Préfet de l'Yonne (1/2)
Pascal Jan, l'année d'après

Christopher Levé
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Le mardi 4 avril, cela faisait un an jour pour jour que Pascal Jan devenait préfet de l’Yonne. Une première expérience pour ce professeur des universités et docteur en droit public, qui occupait auparavant le poste de recteur de l’académie de Martinique depuis 2018. Retour sur cette première année (en deux parties) avec celui qui avait fait de la gestion de l’eau une priorité lors de son arrivée. Premier volet cette semaine.

Préfet
Pascal Jan, préfet de l'Yonne.

Nous le retrouvons au même endroit, dans son bureau, quasiment un an jour pour jour après sa prise de fonction comme préfet de l’Yonne (notre rencontre a eu lieu le 6 avril dernier). Pascal Jan a accepté de revenir avec nous sur sa première année à un poste qu’il occupe pour la première fois de sa carrière. « Quand je fais le bilan sur un an, j’ai cette confirmation que l’Yonne est bien un département rural », débute-t-il. « L’idée centrale est de faire en sorte que dans l’Yonne il y ait une ambition rurale. Cela passe par plusieurs problématiques : la première, qui est à la charge de Naïma Ramalingom, la sous-préfète d’Avallon, est l’agenda rural ».
Ce dispositif national de 85 mesures a pour objectif de faire un programme d’actions de la ruralité autour de trois axes : habiter en ruralité, travailler en ruralité et s’épanouir en ruralité. « L’idée est de mener un ensemble d’actions pour faire en sorte que le territoire icaunais soit un territoire attractif, pas seulement d’un point de vue touristique mais au niveau de l’installation. Cela suppose des services publics, le travail, la santé (médecins, vétérinaires et pompiers ; là-dessus la préfecture, le département et le SDIS travaillent sur un projet que le préfet nomme lui-même « blanc rouge », visant à combler les déserts médicaux, ndlr), les mobilités et la sécurité ».
L’une des choses qui a frappé Pascal Jan lors de sa première année est la présence de lavoirs dans un grand nombre de communes icaunaises. Pour lui, le département doit mettre en valeur ce patrimoine qui participe à l’attrait touristique et culturel. « C’est pourquoi j’ai soumis l’idée au président du Conseil départemental (Patrick Gendraud) de créer un « cyclo-lavoir », pour mettre en valeur ces lavoirs qui correspondent à une histoire de la ruralité icaunaise ».

L’eau en fil conducteur

Lors de son arrivée, Pascal Jan avait fait de l’eau et sa gestion une priorité pour le département. Ce à quoi il se tient encore aujourd’hui. « Pourquoi ? Car dans l’Yonne, l’eau rencontre différentes problématiques. Déjà, nous sommes dans un département rural donc nous avons besoin de l’eau pour l’agriculture. Ensuite, il y a tout un aspect touristique derrière cela. Il y a un tourisme fluvial avec des canaux (du Nivernais et de Bourgogne) qui connaissent des problèmes de fermeture. Et qui dit fermeture dit conséquences sur l’emploi et l’activité économique. Donc la bonne gestion de l’eau, dans cette optique-là, est importante, pour l’activité économique d’une partie du territoire ». Aussi, parce qu’Auxerre est sur une dynamique de production d’hydrogène et que sans eau, cela ne pourrait pas être possible. « Et il y a la question de la santé et de l’attractivité globale du territoire. Je suis persuadé que si nous maîtrisons la ressource en eau dans toutes ses dimensions, cela serait un élément décisif de l’attractivité d’un territoire. Personne ne viendrait dans un territoire qui ne sait pas gérer la ressource en eau. L’eau est donc un enjeu structurant pour l’Yonne et un enjeu économique réel pour les agriculteurs ». Sans oublier un élément connexe mais non moins important : la gestion des incendies. « Il n’y a pas de secret, pour éteindre un incendie, il faut de l’eau », poursuit le préfet. Avec les sécheresses devenues récurrentes, les incendies, notamment ceux de forêts, eux aussi, sont de plus en plus présents.

L’énergie, l’autre ressource vitale

L’eau est aussi essentielle pour l’agriculture. Essentielle mais loin d’être inépuisable. « Dans les années à venir, elle va devenir une ressource dont l’abondance va baisser et dont le prix, lui, va augmenter. L’objectif est donc, avec différentes incitations, de la sensibilisation et de la responsabilisation, de faire prendre conscience aux agriculteurs de l’importance de la gestion de l’eau à long terme, une ressource dont ils disposent, pour le moment », prévient Pascal Jan.
Dans cette optique, une conférence sur la thématique de l’eau est prévue le lundi 22 mai prochain, dans l’Yonne. « Elle aura pour objectif de faire de l’eau un concept à la fois dans la qualité, la quantité et l’attractivité. C’est vrai pour les agriculteurs mais aussi pour les administrés qui vivent en ruralité. Cette conférence aura pour but de penser la ressource en eau en 2050 ».
Pascal Jan l’assure, « les sécheresses estivales et hivernales ont fait prendre conscience de la fragilité de cette ressource. C’est dans cette optique-là que l’alerte sécheresse a été mise en place très tôt cette année (le 10 mars). Le but était de permettre une prise de conscience sur cette problématique-là ».
Autre ressource vitale pour l’agriculture : l’énergie. Et dans ce domaine, les agriculteurs sont certes consommateurs, mais aussi producteurs, notamment à travers des projets agrivoltaïques, dont s’enthousiasme le préfet. « L’État, à travers moi, défend l’idée de faire du vrai agrivoltaïsme dans le département. En clair, je résume tout le temps au fait qu’une moissonneuse-batteuse doit pouvoir passer sous les panneaux solaires. La production d’électricité doit être un appoint à l’activité principale et non prendre le dessus », indique-t-il. « L’agrivoltaïsme présente un certain nombre d’atouts comme l’ombre et la récupération des eaux de pluie. C’est une ligne de conduite qui sera la mienne dans l’étude des projets qui seront soumis à la DDT de l’Yonne ».

Ce qui vous attend dans la deuxième partie de l'entretien

La semaine prochaine, vous retrouverez la suite et fin de l’entretien avec Pascal Jan, préfet de l’Yonne. Pour vous faire patienter, voici un petit résumé de ce qui vous attend : le bilan des aides versées dans le cadre des calamités agricoles, le soutien de l’État aux projets s’adaptant au changement climatique, sa première participation au salon de l’agriculture, ou encore un point sur le Colden, le projet qu’il porte avec le procureur d’Auxerre.