Économie
Des pistes à creuser, des performances à aller chercher
L’année 2016 restera dans les annales de l’agriculture. Des rendements historiquement bas et des marchés très compliqués ont sévèrement impacté les trésoreries. En Côte d’Or, les prévisions de la fin d’année annoncent des résultats courants la plupart du temps négatifs. Les grandes cultures plongent à -265€/ha en zone plaine et -190€/ha sur le plateau. Les systèmes bovins lait ne sont guère mieux lotis avec -111€/ha. Les bovins viande spécialisés, eux, plafonnent à 40€/ha. L’heure est plus que jamais à la recherche de leviers, face à ce constat récurent depuis plusieurs années.

L’aménagement foncier
Revoir la taille et la morphologie de ses parcelles peut rapporter gros. La Chambre d’agriculture de Côte d’Or s’est intéressée à la baisse de consommation des produits phytosanitaires, d’engrais, de semences et de fuel générées par l’aménagement foncier. Le résultat d’une étude mobilisant vingt exploitations est sans équivoque : plusieurs dizaines d’euros à l’hectare peuvent être économisées en diminuant les recoupements. Un cas extrême montre un surcoût de 101,86€/ha entre un îlot de moins d’un hectare mal conformé et une parcelle de douze hectares très bien dessinée. Les économies de l’aménagement foncier engendrent également des gains de temps pour l’exploitant, un moindre tassement du sol et des bienfaits pour l’environnement.
L’assurance
Gel, grêle, sécheresse, échaudage, germination, fortes précipitations : les aléas climatiques se multiplient en Côte d’Or depuis des années. Ces évènements soulèvent plus que jamais l’utilité des systèmes assurantiels, quand moins de 30% des agriculteurs de Côte d’Or assurent aujourd’hui leurs grandes cultures. De nombreux contrats existent et permettent d’assurer l’intégralité des productions. Le surcoût de l’assurance, net de subvention, reste inférieur à 10€/ha pour une traditionnelle rotation colza/blé/orge. Bien que perfectibles et accompagnés d’une franchise de 25%, les contrats actuellement disponibles sur le marché ont démontré leur utilité ces dernières campagnes.
L’agronomie
Remettre l’agronomie au cœur des systèmes agricoles est plus que jamais d’actualité, à l’heure où la chimie montre ses limites en termes d’efficacité et d’innovation. Plusieurs modèles se développent comme l’agriculture raisonnée, l’agriculture biologique ou encore l’agriculture de conservation. Un nombre grandissant d’exploitations en Côte d’Or opte pour cette dernière formule avec le semis direct sous couvert, qui améliore le potentiel agronomique des sols et diminue la charge de travail de 30%. D’autres techniques cumulent efficacité des traitements et gains de temps, à l’image de la pulvérisation à bas volume caractérisée par des volumes de bouillie deux fois moins importants et des débits de chantier de 30 à 50% plus élevés.
L’assolement en commun
Certains agriculteurs font le choix d’aller au-delà du simple achat collectif de matériel et travaillent ensemble sur l’intégralité de leurs parcelles. L’assolement en commun apporte de nombreux avantages économiques et pratiques : une bonne organisation de chantier réduit les temps «morts» de l’attelage et du dételage des outils. Une gestion pertinente des déplacements permet de mieux rentabiliser le matériel et réduire les heures de traction. Une récente étude de la fédération Cuma Bourgogne s’est portée sur les semis d’automne : l’utilisation de matériels performants et la mise en place d’une organisation rigoureuse permet de diminuer de moitié les coûts d’implantation (27 à 32€/ha contre 50 à 69€/ha en individuel). L’efficacité des chantiers engendre du temps à valoriser sur l’exploitation.
