Cercler son avenir

Sous la houlette de la Fédération des tonneliers de France, les entreprises du secteur, réparties dans trois régions viticoles (Sud-Ouest, Charente et Bourgogne), étaient invitées à ouvrir leur porte pour faire découvrir leur savoir-faire à un public en recherche de formation. Ainsi, dans la Nièvre, outre la Tonnellerie Berthomieu Ermitage (La Charité-sur-Loire), la Manufacture tonnelière La Grange (Charlois) à Murlin participa à cette initiative baptisée « Toucher du bois, c'est la bonne voie », le 26 mars. 

« Les métiers de la tonnellerie, et du bois de manière générale, sont assez méconnus par le grand public et moyennement attractifs pour les jeunes, notamment à cause de la dureté physique du travail», précise Guillaume Tozer, ingénieur culturel au sein de Charlois. « Il est donc indispensable d'ouvrir nos portes régulièrement aux personnes de tous âges afin de mettre en lumière toutes les spécificités de nos métiers ». 

Parmi ces dernières, il détaille : « par exemple, il n'existe pas de lieu de formation pour la merranderie. En effet, ce savoir-faire se transmet entre les générations de professionnels, et pas autrement. C'est unique ! ». En plus de ce point, les portes ouvertes permettent de rappeler certains aspects. « La tonnellerie offre de belles satisfactions avec un travail manuel du bois de A à Z afin de réaliser les fûts qui permettront aux plus grands crus de libérer toutes leurs notes aromatiques. C'est également vrai pour les alcools forts élevés en fûts. En France, nous avons la chance d'avoir un patrimoine viticole et œnologique de haute qualité marqué par un certain attachement de la population. Mais l'importance du fût est parfois oubliée. Il est donc important de redonner à la tonnellerie et à la merranderie leurs lettres de noblesse dans ce paysage». D'ailleurs, en parlant de paysage, les portes ouvertes sont aussi un moment privilégié pour réaffirmer l'attachement des professionnels à la matière première et au territoire. « En effet, le premier atelier Charlois s'est installé à Murlin en 1928 car il y a une proximité avec les forêts de chênes de Bourgogne, comme celle des Bertranges. Une inclination que Charlois n'a jamais abandonnée depuis, tout en diversifiant ses activités ». 

Grande diversité 

Guillaume Tozer développe : « outre la Manufacture tonnelière La Grange, Murlin regroupe en un même lieu la merranderie ainsi qu'un laboratoire d'analyses sensorielles spécialisées dans l'agroalimentaire (Laboratoire Exact) qui développe également nos cosmétiques (La Chênaie) issus des diverses parties du chêne ». Il poursuit : « le chêne pour la tonnellerie, même s'il reste donc un univers confidentiel, regroupe un écosystème de métiers plus variés les uns que les autres, mais toujours lié à l'exception. Malgré une méconnaissance indéniable de nos professions, engendrant une problématique de main-d'œuvre, nous avons encore quelques personnes curieuses et passionnées qui s'engagent dans ces voies. Pour l'exemple, nous accueillons actuellement un jeune de 20 ans diplômé en menuiserie et en reconversion professionnelle. Il suit les cours au CFA de Beaune et réalise son immersion ici à Murlin. La passion pour les métiers du bois n'est donc pas éteinte, mais il est vrai que son feu peine à se propager plus largement. D'où l'importance des portes ouvertes ». Pour l'avenir, Guillaume Tozer n'espère qu'une seule chose : « la prospérité, que ce soit pour le groupe Charlois mais également pour les métiers de la tonnellerie et du bois ».