Dossier loup
Où en est-on dans l'Yonne ?

Christopher Levé
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Il y a quelques jours, Terres de Bourgogne est allé à la rencontre de Naïma Ramalingom, sous-préfète d'Avallon. Lors de notre entretien exclusif, nous avons pu aborder deux dossiers majeurs dont Madame la sous-préfète est en charge : le loup et l'agenda rural. Zoom sur le premier dossier cette semaine. 

Où en est-on dans l'Yonne ?
La présence du loup est avérée dans l'Yonne. Une zone de présence permanente a été déterminée à cheval sur l’Yonne et l’Aube. Crédit photo : P.Massit/ ONCFS

Lorsque l’on parle du loup, il faut avant tout savoir (ou rappeler) que ce dernier est une espèce protégée par plusieurs conventions internationales, « dont la plus emblématique, la convention de Berne 1979 », précise Naïma Ramalingom, sous-préfète d’Avallon, en charge du dossier loup à la préfecture de l’Yonne. « C’est également un animal qui est protégé par le droit de l’union européenne et le droit national. Par conséquent, on ne peut pas intentionnellement le mettre à mort, sauf dans trois cas : pour prévenir des dommages importants à l’élevage, que cela ne nuise pas au bon état de conservation de l’espèce, qu’il n’y ait pas d’autres solutions satisfaisantes ».
Que ce soit au niveau national comme au niveau départemental, l’État prône la politique d’équilibre, entre la conservation de l’espèce et la prévention de dommages importants à l’élevage. « Cela veut dire qu’il y a d’abord une politique de prévention, qui passe par des mesures de protection où l’on conseille vraiment aux éleveurs de se protéger contre le loup (en se dotant de chiens de protection financés par l’État, des fils électrifiés, des pièges photos) », développe-t-elle.
Cela passe aussi par une politique de communication qui se veut être la plus large possible, pour sensibiliser les citoyens (notamment sur les chiens de protection et leur rôle, leur fonctionnement), les élus (sur leur rôle à jouer) et les éleveurs (sur les dossiers à remplir pour bénéficier des moyens de protections), sur le loup.
Ensuite, lorsque la prévention ne suffit pas, « on a la possibilité d’avoir une approche plus létale, dans une logique graduée et proportionnée, avec la mise en œuvre de tirs, accordés sur autorisation préfectorale ». Il y a d’abord des tirs de défense simples, puis des tirs de défense renforcés, enfin des tirs de prélèvements, avec un quota qui s’applique au niveau national (en 2022, la population de loup estimée en France était de 874 ; le quota de prélèvements était de 175).

Plusieurs actions menées par l’État

Dans l’Yonne, la présence du loup est avérée. « Depuis la fin de l’année 2022, il y a une zone de présence permanente du loup qui a été déterminée, à cheval sur l’Yonne et l’Aube », continue Naïma Ramalingom. « On a eu un pic d’attaques du loup (pour l’heure, rien n’assure que plusieurs loups sont présents dans le département, ndlr) en 2019 avec une trentaine recensée. Depuis, il y a eu une décrue de ces attaques. Depuis le début de l’année 2023, 7 attaques sont constatées, dont 4 attribuées au loup (sur les 3 autres attaques, la piste du loup a été écartée) ».
Parmi les actions menées par les services de l’État dans l’Yonne, la mise en œuvre d’une fiche réflexe à destination des détenteurs d’animaux pouvant être victimes de la prédation du loup (pour savoir comment réagir en amont et en aval d’une attaque), qui a été travaillé avec les éleveurs, dans le cadre des comités départementaux loup. « On travaille aussi avec les chasseurs, à travers le réseau loup lynx. Ils sont amenés à donner des informations sur des indices de présence du loup, lorsqu’ils sont en action de chasse. Ils sont formés par l’OFB pour être en capacité de constater des potentielles traces du loup dans le département. Ces informations nous sont très précieuses », assure-t-elle.
Existe aussi un comité départemental loup (comme précédemment évoqué), qui réunit l’ensemble des parties prenantes : les syndicats d’éleveurs, les associations de protection de l’environnement, les services de l’État, la fédération des chasseurs, les services de gendarmerie… . « Le préfet a souhaité élargir ce comité aux parlementaires, pour qu’ils puissent eux aussi être sensibilisé à cette thématique et, le cas échéant, s’en saisir lors de leurs travaux », indique la sous-préfète d’Avallon. « C’est une instance de partage d’informations et d’échanges, qui se réunit tous les trois mois environ. C’est aussi cette instance qui propose le cerclage (qui détermine les moyens de protection et leurs subventions par l’État en fonction des communes où le risque d’attaque est le plus élevé) qui est ensuite validé au niveau national ».
Si les diverses actions et moyens de protection mise en place semblent faire diminuer le nombre d’attaques constatées, la présence du loup reste néanmoins une véritable menace pour les éleveurs icaunais.
En cas d’attaque ou si vous avez repéré aperçu le loup, contacter les services de l’État (la DDT) au 03 86 48 42 75 ou au 03 86 48 41 21, ou encore à ddt-sea@yonne.gouv.fr.
La semaine prochaine, nous aborderons le second grand dossier à la charge de Madame la sous-préfète d’Avallon : l’agenda rural.