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Sanitaire

DNC : « vivre au jour le jour »

Ce lundi 27 octobre, la Chambre d'agriculture de l'Yonne, en partenariat avec de nombreux acteurs, a organisé la première réunion d'une série, pour informer les éleveurs sur la DNC.

Par Charlotte Sauvignac
Elevage
de gauche à droite : Maxime Chassin, Marie-Christine Wencel, Frédéric Blin, Désiré Paul.

C'est dans un contexte sanitaire incertain que Marie-Christine Wencel, directrice par intérim de la DDETSPP de l'Yonne, Frédéric Blin, élu à la Chambre d'agriculture de l'Yonne, Maxime Chassin, vétérinaire, Désirée Paul, président du GDS de l'Yonne et Marc Arbona, président de l'ordre des vétérinaires de la Croix Blanche ont convié une cinquantaine d'éleveurs à une réunion d'information sur la DNC ce lundi 27 octobre. En se retrouvant dans la salle du marché couvert d'Avallon, les éleveurs ont laissé la parole à Marie-Christine Wencel. « À ce jour, nous avons détecté 89 foyers en France sur 58 élevages. Aujourd'hui, la dermatose nodulaire contagieuse n'est pas dans l'Yonne, mais nous sommes placés en zone réglementée », annonce la directrice de la DDETSPP. Désiré Paul, à ses côtés, en profite pour réaffirmer l'importance de la « biosécurité, car l'objectif c'est qu'il y ait le moins de pertes possibles pour chacun des éleveurs de l'Yonne ». Pour éviter ce problème-là, « n'hésitez pas à désinsectiser régulièrement vos bâtiments et à limiter les fumiers », ajoute-t-il. Pour faire un bref rappel de la maladie, Marie-Christine Wencel, reprend la parole accompagnée d'un diaporama. « C'est une maladie vectorielle, transmise majoritairement par des insectes piqueurs », annonce-t-elle. Si des foyers ont vu le jour en France, ce n'est pas par la capacité des insectes à se déplacer car « une mouche piqueuse fait maximum cinq kilomètres de distance, tout comme les taons ». Donc « si des cas se déclarent à de longues distances du foyer d'origine, on peut supposer que c'est à cause d'un manque de vigilance », explique-t-elle. Maxime Chassin, prend à son tour la parole pour expliquer : « qu'un vétérinaire joue un rôle majeur dans la détection de cette maladie. Lors de signalements, les critères qui ont permis aux vétérinaires de détecter la DNC étaient une forte fièvre, un amaigrissement, une chute de lactation et un manque d'appétit de la part de l'animal ». En tant que représentante de l'État, la directrice de la DDETSPP ajoute que « dans l'Yonne, jamais aucun foyer n'a été détecté. La maladie n'a jamais sévi, donc les animaux sont dits “naïfs”, et dans ces cas-là, si la maladie arrive, nous avons un taux d'animaux malades qui peut être supérieur à 45 % dans les troupeaux et un taux de mortalité qui peut s'élever à 10 % ». Face à ce taux de mortalité élevé, l'Europe a classé ce genre de maladies en catégorie A, dans la loi dites de santé animale. Donc l'Europe prescrit « l'éradication obligatoire ». En prenant cette décision, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard a « obtenu la confiance de nos partenaires européens ». Depuis son annonce, « des contrôles ont été effectués par les gendarmes dans l'Yonne, afin de vérifier si les consignes étaient respectées ».

Vacciner, mais pas à n'importe quel prix

En poursuivant leur laïus, les services de l'État prennent le temps d'expliquer « que la vaccination ne s'effectue qu'autour des foyers, en deux directions possibles, à partir de 20 km en allant de l'extérieur vers l'intérieur ». À son tour, Marc Arbona précise que « l'immunité avec le vaccin est acquise au bout de 21 jours, ensuite on perd le statut indemne de la zone pendant 14 mois après la vaccination ». Face à des visages inquiets, il ajoute que « c'est un vaccin vivant atténué, donc il y a des effets secondaires qu'on peut observer jusqu'à un mois après la vaccination. On observe un pic de 7 à 10 jours après la vaccination. Mais globalement, c'est un vaccin qui est bien supporté par les bovins, qui est rodé », déclare-t-il. Si certains sont rassurés, d'autres questionnent les interlocuteurs : « pourquoi on abat les troupeaux ? ». À cela Marc Arbona répond : « pour éviter que le virus ait le temps de muter, et que le vaccin ne soit plus aussi efficace ». C'est donc pour cela que « tous vos registres d'élevages doivent être tenus à jour. Nous devons également être précautionneux car si un foyer est détecté, nous devons être capables de retracer l'origine de la transmission », ajoute-t-il. Marie-Christine Wencel reprend le micro et fait un petit aparté. « Il y a des efforts importants qui ont été réalisés dans l'Yonne. Tous les acteurs de l'élevage, la Chambre d'agriculture de l'Yonne, le GDS, le Conseil départemental, le réseau des vétérinaires et l'État se sont emparés d'un appel à projets, il y a quelques années, qui leur a permis d'obtenir des fonds et de réfléchir à la manière de renforcer le manque de vétérinaires en faisant venir des jeunes pour travailler à vos côtés », remet-elle sur la table. « C'est en cours », confie-t-elle. Face à ce discours, l'un des éleveurs, interpelle l'audience : « Pourquoi on ne vaccine pas ? ». Marc Arbona reprend la parole, et affirme que « le souci est purement réglementaire. Nous sommes en zone de réglementaire sanitaire, donc nous n'avons pas le droit, et même si tu le fais, tu ne pourras plus exporter pendant quatre mois », répond-il, compréhensif. Consciente que la situation n'est pas facile, psychologiquement parlant, Marie-Christine Wencel, rappelle la présence de la MSA, au numéro suivant : 09 69 39 29 19.

En sortant de la réunion, la tension est palpable. Charles Baracco, président des Jeunes Agriculteurs de l'Yonne et éleveur, témoigne de son inquiétude. « Nous avons l'infime espoir que la situation se calme après le 5 novembre. Sinon nous n'aurons pas la place nécessaire pour accueillir de nouvelles têtes et nous risquons de subir une restriction alimentaire ».

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