation de sève s’est arrêtée à cause du froid… Les arbres ne savaient plus où ils en étaient ! Donc une partie des fruits épargnés par le gel sont tombés à cause de l’arrêt de sève».

Gel, grêle, galère
Pour couronner le tout, un épisode de grêle s’est invité le 8 mai sur certaines zones. Chez Alain Duruz, «Certains vergers ont grêlé à quasi 100 % de ce qui restait. À d’autres endroits, ça se limite à 70, 50, 30 %. C’est hétérogène selon les zones. Une partie des fruits que le gel nous a laissée sont marqués par la grêle, et on voit déjà un peu de brunissement à l’intérieur…» Il reste un peu de production à l’arboriculteur, mais la question se pose quant au développement des fruits marqués.
Le bilan est donc lourd pour les arboriculteurs : si 2018 était une bonne année de production pour eux, 2016 avait été marquée par le gel et 2017 par la grêle. Face à ces difficultés à répétition, les arboriculteurs découragés doutent de l’intérêt de poursuivre la production. «Chez moi, il y aura une diminution progressive des vergers c’est sûr. Je vais arracher des arbres, planter des vignes sur les zones en appellation et mettre en culture les parcelles où ce sera possible. Sous 5 ans, il y aura moitié moins de vergers dans le coin que ce qu’il y a maintenant. Des arboriculteurs purs, il n’en reste presque plus dans mon secteur, et bientôt, il ne restera que de l’arbo faite par des amateurs, des doubles actifs qui vendent au black et qui travaillent je ne sais pas comment».
Pour l’arboriculteur, le manque de structuration de la filière se fait sentir aujourd’hui. «On a loupé le bateau il y a 20 ans c’est dommage. On aurait pu s’organiser, se structurer, on aurait eu une force de frappe plus importante… Mais ça ne s’est pas fait, et voilà où on en est».