Réunis en congrès national au Havre, les JA ont élu leur nouveau président, Arnaud Gaillot, agriculteur du Doubs. Ils sont aussi revenus sur les grands enjeux agricoles du moment.

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C'est la Normandie qui accueillait ce nouveau congrès national des JA (Crédit Réussir)

En cette période de réserve électorale, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, s’est contenté, lors de la journée de clôture du congrès national des JA, au Havre, le 1er juin, d’une courte vidéo dans laquelle il a dressé, à grands traits, les thèmes essentiels de la future loi d’orientation agricole : une agriculture décarbonée, le renouvellement des générations, la formation, la transmission et le renouvellement des générations, la gestion des risques, la nécessaire adaptation au changement climatique et la juste rémunération des agriculteurs. « Saisissez-vous de ces sujets. Vous avez un rôle majeur à jouer », a-t-il exhorté. La veille, le ministre, arrivé en tête à l’issue du premier tour de scrutin, le 12 juin, dans la première circonscription du Loir-et-Cher, où il se présentait aux législatives, était venu sur place pour une rencontre à huis clos avec les instances dirigeantes de JA qui ont été renouvelées (lire encadré).

Faire front commun

Le nouveau président, Arnaud Gaillot, originaire du Doubs, qui a salué le travail accompli par son prédécesseur, Samuel Vandaele, a insisté sur le renouvellement des générations « qui doit être la pierre angulaire de la prochaine loi d’orientation car c’est un enjeu démographique inédit qui nous attend ». Il souhaite que le futur texte dont l’examen devrait commencer lors de la prochaine session parlementaire, « attire, forme et conserve » les agriculteurs dans les fermes et qu’il puisse « promouvoir nos métiers, préserver nos terres et nous rémunérer », a-t-il martelé. Peu auparavant, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, avait aussi rappelé la nécessité de faire front commun sur la question de la transmission car « transmettre est un choix qui engage ». Comme Arnaud Gaillot, elle pense qu’à l’aune des crises qui se cumulent depuis deux ans, « les champs du possible sont très ouverts » car l’agriculture est aujourd’hui sollicitée et attendue. « Nous sommes reconnus comme un secteur essentiel », a-t-elle dit. Elle veut voir l’opportunité de pousser des dossiers comme celui de l’innovation, notamment les NBT « car il faut remettre la science au cœur des débats », a renchéri Arnaud Gaillot. La FNSEA et JA entendent d’ailleurs battre le fer tant qu’il est chaud sur le développement de la production agricole européenne, « car Ursula Van der Leyen semble avoir compris qu’il fallait produire davantage : + 30 % en deux ans », a souligné Christiane Lambert, pas mécontente de ce changement de cap de la part de la présidente de la Commission qui, jusqu’à présent, faisait la sourde oreille sur ce sujet.

Des opportunités dans la géopolitique

Ce sujet a d’ailleurs été central lors d’une table ronde, consacrée aux conséquences de la guerre en Ukraine, réunissant Jean-François Loiseau, président d’Intercéréales, Matthieu Brun, directeur scientifique de la fondation Farm et Guillaume Larroque, président marketing de TotalEnergies. « Produire plus est une absolue nécessité », a martelé le premier quand le second a acquiescé prenant l’exemple des pays d’Afrique du Nord à la recherche de solutions pour « limiter leurs dépendances » aux céréales russes et ukrainiennes. Dépendances que le conflit entre les deux pays a mises en lumière. « Pour des pays comme l’Égypte ou le Liban, le réveil a été brutal », a concédé Jean-François Loiseau. « Certains dirigeants nous ont appelés à l’aide […] Sans la PAC, la France importerait sans doute ses céréales d’Ukraine », a-t-il témoigné. Guillaume Larroque veut voir dans cette guerre « l’opportunité de relocaliser, y compris l’agriculture, l’alimentation et l’énergie », a-t-il déclaré. Les trois intervenants se sont accordés à reconnaître que la Russie a réussi, à la faveur d’une volonté politique sans faille, à mettre les moyens nécessaires pour construire une agriculture aujourd’hui performante. « Sa prochaine récolte de blé devrait atteindre 85 à 90 millions de tonnes », a estimé Jean-François Loiseau. De quoi user de cette arme alimentaire et rappeler que « dans ce domaine, l’agriculture est éminemment stratégique », a conclu Matthieu Brun.

Originaire du Doubs, Arnaud Gaillot est le nouveau président de JA national. Il est producteur de céréales et éleveur laitier (Comté). Âgé de 35 ans, il était depuis 2019 secrétaire général de JA. Engagé dans le syndicalisme en 2011, il est devenu président cantonal l’année suivante, puis secrétaire général JA du Doubs en 2014, et secrétaire général JA Bourgogne-Franche-Comté en 2016. Il est assisté de quatre vice-présidents : Guillaume Cabot (34 ans, Seine-Maritime), Christophe Hass (36 ans, Bas-Rhin), Rémi Dumas (31 ans, Hérault) et Jérémy Giroud (35 ans, Rhône). Pierrick Horel a été élu secrétaire général. Âgé de 32 ans, il est éleveur bovin, cultivateur de blé tendre et de foin dans les Alpes-de-Haute-Provence. « La totalité de sa production de viande est en vente directe. Il la fait transformer en atelier de découpe, puis la livre dans un rayon de 100 km. Les céréales sont vendues à des professionnelles pour la transformation en farine », précise sa biographie. Quatre secrétaires généraux adjoints lui prêtent main-forte : Rémi Aigrinier (Aveyron), Quentin Le Guillous (Eure-et-Loir), Justine Fusi (Haute-Savoie) et François Xavier Hupin (Calvados).