L’autonomie alimentaire
Baisser les factures fourragères, protéiques et énergétiques est possible en visant l’autonomie alimentaire des exploitations. De nombreuses possibilités sont offertes aux éleveurs avec un large choix d’espèces prairiales, l’introduction de légumineuses et de protéagineux, ou encore la valorisation des dérobées, des sursemis et des Cipan. Toutes les idées sont bonnes pour améliorer les rations et faire la chasse aux concentrés. L’utilisation d’un mélange fermier, préféré à un aliment complet acheté en commerce, permet d’économiser 10€ par agneau fini. La luzerne, souvent introduite dans les rotations, permet d’utiliser moins d’engrais. Dans la même démarche d’économie, la Chambre d’agriculture propose un nouveau service d’analyse de fourrages très utile pour ajuster au mieux la complémentation. L’organisme consulaire s’intéresse aussi à la gestion de l’herbe : le pâturage tournant n’est qu’un exemple et permet d’augmenter la récolte, le GMQ des veaux et de ne plus déparasiter.
Les circuits courts
Les difficultés de l’année ne devraient pas freiner l’essor des circuits courts et de la vente directe. De meilleures plus-values sont obtenues en réduisant le nombre d’intermédiaires entre la production et la commercialisation. Les exemples ne manquent pas en Côte d’Or : un groupement d’éleveurs enregistre des gains de 25% sur chaque carcasse de bovins vendue sur leur territoire. D’autres agriculteurs fournissent un établissement public en pommes de terre à des tarifs deux fois plus élevés. Un drive fermier réunit une trentaine d’exploitants depuis cet été à Dijon et permet d’accéder à une nouvelle clientèle sans le moindre intermédiaire. Vendre dans sa cour de ferme ou sur les marchés est aussi le quotidien des 85 producteurs du réseau Bienvenue à la Ferme.
La diversification
Créer un nouvel atelier sur son exploitation ouvre de nouveaux horizons. L’exemple des poulaillers est souvent cité devant la bonne santé de la viande blanche et la régularité des revenus. Un salaire mensuel de 1200 euros est généralement dégagé pour quelques heures de travail par jour. La valorisation des effluents avicoles permet une optimisation des charges d’engrais : l’évènement Innov’action récemment organisé par la Chambre d’agriculture et ses partenaires l’a illustré par une économie de 80€/ha. Les réussites de diversification ne manquent pas sur le département : plusieurs agriculteurs se lancent dans le maraîchage, dans la transformation ou encore dans le tourisme rural.
L’énergie
Un nombre grandissant d’agriculteurs s’intéresse à la production d’énergie. La méthanisation offre actuellement la plus belle opportunité de diversification mais demande une très solide assise financière. Une des quatre installations de Côte d’Or dégage un produit annuel de 410 000€ mais nécessite un coût de fonctionnement de 220 000€ pour un investissement initial de 2,75 millions d’euros. Le photovoltaïque, attractif il y a encore cinq ans, est aujourd’hui en pleine mutation. Les nouveaux systèmes sont davantage réservés aux exploitations consommatrices d’électricité, la Chambre d’agriculture de Côte d’Or prévient qu’il n’est plus possible d’envisager un complément de revenu. Le bois-énergie valorise les ressources locales avec de moindres investissements, mais l’actuel prix du pétrole limite quelque peu leur rentabilité.
La formation
Se former devient une obligation dans un monde en pleine évolution. La Chambre d’agriculture de Côte d’Or répond à ce besoin en organisant plus de 200 sessions techniques tout au long de l’année. La maîtrise des charges et des coûts de production figure notamment au programme : les agriculteurs prennent connaissance de moyennes de groupes, se comparent puis travaillent leurs domaines perfectibles. Les économies à réaliser sont considérables : le coût de revient moyen du lait se situe à 480€/1000l alors qu’un tiers des élevages se positionne à 560€. La viande grasse est produite aux environs de 4€/kg quand 70% des exploitations dépasse cette moyenne déjà supérieure à la plupart des prix de vente. Le constat est similaire chez les producteurs céréaliers avec des charges dépassant 160€/t la plupart du temps.
