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Le billet d'humeur de Jean-Pierre Bouron

Jean-Pierre Bouron, vice-président de la SDAE de la FDSEA de l'Yonne.
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Jean-Pierre Bouron, vice-président de la section des anciens exploitants de la FDSEA de l'Yonne.

« J’ai parfois l’impression de vivre dans un pays étrange, rempli de contradictions. J’en veux pour preuve la réforme des retraites. Combien de fois avons-nous accusé nos dirigeants de ne pas anticiper les problèmes et de réagir à chaud lorsqu’ils interviennent ?
Dès 2019, était annoncée une réforme ambitieuse avec pour objectif de rétablir l’équité entre les retraites ainsi que d’assurer la pérennité d’un système par répartition que beaucoup nous envient. Repoussée en 2023 pour cause de Covid, une majorité des Français, hostile à tout changement, s’oppose par tous les moyens au projet de loi. Sont-ils conscients que les pays européens qui nous entourent ont adopté des mesures plus drastiques ? L’allongement de l’espérance de vie conjugué avec la diminution du nombre d’actifs par rapport au nombre de retraités ne peut que conduire à la faillite du système et à pénaliser lourdement les générations futures. Les manifestants souvent entraînés sans s’en rendre compte par les plus avantagés bénéficiant d’un statut d’exception procuré par des régimes spéciaux datant d’après-guerre, ont-ils conscience que le montant de leur retraite, souvent dérisoire, ne peut que diminuer si aucune réforme n’intervient rapidement ? Quelle sera la qualité de leur vie s’ils basculent dans la précarité ?
Le report à 64 ans du départ à la retraite doit bien sûr être aménagé et bénéficier à celles et ceux qui, de par leur emploi, sont épuisés physiquement et moralement. Manier des parpaings ou un stylo n’est pas comparable. Avoir un emploi administratif ou être confronté aux humains comme le sont les soignants, les enseignants et beaucoup d’autres, est loin d’être de même nature. Laissons à chacun la possibilité de choisir, à condition d’assumer son choix, mais écartons les discours démagogiques qui font croire que le travail s’assimile à de l’esclavage moderne. L’attitude de certains de nos élus qui, faute de propositions, n’ont rien trouvé d’autre que de vociférer et insulter leurs contradicteurs, les rend-elle digne de la confiance que leur ont accordée leurs électeurs ? Crier plus fort que les autres n’a jamais donné raison.
Le salon de l’agriculture nous apporte des raisons de croire en l’avenir lorsque l’on rencontre des jeunes passionnés qui ne comptent pas leurs heures de travail pour exercer un métier qu’ils ont choisi, afin de nous nourrir et d’entretenir nos paysages. Dans la crise que nous traversons, les médias sont plus enclins à nous montrer des images de manifestants qui, pour partie, revendiquent plus contre un sentiment d’injustice quant à la hiérarchie des salaires, la reconnaissance de leur travail ainsi que la perte de leur pouvoir d’achat. Que sont devenues les promesses de 2018 qui auraient permis de mettre en place une retraite universelle, la disparition progressive des régimes spéciaux et la diminution du nombre de parlementaires (925 à ce jour) ?
Ces mesures auraient permis de récompenser le travail et d’améliorer le sort des retraités. Ne nous étonnons pas d’être confrontés à des mouvements contestataires. Notre constitution nous donne la possibilité de recourir au référendum ce qui permet aux électeurs, à condition que les questions soient précises, compréhensibles et sans arrière-pensées politiciennes, de se déterminer et de trancher démocratiquement.
Comment ne pas rendre hommage à Christiane Lambert qui n’a pas souhaité renouveler son mandat. Sa compétence, sa connaissance des dossiers, sa pugnacité et son humanisme auront fait d’elle une grande présidente qui aura marqué son passage à la tête de la FNSEA. On se souviendra de ses face-à-face avec les décideurs de la grande distribution, ainsi qu’avec les membres du gouvernement où elle leur tenait la dragée haute. Nous la retrouverons dans d’autres instances car on n’abandonne pas aussi facilement la défense d’une profession à laquelle on a consacré une partie de sa vie. Merci Christiane ! Il est grand temps de rétablir le dialogue entre les différentes couches de notre société afin d’éviter que la rue soit le seul moyen de s’exprimer avec tous les excès que cela génère telles que les atteintes aux personnes et aux biens, tout cela en quasi-impunité. Que penser des affrontements autour du projet du réservoir de Sainte-Soline avec une horde de casseurs renforcée par des utopistes qui croient sauver la planète à travers de telles actions ?
Pour terminer sur une note d’optimisme, espérons que lors des Jeux Olympiques de 2024, nous aurons enfin l’occasion de montrer aux yeux du monde une France unie et rassemblée autour des sportifs qui n’ont pas hésité à mouiller le maillot pour porter les couleurs de notre pays. Profitons de cet évènement pour renouer avec une société plus solidaire et rappeler que nous évoluerons et que nous progresserons si chacun se met au travail et contribue dans la mesure de ses possibilités à rendre la vie meilleure. Rien n’est acquis sans effort. N’attendons pas tout des autres et de l’État. N’oublions pas que c’est grâce à celles et ceux qui nous ont précédés que nous avons bénéficié d’avancées significatives en matière de progrès et de qualité de vie. L’Histoire nous a appris que de nombreuses civilisations qui croyaient se reposer sur des acquis et faire l’éloge de la paresse ont disparu à tout jamais.
Concluons ces quelques réflexions en nous inspirant d’une citation de Nelson Mandela pleine d’espoir et de réalisme : « La plus grande victoire de l’existence n’est pas de ne pas tomber mais de se relever après chaque chute » ».