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LPO

«Des Terres et des Ailes» pour faire revenir les oiseaux sur les terres

«Des Terres et des Ailes» est un nouveau programme lancé par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) avec le soutien des Chambres d’agriculture France pour lutter contre la disparition des oiseaux.
Par Valérie Godement
«Des Terres et des Ailes» pour faire revenir les oiseaux sur les terres
( Crédit photo : Réussir )
La présence des oiseaux dans les campagnes est essentielle pour l’équilibre de la biodiversité, chaque espèce faisant partie de la chaîne alimentaire: ils dispersent les graines, pollinisent les plantes et se nourrissent d’insectes dont certains sont nuisibles à l’agriculture. Pourtant, les derniers chiffres issus de l’étude conjointe du Muséum d’histoire naturelle et du CNRS montrent que les populations d’oiseaux dans les campagnes ont été réduites en moyenne d’un tiers au cours des quinze dernières années, avec une forte accélération pendant les deux dernières années. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, un tiers des espèces est aujourd’hui menacé. Les seules populations d’oiseaux qui se portent bien sont celles que l’on trouve dans les espaces protégés, plus particulièrement dans les réserves naturelles en zones humides (échassiers, anatidés, oiseaux marins), ou encore les rapaces (balbuzard pêcheur, faucon crécerellette, vautour fauve) parce qu’ils ont fait l’objet d’opérations de réintroduction et parce que l’attention et les moyens se sont portés sur ces espèces.
Bien que les espèces rares, menacées, patrimoniales, tombées à des niveaux très bas, aient recouvré en partie leurs effectifs historiques, les espèces communes, et notamment les passereaux, y compris les plus familiers (hirondelles, moineaux, alouettes) n’ont pas eu cette chance. Près de la moitié d’entre eux ont ainsi disparu depuis les années 1970 en raison des modèles et des pratiques modernes agricoles, sylvicoles et piscicoles d’exploitation, de l’urbanisation galopante et du changement climatique. Ces diminutions importantes ont pour l’essentiel trait aux oiseaux de petite taille, à savoir les passereaux (33 espèces sur 45). Mais les échassiers (blongios nain), des anatidés (sarcelle d’hiver, eider à duvet), des limicoles (bécassine des marais) et des oiseaux marins (sterne de Dougall, macareux moine) figurent également dans cette catégorie.
La simplification des paysages, avec les remembrements, et l’urbanisation croissante ont fait disparaître les haies, boqueteaux boisés… dans la majeure partie du territoire, privant les oiseaux des espaces de nidification. Les pratiques d’intensification, avec l’usage des pesticides, ont conduit à la raréfaction des insectes, nourriture essentielle des oiseaux, pénalisant autant les granivores (linotte mélodieuse, bruant jaune, serin cini) que les insectivores (pie grièche). La baisse de la biomasse en insectes, sous l’effet combiné de la pollution et de l’emploi des phytosanitaires, impacte directement les populations de passereaux, quels que soient les milieux occupés, jusqu’en milieu urbain (moineau domestique, hirondelle de fenêtre). La situation se détériore surtout pour une majorité de passereaux (53%) dont la diminution des effectifs, concomitante à celle de leur aire de reproduction, se traduit par la perte de plusieurs dizaines de millions d’individus en 40 ans.

Actions valorisées
Le but du programme des «Terres et des Ailes» est de proposer à chaque agriculteur d’agir concrètement au niveau de son exploitation, à son échelle, à sa convenance, et dans un élan collectif pour offrir aux espèces qui ont déserté les campagnes la possibilité de revenir s’installer et à celles qui sont encore présentes de pouvoir y rester. Il propose un site (desterresetdesailes.fr) qui met en avant de nombreuses idées d’aménagement dans un esprit collaboratif, afin que chaque acteur qui souhaite faire un geste puisse trouver les idées, les astuces qui permettront de donner un coup de pouce au retour de la biodiversité. Chaque aménagement sera mis en avant et valorisé.

Pour ce faire, sur ce site, des fiches d’aménagements sont proposées afin de guider les agriculteurs ou simples citoyens souhaitant s’engager dans ce programme. De l’arbre isolé à la mare en passant par des bâtis agricoles ou des tas de bois, chaque fiche présente les intérêts du lieu d’accueil et ce que les espèces peuvent tirer comme avantage dans leurs activités. Des conseils et explications sur le rôle des différents éléments pour la biodiversité sont aussi à découvrir. Ainsi, si un agriculteur souhaite accueillir une ou plusieurs espèces en particulier, il peut choisir l’aménagement adéquat. Le site valorise toutes les actions qui peuvent ensuite servir de modèles. Pour participer au programme, chaque personne engagée doit s’inscrire sur le site afin de référencer les différents aménagements réalisés. «Depuis plusieurs années, je cherche à valoriser ce que m’offre la nature sur mon exploitation. Aujourd’hui, il me semble important d’intégrer la biodiversité et le territoire à mes pratiques agricoles. En arrêtant le travail profond du sol et en développant une agriculture de conservation, j’ai redynamisé la fertilité biologique de mon sol. Grâce au partenariat entre la CA41, la Fredon-Centre Val de Loire et la LPO41, j’ai pu installer des nichoirs à rapaces nocturnes sur mon exploitation. Des avis agronomiques, d’évolution des populations de campagnols et ornithologiques permettront de quantifier le service rendu par les rapaces sur mon exploitation» explique André Peschard, agriculteur grandes cultures à La Chapelle Vendômoise.

La LPO, une association d’utilité publique

Présidée par Allain Bougrain-Dubourg et dirigée par Yves Verilhac, la LPO a été créée en 1912 pour mettre un terme au massacre du macareux moine en Bretagne, devenu depuis son symbole et est, depuis 1986, reconnue d’utilité  publique. Elle est partenaire du réseau BirdLife International qui comprend 120 membres et près de trois millions d’adhérents à travers le monde. Aujourd’hui, plus de 400 salariés travaillent pour la LPO, soutenus par plus de 45  000 adhérents et 5  000 bénévoles. Les refuges LPO représentent le premier réseau de jardins écologiques avec 23  000 refuges répartis sur l’ensemble du territoire. Chaque année, l’association met en place des plans nationaux de protection des espèces d’oiseaux menacés, coordonne des programmes européens de réintroduction d’espèces. Elle recueille et soigne des milliers d’oiseaux blessés dans ses centres de sauvegarde.
Plus de 20  000 hectares d’espaces naturels, principalement en zones humides, sont gérés par la LPO sur tout le territoire français grâce à son réseau de délégation. Elle bénéficie aussi des agréments «Education nationale» et «Jeunesse et éducation populaire» grâce aux nombreux ateliers, visites guidées, expositions, conférences et expositions organisés tout au long de l’année. Elle développe aussi le tourisme de nature, accueillant le public au cœur des sites naturels. Enfin, elle propose différents magazines, «L’oiseau magazine», «L’oiseau mag junior», «Rapaces de France» et «Ornithos» afin de sensibiliser le plus large public possible. De 2005 à 2014, la LPO a mené le programme «Agriculture et biodiversité».