La génétique
Investir dans des reproducteurs inscrits permet d’améliorer ses revenus dès les premières naissances. D’après une étude du Herd Book Charolais, les broutards nés de taureaux inscrits dégagent un produit brut supplémentaire de 86€ par rapport à un animal sans père connu. De nombreux éleveurs ont également réduit les interventions vétérinaires en se procurant des taureaux «vêlage facile» : ces investissements permettent des économies d’environ 200€ à chaque césarienne évitée. Dans les systèmes ovins, le choix de la génétique amène une plus-value de 10 à 15€ pour chaque agneau vendu. Une meilleure précocité, une réduction du temps d’élevage et des carcasses plus importantes expliquent ce gain estimé par l’Institut de l’Élevage et relayé sur le terrain par le syndicat d’élevage ovin.
La Lune
Concilier travaux agricoles et calendrier lunaire serait source de performances. L’attraction de la Lune, qui influence les éléments constitués d’eau à l’image des marées, a toute sa place en agriculture d’après certains initiés. Une lune croissante serait notamment conseillée pour semer les céréales et les récolter. Les foins fauchés en lune croissante seraient aussi de meilleure qualité, le compost chaufferait davantage et serait mieux assimilé. La lune décroissante a également ses propres préconisations et l’une d’elles concerne la conservation du bois : les piquets de clôture résisteraient plus longtemps avec une moindre présence de sève lors de la coupe. Le coût d’un calendrier lunaire est généralement inférieur à 10€ en magasin.
La mécanisation
Le matériel agricole coûte cher et sa rentabilité ne tolère aucun écart. Toute puissance inutile induit une sur-mécanisation et une consommation superflue de carburant pouvant se chiffrer à plusieurs milliers d’euros. La Chambre d’agriculture de Côte d’Or préconise une bonne adéquation du rapport tracteur/outil. Les volumes de travail sont à amplifier par la copropriété, l’entraide ou l’adhésion à une Cuma, car le recours à un entrepreneur est souvent moins onéreux qu’une acquisition. L’utilisation d’un tracteur peut être optimisée par le passage au banc moteur : des économies de deux litres de carburant/heure sont généralement observées pour une puissance de 150 cv. Sur un tracteur effectuant 400 à 500 heures par an, l’économie à la pompe s’élève ainsi à 600€.
Témoignages
Que vous inspire ces douze pistes ?
Vincent Lavier (Saulx-le-Duc, président de la Chambre d’agriculture):
«Nous n’avons pas beaucoup de pouvoir sur les prix de vente de nos produits et encore moins sur les aléas climatiques, il est donc très important d’explorer tout ou partie de ces leviers pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait. Il faut travailler pour redonner de la résilience à nos systèmes d’exploitation en privilégiant deux ou trois de ces actions. Ceux qui l’ont déjà fait connaissent globalement moins de difficultés aujourd’hui».
Quelle est l’option la plus importante selon vous ?
François-Xavier Lévêque (Magny-sur-Tille, président des Jeunes agriculteurs).
«Tous les points abordés sont importants, certains le sont plus que d’autres selon le type et la localisation de l’exploitation. Néanmoins, l’aménagement foncier me paraît extrêmement important pour viser le perfectionnement de nos fermes. Il se retrouve étroitement lié à la mécanisation et peut emmener à la réflexion de l’assolement en commun. Pour les jeunes, un axe tout aussi capital est aussi celui de la formation».
Quelle attitude doit adopter un jeune installé ?
Aurélien Viellard (Labergement-lès-Seurre, responsable professionnel à la Chambre d’agriculture).
«Toutes les options citées sont à considérer à différents échelons. Se former me paraît primordial dans un premier temps. Pour la mécanisation, il faut vite assimiler la non-nécessité d’investir à outrance lors d’une bonne année. Viennent ensuite tous les éléments qui s’intéressent de près à la production, rien ne doit être négligé dans cette liste. Même la Lune a son importance: personnellement, je la considère beaucoup en période de vêlages».
