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Climat, revenu, projets, demande de soutien…

Ce qu’il faut retenir de l’assemblée générale de la FDSEA

L’assemblée générale de la FDSEA de l’Yonne s’est tenue le vendredi 18 septembre, à Ouanne. Les élus agricoles du département sont revenus sur les récoltes compliquées de cette année et les difficultés que connaissent les agriculteurs du département pour cultiver sereinement, avec un appel au soutien lancé aux parlementaires présents.
Par Christopher Levé
Ce qu’il faut retenir de l’assemblée générale de la FDSEA
Gilles Robillard, secrétaire général de la FDSEA de l’Yonne, a adressé un message fort aux parlementaires.
Le vendredi 18 septembre a eu lieu l’assemblée générale de la FDSEA de l’Yonne, à la salle des fêtes de Ouanne. À cette occasion, le bilan de l’année agricole de 2020 a été dressé. À commencer par les mauvaises récoltes. «Contrairement à 2016 (considéré jusqu’alors par beaucoup comme la pire année jamais enregistrée, ndlr), toutes les cultures sont concernées en 2020», lance Gilles Robillard, secrétaire général de la FDSEA de l’Yonne. «En vigne, le printemps annonçait une récolte prometteuse. On parlait d’une année similaire à 2018 (qui a été exceptionnelle). Mais la sécheresse est arrivée. On finit avec une récolte très moyenne».
Tout au long de l’assemblée générale, le climat était au centre des sujets. «Quand on accumule, trois, quatre, voire cinq ans sans revenu, cela devient très compliqué. Et les capacités à rebondir et investir sont très limitées», poursuit Damien Brayotel, président de la FDSEA de l’Yonne.
Des projets pour aborder sereinement l’avenir
Ce dernier a répété que l’objectif de la FDSEA de l’Yonne et de la FNSEA «est de maintenir des agriculteurs sur tout le territoire. La seule condition est de permettre à chacun de dégager un revenu satisfaisant. Cela passe d’abord par les prix. La valorisation de nos produits agricoles est essentielle».
Cependant, l’avenir de la profession agricole est en danger. «Nos deux filets de sécurité ne sont plus efficaces. En ce qui concerne la PAC, en zones intermédiaires, nous avons pris de plein fouet la baisse des aides directes. Aujourd’hui, ramenées à l’hectare, nos aides PAC sont parmi les plus basses de France. Un rééquilibrage est nécessaire et nous demandons en complément un soutien spécifique à la production de protéines, produites et consommées localement», continue-t-il. «Le second filet de sécurité est l’assurance récolte qu’il est indispensable de réformer. Nous travaillons pour la rendre attractive, la mutualiser plus largement. L’État doit aussi prendre sa part et participer à son financement, notamment par la réassurance».
Pour Gilles Robillard, «avoir des projets, c’est la seule solution pour aborder plus sereinement l’avenir». Et des projets, les agriculteurs en ont. «La FDSEA se mobilise pour les accompagner. Individuels, collectifs, nous devons tous les soutenir et accélérer leur mise en œuvre : stoker de l’eau ne doit plus être un gros mot. Notre pays accuse un énorme retard en la matière. Il y a aussi la volonté de produire des énergies renouvelables de toutes sortes, d’améliorer nos performances économiques en valorisant le carbone que stocke l’agriculture, et de diversifier nos activités à condition d’apporter un revenu supplémentaire», liste Damien Brayotel.

Un engouement pour le monde agricole qui s’est estompé
À l’occasion de l’assemblée générale, Damien Brayotel est aussi revenu sur la crise sanitaire et l’engouement pour le monde agricole. «Les premiers jours du confinement, nous avons vu nos concitoyens se ruer dans les magasins et faire des stocks de produits de première nécessité : œuf, lait, farine… Heureusement le système a tenu bon, notre pays est encore un grand producteur agricole. Nous, agriculteurs, nous avons fait le job et tout le monde a été nourri. C’est bien là le sens de notre métier : produire en quantité et en qualité pour nourrir les autres», indique-t-il. «Les consommateurs ont aussi découvert les circuits courts, les producteurs locaux. Nos gouvernants ont enfin pris conscience de l’importance de produire, de la nécessité de relocaliser : fabriquer des masques, des respirateurs, des médicaments et surtout relocaliser notre agriculture pour assurer notre souveraineté alimentaire».
Un engouement qui s’est cependant peu à peu estompé. «Nous avons eu l’espoir que le monde d’après soit organisé autour de cette souveraineté alimentaire, Mais nous avons vite déchanté et le monde d’avant est vite revenu. Fini les mercis. Des anti-tout qui n’y connaissent rien ont recommencé leur dénigrement», conclut Damien Brayotel.

Le message adressé aux parlementaires

Lors de la présentation du rapport d’activité, Gilles Robillard, secrétaire général de la FDSEA de l’Yonne, a adressé un message aux parlementaires présents. «Quel avenir souhaitez-vous donner à vos territoires ? Comment comptez-vous soutenir votre agriculture et vos agriculteurs ? Vous avez la responsabilité et la possibilité de soutenir vos territoires, vos agriculteurs. Que ce soit au niveau départemental, à Paris voire pour certains à Bruxelles. Je dirai même que c’est votre devoir. Avoir votre soutien moral fait plaisir, mais ce n’est pas ce qui rempli nos assiettes. Je vous parle ici de soutenir nos projets, de vous engager pour leur réussite. Et d’avoir le courage de dire stop à certains groupuscules extrémistes qui veulent mettre fin à notre agriculture et notre développement. Ici, je vous parle de soutien économique. On peut débloquer des milliards, on l’a vu récemment, pour une crise sanitaire. On peut soutenir une économie en souffrance. Aujourd’hui, on ne vous demande pas de soutenir notre économie en souffrance, mais de soutenir nos projets. Osons parler de certains sujets à enjeux majeurs : le stockage de l’eau, la diversification, la méthanisation, les énergies renouvelables, le stockage du carbone, les gaz à effet de serre… Comment envisager de tels projets quand ils sont tués dans l’œuf ? On nous a trop souvent reproché d’avoir un modèle unique. J’ai tendance à vous dire : ne répondez pas aux sirènes et ne nous emmenez pas vers un autre modèle unique qui pourrait nous être reproché dans dix ans».