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Adaptation des exploitations laitières

De nombreux investissements pour développer la production

L’arrêt des quotas laitiers dans quelques mois oblige les éleveurs
à réfléchir sur les changements à effectuer pour s’adapter.
Par Cyrielle Delisle
De nombreux investissements  pour développer la production
Aujourd’hui, le logement des veaux et le stockage ne permettent pas de dépasser les 90 laitières et d’atteindre les 120 vaches autorisées par le robot.
Dans quelques mois, les quotas laitiers, sous leur forme actuelle, auront disparu. Un nouveau contexte de production se dessine. Afin d’éclairer les producteurs laitiers sur ce sujet, la Chambre d’agriculture de la Mayenne, en partenariat avec Clasel, a organisé une journée laitière départementale. Au cours de cette journée d’informations et d’échanges, un éleveur, Ludovic Goisbault en Gaec avec son frère Nicolas, et sa femme, Sylvia, a témoigné de sa stratégie depuis son installation. Une analyse des impacts techniques, économiques et sur le travail de la ferme a ensuite été présentée.

Des évolutions liées aux objectifs
«Notre trajectoire d’évolution est directement liée à nos objectifs majeurs, en l’occurrence le revenu et la famille. Je me suis installé avec mes parents en 2001 avec 125 hectares et
600 000 litres de lait pour 3 UTH. En 2003, on a construit un nouveau bâtiment avec un robot, une stalle, la structure initiale étant saturée. L’arrivée de mon frère sur la ferme a coïncidé avec le départ en retraite de mes parents. Nous avons donc intensifié la production laitière, pour répondre à la perte d’une UTH, d’où une augmentation du coût alimentaire. Sachant que mon frère allait me rejoindre, j’avais au préalable, réalisé des investissements importants en 2003, pour préparer le passage à 2 UTH. Puis ma femme a souhaité s’installer. Nous avons alors décidé de créer un atelier volailles de chair en vente directe et d’augmenter la production laitière de 100 000 litres en 2013. Un second robot a également été mis en place», se souvient Ludovic Goisbault.
L’exploitation compte ainsi 3 UTH, 125 hectares, 750 000 litres avec 93 vaches laitières Holstein, 5 000 volailles. Le Gaec doit aujourd’hui rembourser de nombreuses annuités (100 euros/1 000 litres). L’objectif est à l’avenir de les réduire car elles fragilisent le disponible, si le contexte devient défavorable. Le travail et l’alimentation ont été totalement réorganisés. Les éleveurs souhaitent aujourd’hui maintenir la production par vache (8 700 l/VL/an) et diminuer le coût alimentaire
(150 euros/1 000 l).

Capacité de production
Une analyse des différents éléments structurels, de leur niveau de saturation et de leurs possibilités d’évolution a été ensuite réalisée. L’équipement de traite permet une augmentation à 120 vaches. Le logement des laitières dispose de 117 places de couchage. Celui des veaux est aujourd’hui saturé tout comme le stockage permis par les silos. «Tous les facteurs de production ne sont pas équitables. Il faut regarder l’ensemble des facteurs pour identifier les plus limitants. Ainsi, le seuil du robot fixé à 120 vaches demande des investissements conséquents. Se limiter à une limite de 100 vaches laitières est envisageable en apportant de légers aménagements sur le logement des veaux et sur les silos» explique Didier Désarménien, conseiller élevages laitiers à la Chambre d’agriculture de la Mayenne.
Ainsi, plusieurs évolutions peuvent être envisagées à moyen terme. La première est de sécuriser l’existant sans ré-investir et d’augmenter l’autonomie fourragère. La seconde est d’améliorer le logement des veaux et de refaire un silo pour monter à 850 000 litres. Et la dernière est de désaturer les principaux facteurs limitants (silo, nurserie, bâtiment génisses, salarié à mi-temps) pour se caler sur le facteur traite. Pour prendre une décision, ces trois projets doivent être étudiés économiquement et en corrélation avec les objectifs fondamentaux des éleveurs.