Patrimoine
S'initier à un savoir-faire ancestral

Chloé Monget
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Du 3 au 8 juillet, le CAUE de la Nièvre a proposé deux sessions de stage sur la reconstruction d’un mur en pierres sèches, à Marzy.

S'initier à un savoir-faire ancestral
Pour rappel, le CAUE 58 propose du conseil gratuit pour les particuliers ou encore les exploitants agricoles.

Après un premier stage pour la réalisation d’un mur en pierres sèches organisé en juin 2021 dans le Morvan, le Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE) a décidé de valoriser, lui aussi, cette technique de construction avec une semaine dédiée début juillet, en partenariat avec la Fédération Française des Professionnels de la Pierre Sèche (FFPPS voir : https://www.professionnels-pierre-seche.com/).

Valorisation visible

Ainsi, c’est à Marzy au croisement des rues de Rougeon, des Chèvres et de la route du Panorama, que les stagiaires ont trié, choisi et positionné les pierres afin de reconstruire un mur de clôture. Pour Christophe Joly, architecte/conseiller au CAUE 58, « le lieu est stratégique car il offre une superbe visibilité sur ce savoir-faire que ce soit auprès du public local ou des touristes qui visitent le Panorama du Bec d’Allier ». 14 stagiaires au total ont ainsi suivi les directives de Martin Muriot, formateur du stage, artisan murailler en Saône-et-Loire et président de la FFPPS. Martin Muriot insiste : « nous désirons que ce site devienne une vitrine de l’utilisation de la pierre sèche afin de réinstaller ce savoir-faire sur ce territoire ». Pour reconstruire le mur, seules des pierres ont été nécessaires, celles de l’ancien mur et des pierres de champs. Martin Muriot explique : « ce type d’ouvrage permet de valoriser des éléments inutiles pour certains comme les pierres ramassées dans les champs ». Pour lui et pour Christophe Joly, si cette pratique demande du « temps et de la patience », elle offre de multiples atouts. « C’est une restauration qui apporte une plus-value esthétique indéniable aux villages. En outre, ce savoir-faire est naturel et est presque totalement décarboné puisqu’il ne requiert aucun autre matériau que les pierres locales ». Un aspect qui répond aux attentes sociétales d’aujourd’hui. Pour Christophe Joly, « quatre éléments constructifs sont à remettre au centre des préoccupations en architecture : la paille, le bois, la terre et la pierre. Simples, ils offrent des alternatives à d’autres matériaux comme le béton gourmand en eau et en sable qui vont devenir rares. La construction en pierre sèche est donc adaptée aux contraintes environnementales. Construit sans liant, le mur est naturellement drainant, laissant circuler l’eau. Il est également une niche pour la biodiversité »

Patricia, 57 ans, stagiaire venue de Côte d'Or, ajoute : « je suis venue pour apprendre un savoir manuel ancestral afin de le transmettre ensuite au plus grand nombre via la rénovation participative du lieu que je souhaite ouvrir au public. Passer par la pratique accompagnée de professionnels, tend à nous redonner une autonomie dans l’aménagement de nos espaces bâtis et paysagers, tout en respectant le vivant ».

Reconnue mondialement

Afin d’asseoir un peu plus les valeurs de la pierre sèche, Christophe Joly rappelle que l’art de cette construction a été reconnu au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2018. « Ces deux stages d’initiation à la pierre sèche sont une réussite et mériteraient d’être reconduits sur d’autres communes nivernaises désireuses de s’engager dans cette démarche de restauration de leur patrimoine de murs ». Christophe Joly s’engage sur ce sujet pour les accompagner : « S’il y a une forte demande et des soutiens financiers pour l’organisation, nous sommes en mesure de renouveler cette expérience avec grand plaisir ».

Note : Pour rappel, le CAUE 58 offre des conseils gratuits pour les projets d’extensions pour les particuliers ainsi que de création ou rénovation de bâtiments agricoles. Plus de renseignements sur https://www.caue58.com/ ou à caue58@wanadoo.fr ou 03 86 71 66 90.

Photo à mettre si possible
Martin Muriot rappelle : « la confection de la base du mur en pierre sèche est cruciale pour la longévité de l'ouvrage ».