Quelle option ajouteriez-vous à la liste ?
Vincent Lecuret (Lux):
«Je citerais celle du stockage, en pensant à la récolte mais aussi aux approvisionnements comme l’engrais ou les aliments. L’investissement dans le stockage est souvent plus rentable que l’investissement dans un renouvellement de matériel. De ce fait, le prix des approvisionnements est minoré des coûts de magasinage et de stockage des fournisseurs, avec l’avantage d’en disposer à tout moment sur l’exploitation. Pour les engrais, le gain engendré est estimé entre 15 et 25€/t».
Sondage
Quarante exploitants ont accepté de livrer les trois pistes les plus importantes à leurs yeux.
Trois points étaient attribués à la première réponse donnée, deux points à la seconde et un point à la troisième.
Chacune des douze pistes ont été citées au moins une fois par ces exploitants de tout âge, représentant toutes les productions du département.
L’aménagement foncier arrive largement en tête avec 55 points, suivi de l’autonomie alimentaire (29) et l’assurance (24).
Avec 19 et 17 points, la diversification et la formation obtiennent eux-aussi de très bons résultats.
Revoir la taille et la morphologie de ses parcelles peut rapporter gros. La Chambre d’agriculture de Côte d’Or s’est intéressée à la baisse de consommation des produits phytosanitaires, d’engrais, de semences et de fuel générées par l’aménagement foncier. Le résultat d’une étude mobilisant vingt exploitations est sans équivoque : plusieurs dizaines d’euros à l’hectare peuvent être économisées en diminuant les recoupements. Un cas extrême montre un surcoût de 101,86€/ha entre un îlot de moins d’un hectare mal conformé et une parcelle de douze hectares très bien dessinée. Les économies de l’aménagement foncier engendrent également des gains de temps pour l’exploitant, un moindre tassement du sol et des bienfaits pour l’environnement.
L’assurance
Gel, grêle, sécheresse, échaudage, germination, fortes précipitations : les aléas climatiques se multiplient en Côte d’Or depuis des années. Ces évènements soulèvent plus que jamais l’utilité des systèmes assurantiels, quand moins de 30% des agriculteurs de Côte d’Or assurent aujourd’hui leurs grandes cultures. De nombreux contrats existent et permettent d’assurer l’intégralité des productions. Le surcoût de l’assurance, net de subvention, reste inférieur à 10€/ha pour une traditionnelle rotation colza/blé/orge. Bien que perfectibles et accompagnés d’une franchise de 25%, les contrats actuellement disponibles sur le marché ont démontré leur utilité ces dernières campagnes.
L’agronomie
Remettre l’agronomie au cœur des systèmes agricoles est plus que jamais d’actualité, à l’heure où la chimie montre ses limites en termes d’efficacité et d’innovation. Plusieurs modèles se développent comme l’agriculture raisonnée, l’agriculture biologique ou encore l’agriculture de conservation. Un nombre grandissant d’exploitations en Côte d’Or opte pour cette dernière formule avec le semis direct sous couvert, qui améliore le potentiel agronomique des sols et diminue la charge de travail de 30%. D’autres techniques cumulent efficacité des traitements et gains de temps, à l’image de la pulvérisation à bas volume caractérisée par des volumes de bouillie deux fois moins importants et des débits de chantier de 30 à 50% plus élevés.
L’assolement en commun
Certains agriculteurs font le choix d’aller au-delà du simple achat collectif de matériel et travaillent ensemble sur l’intégralité de leurs parcelles. L’assolement en commun apporte de nombreux avantages économiques et pratiques : une bonne organisation de chantier réduit les temps «morts» de l’attelage et du dételage des outils. Une gestion pertinente des déplacements permet de mieux rentabiliser le matériel et réduire les heures de traction. Une récente étude de la fédération Cuma Bourgogne s’est portée sur les semis d’automne : l’utilisation de matériels performants et la mise en place d’une organisation rigoureuse permet de diminuer de moitié les coûts d’implantation (27 à 32€/ha contre 50 à 69€/ha en individuel). L’efficacité des chantiers engendre du temps à valoriser sur l’exploitation.
