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Controverses sur l’élevage

Comprendre pour mieux réagir

Lors de l’assemblée générale d’Alysé, Alyzée Chouteau, de l’institut de l’élevage, est intervenue pour parler des controverses sur l’élevage.
Par Orianne Mouton
Comprendre pour mieux réagir
«Mieux comprendre la perception des citoyens pour mieux communiquer sur le métier d’éleveur». Alyzée Chouteau est chargée de projet à l’institut de l’élevage. Elle a présenté le projet ACCEPT lors de l’AG d’Alysé.
Alyzée Chouteau, chargée de projet à l’institut de l’élevage, est intervenue lors de l’assemblée générale de la coopérative Alysé sur le thème brûlant de l’agribashing, très prégnant dans le monde de l’élevage : «Le projet ACCEPT vise à mieux comprendre la perception des citoyens pour mieux communiquer sur le métier d’éleveur». Elle a présenté ces travaux décortiquant les controverses sur l’élevage depuis 2014 : «ses acteurs, son audience et les mécanismes en œuvre». L’objectif est de recenser, analyser ces controverses pour mieux comprendre et agir de la meilleure manière possible face au climat ambiant.

Une controverse : quèsaco ?
Une controverse est un conflit entre deux parties qui cherchent à rallier une troisième partie, le public, à sa cause. Aujourd’hui, le monde de l’élevage se retrouve donc opposé aux associations. Chacun essaie de rallier les consommateurs et politiques à sa cause aux travers d’arguments tirés du monde scientifique et relayés par les médias. Les thèmes de contestations envers l’élevage sont nombreux : pollution, bien-être animal, élevage intensif, OGM, impact de la consommation de viande… Les revendications des associations diffèrent, tout comme leurs modes d’action, de financement, ou leurs stratégies.
Réagir de la bonne façon
Du côté de l’élevage, il s’agit de se poser les bonnes questions face à ces remises en cause : communiquer lorsque les critiques sont infondées, et penser à des évolutions, lorsqu’elles sont légitimes. C’est ce que le monde agricole tente de faire en s’engageant pour progresser face aux reproches qui lui sont faits ou en communiquant largement. Il s’investit par exemple dans des programmes collectifs, dans des démarches de progrès comme la charte des bonnes pratiques d’élevage ou la création du Label Viande françaises. Il essaie de rétablir la confiance au travers d’actions comme les journées «made in viande», le réseau Bienvenue à la ferme ou encore la communication active de certains éleveurs sur les réseaux sociaux.
Mais la fédération face à ces controverses entre les filières peut s’avérer compliquée étant donné les différences de mode de production : «l’élevage de ruminants et de volailles peut facilement avancer l’argument «plein air» face aux questions de bien-être animal… et les éleveurs porcins se sentent mis sur la touche».

L’élevage gagne à être connu
Un sondage réalisé en 2016 dans le cadre de ce projet montre que la majorité des citoyens connaissent mal l’élevage, mais aimeraient en savoir plus. Pourtant, malgré leur ignorance sur le sujet, beaucoup ont des avis bien tranchés et plutôt négatifs sur des thématiques comme le respect de l’environnement par les éleveurs, les conditions de vie des animaux d’élevage, l’entretien des paysages…
Une autre action du projet a consisté au dialogue entre un groupe de citoyens et des éleveurs, avec différents débats sur des thématiques faisant souvent controverse. Le bilan de ces échanges montre que les citoyens ont confiance en la parole des éleveurs, contrairement à celle d’autres acteurs du monde agricole qui sont souvent assimilés à des lobbies. En revanche, les éleveurs doivent veiller à dialoguer, c’est-à-dire faire attention à écouter ce que son interlocuteur a à dire, et que l’écoute soit mutuelle. Cela peut s’avérer compliqué, d’autant plus que les professionnels ne sont pas préparés à prendre la parole et à vulgariser leur activité dans des termes compréhensibles pour un non-initié… Sans basculer dans l’anthropomorphisme qui peut véhiculer une image néfaste. La communication n’est pas toujours aisée, et il ne faut pas hésiter à se former pour pouvoir véhiculer ses idées intelligemment.
Les citoyens ont leur image de l’élevage «idéal», à base de plein air, sans trop de mécanisation, etc. Mais ces mêmes citoyens, ou du moins la majorité, sont aussi désireux de mieux connaître ce qu’il se passe dans les fermes. C’est en priorité aux éleveurs de communiquer sur leurs pratiques pour qu’elles soient mieux comprises… et acceptées !