Élevage laitier
Batch Milking : les robots utilisés comme une salle de traite

David Laisney
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DeLaval a développé le concept de traite par lots Batch Milking consistant à utiliser les robots VMS comme une salle de traite classique ou un roto, en parquant les vaches pour traire à heures fixes deux à trois fois par jour. Mais pourquoi certains grands troupeaux retiennent-ils cette technique ? Éclairage.

Batch Milking : les robots utilisés comme une salle de traite
Le concept de traite par lots Batch Milking permet de déléguer la traite à des robots sans être soumis à une astreinte 24h/24. (Crédit : DeLaval).

Baptisé Batch Milking, le principe de traite par lots développé par DeLaval consiste à traire les vaches à heures fixes avec des robots, comme avec une salle de traite conventionnelle ou un roto. Cette solution, qui s’adresse aux grands troupeaux, renforce le confort de travail, car elle dispense des astreintes liées au fonctionnement des robots, aussi bien le jour que la nuit. De plus, elle n’oblige pas à gérer les vaches récalcitrantes, puisque toutes sont conduites dans un parc d’attente et obligées à passer à la traite. L’éleveur n’est pas soumis à un pic de stress en cas de défaillance d’une stalle ou d’immobilisation pour cause de maintenance, car il suffit de traire un peu plus longtemps pour passer tous les animaux. Le Batch Milking présente aussi l’avantage d’être compatible avec le pâturage. Il apporte par ailleurs une réponse aux élevages rencontrant des difficultés de main-d’œuvre, car une seule personne suffit pour superviser la traite, alors qu’à taille de troupeau équivalente, une salle de traite ou un roto mobilise deux à trois personnes, voire davantage. La personne qui supervise la traite en Batch Milking a la possibilité de gérer simultanément d’autres tâches, comme les soins aux animaux, l’alimentation, le paillage ou le nettoyage des logettes…

Des installations de 6 à 24 stalles

Quand trois robots suffisent pour 200 vaches laitières (VL), il faut en revanche le double en configuration Batch Milking, ce qui augmente considérablement l’investissement. DeLaval compte près d’une dizaine d’installations de ce type dans le monde, dont la plus grande dotée de 24 robots VMS 310 se situe au Danemark pour traire 830 VL (1 400 à terme), et la plus petite, composée de six stalles pour 220 VL, est opérationnelle en France depuis l’été dernier à la Ferme de la Tremblaye à La-Boissière-École dans les Yvelines (voir encadré). Certes l’investissement est important, mais des économies d’échelle sont réalisées. Par exemple, l’éleveur danois Klaus Jakobsen a limité le montant de son installation en ne montant pas d’écran tactile sur chacune des stalles. Dans son cas, seules deux pompes à vide, un compresseur et une unité pour la gestion des produits de nettoyage suffisent pour faire fonctionner les 24 robots. Le surcoût s’amortit sur le long terme avec la baisse des charges de main-d’œuvre. L’entretien de chaque stalle est aussi moins onéreux, comme elle effectue moins de traites quotidiennes. Pour optimiser les coûts, Klaus Jakobsen attend, par exemple, que moins de 80 % des robots soient en service, avant de faire intervenir le réparateur. Aussi, en cas de panne le week-end, il fait intervenir le lundi, afin de payer moins cher le dépannage.

Pas d’aliments concentrés à distribuer

En passant d’une salle de traite ou un roto au procédé Batch Milking, les impacts sont mineurs sur la gestion quotidienne du troupeau. Il faut en effet toujours parquer les vaches deux ou trois fois par jour pour les passer à la traite. Les élevages en ration complète n’ont ainsi pas de modification à apporter à leur mode de rationnement, contrairement au fonctionnement traditionnel des robots qui s’accompagne généralement de la distribution d’aliments concentrés dans la stalle.

Moins de main-d’œuvre, moins de stress et du confort avec le Batch Milking
La Ferme de la Tremblaye dans les Yvelines dispose de six robots pour traire 220 vaches laitières deux fois par jour. (Crédit : DeLaval)

Moins de main-d’œuvre, moins de stress et du confort avec le Batch Milking

Depuis juillet, six robots DeLaval VMS 310 assurent la traite en Batch Milking, deux fois par jour, des 220 vaches laitières (VL) de la Ferme de la Tremblaye, située à La Boissière-École dans les Yvelines. Ils ont remplacé une salle de traite 2 x 8 qui passait 150 VL. « Le principe de la traite par lots s’est révélé comme le meilleur compromis lors de la réflexion d’aménagement de nos nouveaux bâtiments d’élevage, indique Baptiste Carrouché, gérant de l’exploitation. Nous aurions pu choisir une salle de traite classique ou rotative, mais le risque est grand de ne plus trouver de salariés pour la faire fonctionner dans dix ans». Représentant un investissement élevé, le Batch Milking apporte du confort de travail et rend ainsi la ferme plus attrayante. Alors qu’auparavant deux salariés arrivaient à 5 heures du matin sur l’exploitation pour traire durant 2 h 30 avec la 2 x 8 avant de s’occuper des animaux, désormais un seul intervient à partir de 6 heures pour superviser les robots durant trois heures. Certes le temps de traite a été augmenté, mais il est assumé, car en phase avec les tâches à réaliser par l’opérateur présent. Ainsi, après avoir parqué les VL, le vacher se charge seul, et en temps masqué, d’abreuver les veaux, de malaxer la litière à base de miscanthus, de réaliser les soins sur les animaux et les inséminations. Il est ainsi dispensé de la traite, cause de nombreux troubles musculosquelettiques.

Des robots de traite sans astreinte 24 h/24

« Avec le Batch Milking, lorsque la traite est terminée, le trayeur est libre de toute astreinte liée aux robots. Et en cas de défaillance d’une stalle, il suffit de traire une demi-heure de plus, souligne Baptiste Carrouché. Ce procédé apporte également du confort au concessionnaire, qui a tout le temps entre les deux traites pour intervenir. Ceci réduit le stress pour les techniciens et constitue un atout pour les recrutements en l’absence de permanence la nuit ». Comme les robots réalisent moins de traites quotidiennement, le contrat prévoit une maintenance tous les deux mois et le coût d’entretien est plus faible. La consommation d’eau est également réduite et le temps d’inactivité entre les traites permet plus facilement de nettoyer, afin de garder les stalles propres. Les trois races Prim’Holstein, Jersiaises et croisées Prim’Holstein Rouges Norvégiennes se sont rapidement adaptées aux robots, et inversement. Leur rythme n’a pas été bouleversé, puisqu’elles sont toujours parquées avant la traite. Leur production laitière a même progressé, certainement grâce aux actions personnalisées des robots et à une meilleure préparation de la mamelle avant la traite. « Comme nous avons mis plusieurs portes de tri, le mélange dans le parc d’attente des Jersiaises et des Prim’Holstein, par exemple, ne pose aucun souci. Les vaches sont automatiquement redirigées vers leur lot à la sortie des robots », apprécie le gérant. La Ferme de la Tremblaye, qui transforme son lait en fromages (Brie, Bleu de Jersiaise, Camembert…), a prévu à terme d’augmenter son troupeau entre 250 et 280 VL. Elle a d’ailleurs anticipé cette évolution lors de la construction du bâtiment accueillant les robots, puisque les emplacements sont prévus pour accueillir deux stalles supplémentaires.