Les dents de la Nièvre
Suite à la huitième attaque à l'EARL du Château (Achun), une mobilisation de la FDSEA et des JA 58 s'est déroulée dans l'exploitation puis devant la sous-préfecture de Cosne-Cours-sur-Loire, le 13 juin.

Si l'analogie avec les dents de la mer peut faire sourire, les éleveurs eux ne rient plus face à la prédation. Preuve de ce désarroi : c'est sur une volonté émanant des cantons que les éleveurs FDSEA et JA 58 se sont rassemblés à l'EARL du Château (Achun) le 13 juin, afin de soutenir les associés victimes d'une huitième attaque les jours précédents...
Au total, près de 70 personnes étaient présentes suite à l'appel à mobilisation, afin de témoigner de leurs propres expériences en la matière, en présence d'Enguerran Robas, sous-préfet de Clamecy et référent prédation pour le département, et de Nadia Sollogoub, sénatrice de la Nièvre. Durant la rencontre, les échanges furent vifs notamment avec la réaction de Thomas Lemée, président des JA BFC : « Nous sommes abandonnés par un État inactif... Les cheptels sont touchés de plus en plus durement avec des attaques qui impactent avec autant de violence ceux qui prennent soin nuit et jour des animaux. Faut-il un drame humain pour que l'État intervienne efficacement sur cette question de la prédation ? ». Dans la même veine, Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58, développe : « La profession s'adapte à tout : aux aléas, aux réglementations, aux contraintes du métier, etc. Mais, là nous ne pouvons pas nous habituer au loup et ce d'autant plus quand l'OFB ne reconnaît pas la présence lupine dans la Nièvre – au travers de ses comptages annuels. Nous, éleveurs, sommes la première protection face au loup, mais qu'adviendra-t-il lorsque ce rempart tombera ? ». Durant les discussions, quelques-uns ont décidé d'aller à la rencontre de la préfète de la Nièvre, Fabienne Decottingnies, à Cosne, avec comme preuve de la violence de l'attaque l'une des brebis décédées.
Chiffrer l'impact
Là, des échanges plus fluides entre les organismes gérant la prédation furent promis. Après cette promesse, la question du coût réel de la prédation dans le département, qu'il soit matériel ou immatériel, fut évoquée comme une piste à détailler afin de prouver la situation dramatique aux ministères référents du loup et de l'agriculture. Afin d'éclairer un peu cet aspect, le service de remplacement de la Nièvre affiche des journées de répit accordées à 24 personnes pour toute l'année 2024 et à 20 personnes de janvier à avril 2025... Sans avoir de précision sur les motifs exacts de ces demandes, la question de l'impact psychologique reste un élément que la FDSEA et les JA 58 souhaitent mettre en avant dans ce fameux « prix à payer de la prédation »... Pour rappel, dans la Nièvre, du 1er janvier au 11 juin, une centaine de constats ont été réalisés par l'Office français de la biodiversité, 63 pour lesquels la responsabilité du loup n'a pas été écartée, 26 dont la cause est indéterminée, 9 pour lesquels la responsabilité a été écartée et une non liée à la prédation. Au total, ce sont 198 animaux morts (tous constats confondus) et 127 blessés qui sont à déplorer. Si, en date du 17 juin, aucune autre action syndicale n'était prévue, les deux syndicats ne s'interdisent rien et attendent de pied ferme les effets concrets dans la Nièvre du rétrogradage du statut du loup... Thomas Lemée conclut : « La situation n'est plus tenable et les parlementaires de la Nièvre et de la Région doivent prendre leurs responsabilités. C'est l'élevage ou le loup. La colère monte et si rien ne change, les actions syndicales seront à la hauteur du désarroi et de la colère des agriculteurs victimes et prédatés ».