L’autonomie alimentaire
Baisser les factures fourragères, protéiques et énergétiques est possible en visant l’autonomie alimentaire des exploitations. De nombreuses possibilités sont offertes aux éleveurs avec un large choix d’espèces prairiales, l’introduction de légumineuses et de protéagineux, ou encore la valorisation des dérobées, des sursemis et des Cipan. Toutes les idées sont bonnes pour améliorer les rations et faire la chasse aux concentrés. L’utilisation d’un mélange fermier, préféré à un aliment complet acheté en commerce, permet d’économiser 10€ par agneau fini. La luzerne, souvent introduite dans les rotations, permet d’utiliser moins d’engrais. Dans la même démarche d’économie, la Chambre d’agriculture propose un nouveau service d’analyse de fourrages très utile pour ajuster au mieux la complémentation. L’organisme consulaire s’intéresse aussi à la gestion de l’herbe : le pâturage tournant n’est qu’un exemple et permet d’augmenter la récolte, le GMQ des veaux et de ne plus déparasiter.
Les circuits courts
Les difficultés de l’année ne devraient pas freiner l’essor des circuits courts et de la vente directe. De meilleures plus-values sont obtenues en réduisant le nombre d’intermédiaires entre la production et la commercialisation. Les exemples ne manquent pas en Côte d’Or : un groupement d’éleveurs enregistre des gains de 25% sur chaque carcasse de bovins vendue sur leur territoire. D’autres agriculteurs fournissent un établissement public en pommes de terre à des tarifs deux fois plus élevés. Un drive fermier réunit une trentaine d’exploitants depuis cet été à Dijon et permet d’accéder à une nouvelle clientèle sans le moindre intermédiaire. Vendre dans sa cour de ferme ou sur les marchés est aussi le quotidien des 85 producteurs du réseau Bienvenue à la Ferme.
La diversification
Créer un nouvel atelier sur son exploitation ouvre de nouveaux horizons. L’exemple des poulaillers est souvent cité devant la bonne santé de la viande blanche et la régularité des revenus. Un salaire mensuel de 1200 euros est généralement dégagé pour quelques heures de travail par jour. La valorisation des effluents avicoles permet une optimisation des charges d’engrais : l’évènement Innov’action récemment organisé par la Chambre d’agriculture et ses partenaires l’a illustré par une économie de 80€/ha. Les réussites de diversification ne manquent pas sur le département : plusieurs agriculteurs se lancent dans le maraîchage, dans la transformation ou encore dans le tourisme rural.
L’énergie
Un nombre grandissant d’agriculteurs s’intéresse à la production d’énergie. La méthanisation offre actuellement la plus belle opportunité de diversification mais demande une très solide assise financière. Une des quatre installations de Côte d’Or dégage un produit annuel de 410 000€ mais nécessite un coût de fonctionnement de 220 000€ pour un investissement initial de 2,75 millions d’euros. Le photovoltaïque, attractif il y a encore cinq ans, est aujourd’hui en pleine mutation. Les nouveaux systèmes sont davantage réservés aux exploitations consommatrices d’électricité, la Chambre d’agriculture de Côte d’Or prévient qu’il n’est plus possible d’envisager un complément de revenu. Le bois-énergie valorise les ressources locales avec de moindres investissements, mais l’actuel prix du pétrole limite quelque peu leur rentabilité.
