Table ronde
Des solutions à envisager

Chloé Monget
-

Lors de l’assemblée générale régionale des JA BFC, le 12 avril à Nevers, une table ronde était organisée sur le thème « À l’aube du nouveau dispositif d’accompagnement, comment collectivement favoriser des installations viables, vivables et durables ? ».

Des solutions à envisager
La table ronde s'est déroulée durant l'assemblée générale régionale des JA BFC à Nevers le 12 avril.

Afin de répondre à la question : « comment collectivement favoriser des installations viables, vivables et durables ? », une table ronde était organisée dans le cadre de l’assemblée générale régionale des JA BFC, le 12 avril à Nevers. Pour l’occasion, quatre invités étaient conviés : Stéphane Aurousseau, élu JA de 1996 à 2003 et membre de la FNSEA, Camille Rouchon, installée à Bitry (58 – La Bergerie des Martignons), Justine Grangeot, élue JA de Haute-Saône et éleveuse de bovins allaitants à Villiers-le-Sec, Louis Brice, élu JA du Doubs, vice-président installation, installé à Rigney en polyculture-élevage ovin. Le tout fut animé par Jérémy Dufils, chef de service JA national qui introduit les échanges : « Pour envisager l’avenir, il faut comprendre le passé. Et, parfois, on peut y trouver des idées ».

Passé, présent, futur

Stéphane Aurousseau débute : « déjà dans les années quatre-vingt-dix, la problématique du renouvellement était centrale. Via les diverses actions (création du Point accueil installation ou du Répertoire départ installation), des jalons se sont posés pour trouver des solutions ». Pour lui, trois points avaient, à l’époque, été ciblés : « l’animation de territoire, les aides dédiées à l’installation et le financement de l’animation. Des éléments qui sont d’ailleurs toujours centraux aujourd’hui, selon moi ». Il poursuit : « Les fils ou filles d’exploitants ne suffiront plus à renouveler les départs en retraite. De ce fait, nos métiers doivent se faire connaître et l’accès à l’installation doit se faciliter, en particulier pour les hors cadres familiaux ou les personnes en reconversion professionnelle. Les débats d’hier ressemblent à ceux que nous vivons actuellement ». Afin de mettre en lumière le parcours d’un hors cadre, Camille Rouchon explique : « J’ai fait de longues études, mais finalement cela ne me correspondait pas. J’ai donc changé de voie pour travailler en exploitation. Puis, m’est venue l’idée de faire de l’écopâturage rémunéré puisque je n’avais pas de terres pour le pâturage. D’ailleurs, il est très difficile de trouver du terrain lorsque l’on vient d’un autre département ». Pour elle, afin d’aller au bout du parcours de l’installation : « il faut être motivé et s’accrocher, car financièrement cela n’est pas toujours simple ». En vue de faciliter l’intégration des jeunes installés ou futurs installés, tout en faisant rayonner les métiers de l’agriculture, Justine Grangeot émet des pistes à travailler : « les communautés de communes peuvent être un levier à envisager au niveau de la communication. Dans la majorité des cas, l’accueil des JA auprès des communautés de communes est très bon. Je pense que ces liens n’attendent qu’à se créer et nous avons tous à y gagner pour obtenir de la visibilité et du réseau ».

Formations et allègements

En parallèle, elle développe l’importance de la formation. « Cette dernière est indispensable pour que les porteurs de projet soient le plus opérationnels au moment de leur installation ainsi que pour adapter leurs exploitations au changement climatique. De plus, elle est incontournable pour les exploitants en poste, qui doivent aussi penser à une éventuelle reconversion (accident, ou autre) ; là encore les financements doivent être trouvés pour simplifier tout cela. Toujours dans cette optique d’offrir une installation plus vivable, il est nécessaire de revoir le taux des prêts. En effet, pour un jeune, le remboursement des intérêts n’est pas négligeable surtout dans les débuts. Il faut savoir ce que l’on veut : des installations viables, vivables et durables, ou non… Ce genre d’allègement peut faire toute la différence pour certains ». Enfin, Louis Brice insiste sur l’engagement des JA dans les chambres consulaires notamment : « notre présence permet de mettre en avant le point de vue des jeunes et leurs problématiques tout en participant à la prise de décision. En parallèle, je rejoins Justine sur les allègements nécessaires pour l’installation que ce soit de la MSA, des abattements fiscaux spécifiques ou encore pour les conditions de cession. Pour tout cela, nous devons nous battre pour les voir aboutir afin que les transmissions soient plus accessibles pour les jeunes ». Jérémy Dufils conclut les débats : « Nous sommes à une époque charnière, et il faut arriver à instaurer des leviers pour créer l’agriculture de demain. Cela passe par l’attractivité de nos professions, pour les jeunes non issus du milieu agricole, mais aussi par des installations plus simples, plus souples et moins étouffantes financièrement. L’avenir s’écrit aujourd’hui ».