Programme « Plantons des haies ! »
Un sacré bon plant

AG
-

Un agriculteur vient de planter 2,6 km de haies autour de sa ferme à Genlis, avec un financement 100% pris en charge par l'État et Europe.

Un sacré bon plant
Christophe Bathelier a saisi l'opportunité qui se présentait à lui grâce au plan de relance. Les derniers agriculteurs intéressés par ce dispositif doivent se manifester avant le mois d'avril.

Non, il n’y a pas d’arnaque : la conception du projet avec le conseil et la partie administrative, l’achat des végétaux et même leur plantation sont intégralement pris en charge. « Il y a juste l’argent à avancer », précise Christophe Bathelier, qui s’est laissé tenter par le programme « Plantons des haies ! » sur plusieurs de ses parcelles. Ce dispositif du plan de relance vise à aider les agriculteurs qui souhaitent favoriser la biodiversité autour et à l’intérieur de leurs parcelles en reconstituant des haies bocagères (en cultures, mais aussi en prairies naturelles, parcelles de vigne, maraîchage…).

Conseil de la Chambre

L’exploitant agricole de Genlis avait pris connaissance des grandes lignes de ce programme à la fin des dernières moissons : « je suis entré en contact avec Géraldine Ducellier, conseillère à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. Tout est allé assez vite dans la rédaction du dossier. La plantation a été réalisée ces derniers jours, elle s’étend sur 2,6 km, avec des arbres plantés en deux rangées avec différentes hauteurs. Ils sont disposés en quinconce avec une distance d’un mètre entre chaque plant, c’est discret comme je le souhaitais. Pour ces travaux, j’ai choisi une entreprise locale, VDS Paysage. En comptant toutes les démarches, y compris l’achat des végétaux, la facture avoisine les 26 000 euros TTC. Tout est donc pris en charge, cela ne me coûtera rien ou presque, mes seules dépenses concerneront le futur entretien de ces haies ».

D’autres avantages

La plantation a été réfléchie pour ne pas impacter la production de la ferme du Vernoy, orientée en polyculture-élevage. Les arbres ont ainsi été disposés sous des platanes, le long des bâtiments et sur une bande enherbée au bord d’un fossé. « En plus des futurs atouts de la biodiversité, ces haies seront un gage de discrétion pour mes parcelles. Les bandes enherbées ne seront peut-être plus utilisées comme une autoroute… Oui, je n’y vois que des avantages. Ces haies peuvent également être prises en compte dans le calcul des surfaces d’intérêt écologique. Je n’étais pas demandeur car je cultive 15 ha de luzerne, mais cela peut être utile pour certains, sachant qu’un kilomètre de plantation équivaut à un hectare de SIE », ajoute Christophe Bathelier. Contact Chambre d’agriculture : Géraldine Ducellier (03 80 68 66 63, geraldine.ducellier@cote-dor.chambagri.fr)

Outil clé de la biodiversité

Les haies en bordure de champs et l’agroforesterie intraparcellaire rendent de multiples services. Elles permettent d’abriter des auxiliaires des cultures (pollinisateurs, prédateurs de ravageurs), de lutter contre l’érosion des sols, d’améliorer la qualité et l’infiltration de l’eau dans le sol, de stocker du carbone et de s’adapter au changement climatique. Pourtant, depuis 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français et continuent de diminuer. L’objectif de la mesure est de parvenir à la plantation de 7 000 km de haies en France (400 km en BFC) et d’alignements d’arbres intra-parcellaires sur la période 2021-2022. Cette mesure vient renforcer les actions menées dans le cadre du Plan national de développement pour l’agroforesterie 2015-2020, actuellement en cours de renouvellement pour la période 2021-2025. Cette mesure prévoit un volet « investissement » (financement de projets d’implantation de haies et d’arbres intraparcellaires) et un volet « accompagnement » (financement d’actions d’accompagnement et d’animation dans les territoires afin de susciter des projets de plantation, faciliter leur montage et leur réalisation et assurer leur cohérence et leur pérennité).

Clin d'oeil Allez la France !

Christophe Bathelier est bien connu dans le secteur de Genlis, pas seulement dans le monde agricole. Cet exploitant de 52 ans est également coprésident du club de rugby local, où il a évolué pendant 25 saisons jusqu’en deuxième division (équivalent aujourd’hui au niveau du groupe Nationale). Le point commun entre le rugby et l’agriculture ? « Le goût de l’effort, un travail de longue haleine », répond l’intéressé, qui supportera ce week-end les Français devant son poste de télévision : « Gagner le tournoi et le Grand Chelem devant l’Angleterre serait une très bonne chose pour notre sport. De bons résultats donneront envie aux jeunes de nous rejoindre. Nous en avons besoin car le rugby connaît une baisse des effectifs, celle-ci n’est pas seulement due au covid. Une victoire en coupe du monde l’an prochain serait magnifique. Aujourd’hui, tous les voyants sont au vert, nous en avons les capacités. J’espère seulement que les Bleus ne sont pas trop bons trop tôt ! ».