La formation
Se former devient une obligation dans un monde en pleine évolution. La Chambre d’agriculture de Côte d’Or répond à ce besoin en organisant plus de 200 sessions techniques tout au long de l’année. La maîtrise des charges et des coûts de production figure notamment au programme : les agriculteurs prennent connaissance de moyennes de groupes, se comparent puis travaillent leurs domaines perfectibles. Les économies à réaliser sont considérables : le coût de revient moyen du lait se situe à 480€/1000l alors qu’un tiers des élevages se positionne à 560€. La viande grasse est produite aux environs de 4€/kg quand 70% des exploitations dépasse cette moyenne déjà supérieure à la plupart des prix de vente. Le constat est similaire chez les producteurs céréaliers avec des charges dépassant 160€/t la plupart du temps.
La génétique
Investir dans des reproducteurs inscrits permet d’améliorer ses revenus dès les premières naissances. D’après une étude du Herd Book Charolais, les broutards nés de taureaux inscrits dégagent un produit brut supplémentaire de 86€ par rapport à un animal sans père connu. De nombreux éleveurs ont également réduit les interventions vétérinaires en se procurant des taureaux «vêlage facile» : ces investissements permettent des économies d’environ 200€ à chaque césarienne évitée. Dans les systèmes ovins, le choix de la génétique amène une plus-value de 10 à 15€ pour chaque agneau vendu. Une meilleure précocité, une réduction du temps d’élevage et des carcasses plus importantes expliquent ce gain estimé par l’Institut de l’Élevage et relayé sur le terrain par le syndicat d’élevage ovin.
La Lune
Concilier travaux agricoles et calendrier lunaire serait source de performances. L’attraction de la Lune, qui influence les éléments constitués d’eau à l’image des marées, a toute sa place en agriculture d’après certains initiés. Une lune croissante serait notamment conseillée pour semer les céréales et les récolter. Les foins fauchés en lune croissante seraient aussi de meilleure qualité, le compost chaufferait davantage et serait mieux assimilé. La lune décroissante a également ses propres préconisations et l’une d’elles concerne la conservation du bois : les piquets de clôture résisteraient plus longtemps avec une moindre présence de sève lors de la coupe. Le coût d’un calendrier lunaire est généralement inférieur à 10€ en magasin.
La mécanisation
Le matériel agricole coûte cher et sa rentabilité ne tolère aucun écart. Toute puissance inutile induit une sur-mécanisation et une consommation superflue de carburant pouvant se chiffrer à plusieurs milliers d’euros. La Chambre d’agriculture de Côte d’Or préconise une bonne adéquation du rapport tracteur/outil. Les volumes de travail sont à amplifier par la copropriété, l’entraide ou l’adhésion à une Cuma, car le recours à un entrepreneur est souvent moins onéreux qu’une acquisition. L’utilisation d’un tracteur peut être optimisée par le passage au banc moteur : des économies de deux litres de carburant/heure sont généralement observées pour une puissance de 150 cv. Sur un tracteur effectuant 400 à 500 heures par an, l’économie à la pompe s’élève ainsi à 600€.
Témoignages
Que vous inspire ces douze pistes ?
Vincent Lavier (Saulx-le-Duc, président de la Chambre d’agriculture):
«Nous n’avons pas beaucoup de pouvoir sur les prix de vente de nos produits et encore moins sur les aléas climatiques, il est donc très important d’explorer tout ou partie de ces leviers pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait. Il faut travailler pour redonner de la résilience à nos systèmes d’exploitation en privilégiant deux ou trois de ces actions. Ceux qui l’ont déjà fait connaissent globalement moins de difficultés aujourd’hui».
Quelle est l’option la plus importante selon vous ?
François-Xavier Lévêque (Magny-sur-Tille, président des Jeunes agriculteurs).
«Tous les points abordés sont importants, certains le sont plus que d’autres selon le type et la localisation de l’exploitation. Néanmoins, l’aménagement foncier me paraît extrêmement important pour viser le perfectionnement de nos fermes. Il se retrouve étroitement lié à la mécanisation et peut emmener à la réflexion de l’assolement en commun. Pour les jeunes, un axe tout aussi capital est aussi celui de la formation».
