Anciens exploitants
Les anciens exploitants de l'Yonne ont fait le point

Berty Robert
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La section des anciens exploitants de l’Yonne avait choisi le lycée de La Brosse pour faire le point sur son année. Ce fut aussi l’occasion d’aborder le thème hautement sensible de l’alimentation : prix, production, importations, qualités, respect des normes… le sujet est inépuisable !

Les anciens exploitants de l'Yonne ont fait le point
A la tribune, Marie-Jeanne Rondeau, présidente de la SDAE 89, a souligné la lassitude de certains jeunes agriculteurs en raison de la multiplication de contrôles dont ils font l'objet.

Il y a des évidences qu’il faut parfois rappeler : ce que nous mangeons au quotidien ne peut venir que de l’agriculture. Lorsqu’on a passé sa vie à produire, on a forcément un rapport très fort au thème de l’alimentation. Celui-ci avait été choisi pour l’assemblée générale de la Section départementale des anciens exploitants (SDAE) de l’Yonne, le 12 septembre, au lycée agricole de La Brosse à Venoy, près d’Auxerre. Amaryllis Blin, de la FNSEA, a fait sur la question un exposé très apprécié (voir encadré). Mais avant cela, il fallait revenir sur l’année d’activité d’une section comptant 400 cotisants et présidée par Marie-Jeanne Rondeau, en présence du député André Villiers.

Valeurs de solidarité

Côté questions pratiques, les membres de la SDAE ont été renseignés sur le déploiement de la fibre, sujet primordial en zones rurales, mais ils ont aussi pu mieux comprendre le fonctionnement de notre journal, Terres de Bourgogne, grâce à l’intervention du journaliste Christopher Levé en février. En août, c’est la thématique du plan d’action pour les jeunes retraités qui fut l’objet de toutes les attentions. L’action syndicale n’est jamais très loin, comme le rappelait Jean-Pierre Bouron, le 1er vice-président de la SDAE89 : défense du pouvoir d’achat, formations, rencontres avec les actifs, les bailleurs, négociations avec les partenaires… « On ne se contente pas de vivre sur nos acquis. Nous devons être les ambassadeurs du syndicalisme pour perpétuer les valeurs de solidarité qu’on nous a transmises. Ne sombrons pas dans la morosité ambiante, il faut se souvenir d’où l’on vient. Tout ne va pas si mal » soulignait-il. Comme en écho, Manon da Costa, la directrice de la FDSEA 89, signalait qu’une formation allait prochainement être proposée sur la place des retraités dans les exploitations agricoles, qui pose notamment des questions d’assurance. De manière plus générale, Marie-Jeanne Rondeau insistait sur l’importance de garder le lien avec les actifs et de ne pas s’enfermer.

Voyages et visites

Du côté du plaisir d’être ensemble, l’année écoulée aura permis l’organisation d’un voyage très apprécié en Baie de Somme, au mois de mai, qui aura attiré 57 participants. Au programme : découverte du patrimoine minier, nature, mémorial de la Grande guerre, patrimoine, visite de Bruges en Belgique, et pêche. Mai fut particulièrement riche avec une journée conviviale qui s’est tenue en Puisaye, permettant la visite d’une exploitation laitière et la découverte du musée du Son à Saint-Fargeau. 2024 s’annonce aussi prometteuse puisqu’un voyage en Albanie est programmé pour le mois de juin. Pour conclure, la SDAE 89 a voté, en juin, une hausse de sa cotisation de 1 %.

L'alimentation en débat
Amarillys Blin, de la FNSEA.

L'alimentation en débat

Que mange-t-on ? Quelle place l’agriculture occupera-t-elle dans notre alimentation future ? C’est à ces questions qu’Amaryllis Blin, chargée de mission Alimentation et qualité à la FNSEA, tentait de répondre, à l’invitation de la SDAE 89. Alors que les Restos du Cœur alertent sur leurs difficultés et qu’en parallèle, un nouveau décret paraît pour statuer sur les dénominations de produits végétaux qui voudraient qu’on les nomme steak ou saucisse, le thème de l’alimentation s’imposait. La représentante de la FNSEA a évoqué le Conseil national de l’Alimentation (CNA), instance consultative indépendante potentiellement intéressante, mais au sein de laquelle les débats sont marqués par une forte agressivité à l’encontre de l’agriculture. « Il y a, soulignait-elle, un poids trop important pris par des positions stigmatisantes à l’égard de l’élevage ». L’évolution des modes de consommation alimentaire était aussi scrutée. L’intérêt pour les produits de proximité, évident lors de la crise du Covid, est retombé, en partie à cause des difficultés économiques de nombreux ménages. « On assiste à un lent remplacement de la viande rouge par d’autres sources de protéines, notamment végétales. Leurs promoteurs sont très minoritaires mais très bruyants, alors que, dans le même temps, rien ne prouve que la réduction de viande est une demande sociétale forte » soulignait Amaryllis Blin. Les produits imitant la viande mais d’origine végétale semblent confinés dans une niche en France : « en chiffre d’affaires, leur marché pèse 33 fois moins que celui du bio ». Néanmoins, ailleurs en Europe, leur consommation est en forte croissance. La conférence abordait aussi les expériences de production de viande in vitro, qui faisaient bondir un bon nombre des spectateurs présents dans l’amphithéâtre de la Brosse. « Ce système bénéficie d’un support médiatique très fort et 30 entreprises travaillent sur l’alternative à la viande dans le monde… » Dans le débat qui a suivi cette conférence, Christophe Bondoux (FDSEA 89) notait qu’il est quand même « pénible de constater que dans des sondages les végétariens sont des catégories socioprofessionnelles supérieures alors que ceux qui mangent de la viande passent pour des débiles ! » Constat était fait que le problème de fond, c’est l’éloignement croissant de nombre de nos concitoyens par rapport aux réalités agricoles.