Atlas de la biodiversité communale
Nevers se prépare

Chloé Monget
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La ville de Nevers a répondu à l'appel à projet de l'Office national de la Biodiversité (OFB) pour établir son atlas de la biodiversité communale (ABC), à l'image des Bertranges (voir TDB n° 1697 p.5). 

 

Nevers se prépare
Le parking rue Bérégovoy, après travaux.

Comme les Bertranges (voir TDB n° 1697 p. 5), la commune de Nevers se lance dans la réalisation de son atlas de la biodiversité communale, via un appel à projet de l’Office national de la Biodiversité (OFB). Celui-ci s’inscrit comme l’un des trois axes de travail instauré par la municipalité. Anne Wozniak, paysagiste ainsi qu’adjointe déléguée à l’environnement naturel et à l’urbanisme, détaille cette démarche.

Genèse

« Depuis 2014, la politique environnementale de la commune est ambitieuse et souhaite remettre la biodiversité au cœur de la ville. Pour y parvenir, le conseil a déjà mis en place plusieurs actions. La première est passée par la mise en valeur cet extraordinaire milieu naturel que sont les bords de Loire et son raccrochement à la ville, par la création du site de loisirs des Eduens et le prolongement du tronçon de piste cyclable et de promenade ou encore la pose d’équipements dans le parc Rosa Bonheur. Notre programme s’appuie aussi largement sur la culture de la nature et de la biodiversité en ville. Ce volet s’articule autour de trois axes : l’opérationnel, le participatif et le scientifique ».

Opérationnel

« Pour le premier, nous sommes habités par une volonté sincère de l’accueil de la biodiversité en cœur de ville, qui participe au grand plan de rénovation. Parmi les leviers activés, on peut noter le changement de gestion (avec le zéro phyto par exemple) et la réfection des espaces verts au travers d’une réflexion paysagère faisant face aux enjeux actuels, avec en ligne de mire le dérèglement climatique et les enjeux agroécologiques. De ce fait, nous avons choisi des espèces pouvant résister aux modifications à venir dont la mise en place de minimum 30 % de plantes indigène. Puis, afin d’attirer les insectes et volatiles, nous avons opté pour l’introduction de structures végétales à trois strates d’habitats : les herbacés, les arbustes et les arbres. Avec ce travail, nous voulions aussi donner une identité paysagère à Nevers en implantant des palettes végétales reconnaissables qu’elles soient en centre-ville ou dans les quartiers périphériques, et ce sans aucune distinction. Nous avons aussi posé des ruches sur le toit de la Maison des sports, afin d’accroître la pollinisation dans la ville. En somme, nous apportons le gîte et le couvert ».

Participatif

« Mais, nous nous sommes rendu compte que pour que cette réintroduction massive de la biodiversité à Nevers soit efficace, il fallait que les habitants y prennent part. Ainsi, afin de transformer la nature en bien commun pour les neversois, nous avons pris le parti de les intégrer à certains projets. En effet, la première trame verte de la commune sont les jardins et si chacun développe des bonnes pratiques, la biodiversité saura en faire bon usage. Pour en faire l’affaire de tous, nous avons organisé des ateliers de créations de nichoirs, de bouturages, ou encore avons proposé de réintroduire, sur demande des habitants, des plantes dans les rues, via la Charte de fleurissement participatif de la ville (https://www.nevers.fr/sites/default/files/Fichiers/Environnement/D%C3%A9veloppement%20durable/EV%20charte_fleurissement%20participatif%202017.pdf) ; aujourd’hui nous avons environ 150 signataires. Nous sommes également dans la phase de création de trois micro-forêts inspirées de la méthode Miyawaki (https://www.minibigforest.com/notre-mission/la-methode-miyawaki/). Deux ont été plantées cette année, et la troisième le sera en 2023. À chaque fois, les habitants et les écoles ont été invités à venir planter les végétaux avec les équipes de la mairie, afin de les impliquer dans la réfection du paysage communal ».

Scientifique

Anne Wozniak stipule : « Face à cet engagement, il ne manquait plus que les données scientifiques afin de savoir si les actions ont eu ou vont avoir un impact positif sur l’accueil de la biodiversité. Avec cet atlas de la biodiversité communale – qui devrait commencer d’ici la fin 2022 - nous saurons précisément quelles sont les espèces présentes, et quels sont les autres leviers à mettre en place pour en accueillir d’autres. Bien évidemment ces éléments scientifiques nous permettront également d’alimenter notre axe participatif en informant la population sur les différentes espèces qui peuplent leurs quartiers. En somme, faire de la sensibilisation auprès du public. D’ailleurs, cet atlas nous permet d’organiser des événements, via un agenda spécifique – à établir pour mi 2023 ». Valéry Chambenois, chargé de mission développement durable à la Ville, insiste : « nous avons des trous de connaissances sur les espèces, notamment sur les chiroptères, qui peuvent faire l’objet d’un approfondissement, de même que celles habitants les bords de Nièvre qui n’ont pas été répertoriées avec précision ; c’est une chance indéniable d’avoir été retenu pour cet appel à projet ». Madame Wozniak complète : « je tiens à rappeler que pour l’établissement de l’atlas, la mairie de Nevers est soutenue par la Société d’histoire naturelle d’Autun, la ligue de protection des oiseaux (LPO) et Nature Nièvre » avant de conclure : « il n’est jamais trop tard pour œuvrer, mais je pense qu’il est temps que les paysagistes remettent leur casquette de biologues pour travailler, car, oui, on peut implanter des plantes utiles sans mettre de côté l’esthétisme ».

Projet
Le parking rue Bérégovoy, avant travaux. Crédit photo : Ville de Nevers.

Projet

Après le Cimetière de l'Aiguillon ou encore le parking rue Pierre Bérégovoy c'est l'espace du Banlay va être entièrement rénové. Anne Wozniak insiste : « nous souhaitons que les habitants puissent vivre l'espace, qu'ils puissent en profiter. C'est pour ces raisons que nous allons mettre en place des jardins collectifs, afin que les habitants puissent tirer parti de ce qu'ils ont à disposition. Je suis persuadé qu'un quartier ne peut être pleinement naturel si cette nature n'est pas vécue par les gens qui la voient tous les jours ».