Cette année, prenez un sapin… en sapin !

Pour Damien Boucheron, Noël commence en juillet. C'est en effet en plein été qu'il démarre les productions qu'il va vendre pour les fêtes, afin, d'une part, de répondre aux commandes dans les temps, et de l'autre, de constituer une offre suffisante qu'il proposera sur les marchés de Noël. C'est aussi parce que notre homme travaille le bois et que cela ne se fait pas en un claquement de doigts. S'il présente une palette assez large de réalisations, sur laquelle nous allons revenir, c'est avant tout pour ses sapins que nous sommes allés le rencontrer dans l'atelier qu'il loue à Arc-sur-Tille, près de Dijon. Des sapins… en sapin. En planches de sapin local pour être précis. Et des sapins qui tournent : comprenez que leur design leur donne l'allure d'une grosse vrille. Ces arbres de Noël sont fabriqués en découpant des lattes qui sont ensuite disposées sur une tige filetée et que l'on peut décaler légèrement, ce qui donne, au final, cette allure tourbillonnante. Chacun de ses sapins réclame six heures de travail. Il faut découper chaque branche : la plus longue fait 90 cm puis pour les suivantes, Damien retire à chaque fois 1 cm. Les sapins font 1m70 de hauteur et sont vendus 180 euros pièce. 

Recyclage de caisses viticoles

Mais les sapins de Damien n'ont pas toujours été en sapin : Par le passé, il en a fait en chêne du Morvan après avoir récupéré tout un stock de ce bois… Recycler ainsi du bois était une idée qui lui plaisait et sur laquelle il a poussé plus loin sa logique. L'autre grande partie de ses productions en témoigne : Damien Boucheron est passé maître dans l'art de recycler des caisses de domaines viticoles, notamment pour fabriquer des plateaux à apéritif ou à fromages. Il se fournit auprès de particuliers, mais aussi de négociants. Ces caisses sont démontées et les panneaux qui les constituent, réassemblées. Les estampilles qui les ornent, au nom des domaines ou des grandes Maisons de vins, forment un univers esthétique décalé et plein de charme sur les produits finis. « Dans l'assemblage des panneaux issus des caisses de vin, précise Damien Boucheron, je prends soin de croiser les fibres du bois, ce qui rigidifie l'ensemble et évite que la matière ne « travaille ». Les plateaux sont vernis puis recouvert d'une couche d'huile de pépins de raisin. Cela assure un objet conforme aux exigences d'hygiène alimentaire. Les plateaux sont ornés de poignées en acier et la touche finale, c'est l'estampille en forme d'étoile, symbole choisi par Damien Boucheron pour ses productions. 

Ébéniste et technicien agricole

Voilà 4 ans que Damien a créé sa microentreprise d'ébénisterie, en parallèle de sa profession première, technicien agricole pour l'institut technique Arvalis, pour lequel il travaille depuis près de quinze ans en mettant en place des essais culturaux (variétés, produits phytosanitaires, engrais), en conventionnel comme en biologique, chez des agriculteurs entre la Côte-d'Or, l'Yonne et le Jura. « J'ai la chance, précise-t-il, d'exercer un métier qui correspond à ma vocation agricole de base, étant moi-même fils d'éleveur. J'ai toujours voulu travailler dans la recherche agricole. À ma vocation professionnelle, j'ai pu ajouter ma microentreprise qui traduit ma passion pour le travail du bois. J'aime mon métier, mais il me manquait une dimension manuelle et créative. » Le travail du bois l'intéresse depuis l'enfance. L'idée de recycler des objets et de les détourner de leur fonction première lui est venue lorsqu'il s'est fabriqué un salon de jardin en palettes. « Puis mon fils m'a réclamé un jeu de dames que je lui ai fabriqué. Petit à petit, j'ai multiplié les réalisations de ce genre. Je me suis dit qu'il était intéressant de travailler du bois qui avait déjà eu une vie. L'idée de ne pas trop jeter et de se demander à quoi ça pourrait servir me plaît ». C'est en se mettant en quête de bois de récupération qu'il a découvert le « gisement » des caisses de vin. Ses plateaux estampillés de noms de maisons de vin séduisent les acheteurs. Damien Boucheron recycle ainsi entre 300 et 400 caisses par an. Elles sont parfois achetées en ligne à des particuliers mais Damien se fournit aussi auprès de deux négociants en vin qui trouvent ainsi un débouché sur un « déchet » qui, sinon, représente un coût pour eux. On est donc sur une relation gagnant-gagnant. 

Sur les marchés et bientôt en ligne

Mais depuis deux ans, notre ébéniste a enrichi son catalogue avec des tableaux chantournés qui prennent pour base des dessins imprimés et qui, là encore, sont un moyen de trouver une utilisation à certaines parties des caisses qui n'ont pas d'estampille. Parmi les thèmes qu'il traite beaucoup sous cette forme figure l'univers des mangas : on peut d'ailleurs découvrir une trentaine de ses tableaux inspirés de cet univers de BD, exposés pendant tout le mois de décembre à la librairie Momie Manga, rue des Godrans à Dijon. Noël est aussi l'occasion, pour lui, de fabriquer des petits éléments de décoration (étoiles, bonhommes de neige, sapins, anges…) là aussi par la technique du chantournage. Pour progresser dans ses pratiques Damien Boucheron n'hésite pas à s'appuyer sur des personnes expérimentées. C'est le cas notamment, avec Alain Lemaire, ébéniste en retraite qui lui loue son atelier : « Au-delà de l'atout que représente déjà la location de cet atelier très bien équipé, je bénéficie des conseils d'un professionnel du bois à l'expérience solide. C'est un bonheur pour moi, j'apprends beaucoup auprès de lui ». Naturellement, quand on produit, il faut aussi vendre. Pour Damien Boucheron, le gros débouché du moment c'est bien évidemment les marchés de Noël. Vous pourrez le retrouver :

– Au château d'Arcelot, les 6 et 7 décembre

– À la Maison de l'agriculture de Bretenière, le 11 décembre

– Au fort d'Hauteville-les-Dijon, les 13 et 14 décembre.

De manière plus générale, il est présent tout au long de l'année sur une quarantaine de marchés artisanaux. Des rendez-vous qu'il apprécie, propices aux échanges sur sa passion du bois et ses méthodes de travail. Il aime satisfaire la curiosité des visiteurs à ce sujet. Mais d'ici la fin de cette année, son commerce devrait prendre une autre tournure avec la mise en place d'un site internet qui portera le nom suivant : « Ô étoiles de Pti Chon, l'ébéniste recycleur ». Pourquoi Pti Chon ? Parce que Chon est le surnom de son frère aîné et que lui, c'est donc, le P'tit Chon…