Un modèle atypique
Portrait d'agriculteurs suisses

Christophe Soulard
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Grégoire Stoky et Quentin Tanner sont agriculteurs à la ferme du Monniati, à Jussy, dans la proche banlieue de Genève. À la fin de leurs études en 2013, ils ont fait le choix de vivre leur métier, en étant les plus autonomes possibles.

Portrait d'agriculteurs suisses
Grégoire Stoky et Quentin Tanner se sont installés après la fin de leurs études, en 2013.

« Nous avons pensé la ferme dans le but de vivre de nos productions, de manière variée et le cas échéant, de vendre le surplus », explique Quentin Tanner. Installé avec Grégoire Stoky sur une exploitation qui, au départ, couvrait 14,5 ha, ils en exploitent maintenant 21. Le moins que l’on puisse dire et que leur modèle est très diversifié : ils se sont lancés dans le maraîchage (sur 1 ha), dans l’élevage de moutons, en grandes cultures et dans un système herbager. Ils ont aussi décidé de se passer d’intermédiaires et de privilégier les circuits courts, à l’image des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) françaises, au grand bonheur des Genevois qui peuvent bénéficier de leurs produits frais, moyennant un abonnement, entre avril et Noël. Ils sont environ 1 500 clients réguliers à s’approvisionner à la ferme du Monniati. « Nous faisons en tout une cinquantaine de fruits et légumes par an : pommes, poires, coings, poireaux, tomates, oignons, courges, etc.  » souligne Quentin Tanner.

Modèle de proximité

Un abattoir de campagne, situé dans le village d’à côté, permet de transformer les agneaux noirs du pays qui sont ensuite travaillés par le boucher local. Aussi bien l’abattoir que le boucher s’occupent également des quelques poules, poulets et cochons élevés sur place. La ferme dispose d’environ 10 hectares de grandes cultures (blé, tournesol, épeautre, etc.) La totalité des productions, cultivées en bio, pour toucher les aides fédérales est, elle aussi, vendue sur place à l’exception du blé panifiable. « Il est commercialisé à une coopérative qui le revend à une meunerie », explique Quentin Tanner. Plus d’un hectare et demi est consacré à la culture du soja qui est transformé en tofu sur place dans un petit atelier. « Un kilo de matière sèche de soja donne deux kilos de tofu », précise l’agriculteur qui récolte, en tout, 3,5 tonnes de soja dans la saison. Un fumoir, au bois de hêtre, permet de valoriser le produit pour ceux qui jugent le tofu nature un peu trop fade. « Ce produit est très rémunérateur », concède l’agriculteur. L’huilerie maison permet aussi de transformer 10 tonnes de colza et de tournesol qui sont vendues dans les paniers aux consommateurs.

Organisation optimisée

Les fruits et légumes produits sur l’exploitation trouvent toujours preneurs. Certains fruits sont transformés en jus dans le pressoir et la distillerie d’un village à proximité. Preuve que leur exploitation fonctionne bien, ils ont augmenté la surface de leur ferme de dix ha fin 2022 et se sont engagés dans un projet pilote d’agroforesterie. « Nous avons planté 100 arbres fruitiers de haute tige sur 5 ha », déclare Quentin Tanner, qui souligne avoir bénéficié des aides nécessaires pour mener à bien ce projet. Cerise sur le gâteau : l’organisation de l’exploitation lui permet, à lui, Grégoire Stoky et leurs familles respectives, de s’accorder environ cinq semaines de congé par an et d’avoir un week-end sur deux de libre.