Quelle attitude doit adopter un jeune installé ?
Aurélien Viellard (Labergement-lès-Seurre, responsable professionnel à la Chambre d’agriculture).
«Toutes les options citées sont à considérer à différents échelons. Se former me paraît primordial dans un premier temps. Pour la mécanisation, il faut vite assimiler la non-nécessité d’investir à outrance lors d’une bonne année. Viennent ensuite tous les éléments qui s’intéressent de près à la production, rien ne doit être négligé dans cette liste. Même la Lune a son importance: personnellement, je la considère beaucoup en période de vêlages».
Quelle option ajouteriez-vous à la liste ?
Vincent Lecuret (Lux):
«Je citerais celle du stockage, en pensant à la récolte mais aussi aux approvisionnements comme l’engrais ou les aliments. L’investissement dans le stockage est souvent plus rentable que l’investissement dans un renouvellement de matériel. De ce fait, le prix des approvisionnements est minoré des coûts de magasinage et de stockage des fournisseurs, avec l’avantage d’en disposer à tout moment sur l’exploitation. Pour les engrais, le gain engendré est estimé entre 15 et 25€/t».
Sondage
Quarante exploitants ont accepté de livrer les trois pistes les plus importantes à leurs yeux.
Trois points étaient attribués à la première réponse donnée, deux points à la seconde et un point à la troisième.
Chacune des douze pistes ont été citées au moins une fois par ces exploitants de tout âge, représentant toutes les productions du département.
L’aménagement foncier arrive largement en tête avec 55 points, suivi de l’autonomie alimentaire (29) et l’assurance (24).
Avec 19 et 17 points, la diversification et la formation obtiennent eux-aussi de très bons résultats.
L’aménagement foncier : une valeur sûre
Plébiscité dans le sondage, l’aménagement foncier est source de nombreuses satisfactions sur le terrain, aussi bien en zone élevage qu’en grandes cultures. Meilly-sur-Rouvres et Rouvres-sous-Meilly, deux communes à proximité de Pouilly-en-Auxois, avaient franchi le cap il y a près d’une trentaine d’années. L’opération avait concerné 1 300 hectares : la surface moyenne des îlots était passée de 90 ares à 5 hectares et le nombre de parcelles avait été divisé par 5. La Chambre d’agriculture communiquait à l’époque sur des gains de productivité pouvant atteindre 30% et une baisse de 50% du temps de travail sur certains postes comme la surveillance des animaux et l’entretien des clôtures. L’éleveur Dominique Guyon confirme ces tendances : «Les conditions de travail se sont nettement améliorées avec des surfaces plus grandes et de nouvelles voiries. Les problèmes de points d’eau ont quasiment disparu, l’assainissement est bien meilleur et la manipulation des animaux est beaucoup plus facile. Nous avons une meilleure rentabilité, le tout en respectant l’environnement avec notamment le maintien des haies. Mon seul regret aujourd’hui est de ne pas avoir vu encore plus grand ! Cinq hectares en moyenne, c’est beaucoup mieux qu’avant mais pas encore assez. L’aménagement foncier apporte de nombreux bénéfices dans tous les domaines». Plus récemment, un aménagement foncier de près de 300 hectares a été réalisé sur la commune d’Aubigny-en-Plaine. Quinze agriculteurs étaient concernés dont Vivien Lévêque : «Dans mon cas, le nombre d’îlots a été divisé par deux, le principal avantage est le gain de temps. Les contraintes de travail sont beaucoup moins importantes et cela est fort appréciable. Si je prends l’exemple de la moutarde, j’avais 15 hectares de cultures sur un total de huit parcelles. Un traitement me demandait 1h30. Cette année, j’ai cultivé de la moutarde sur une seule et même parcelle de 22 hectares et 45 minutes me suffisaient pour une intervention. L’utilisation d’intrants a diminué d’environ 10%».