Foire Saint-Martin d'Auxerre
Bien plus qu'une simple foire

Christopher Levé
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La traditionnelle foire Saint-Martin d'Auxerre a eu lieu le dimanche 10 décembre, dans les rues du centre-ville. Et comme chaque année, l'espace agricole organisé par la FDSEA et les JA a pris possession des trois esplanades de la place de l'Arquebuse.

Foire Saint-Martin
La foire Saint-Martin a eu lieu le dimanche 10 décembre, à Auxerre. La traditionnelle inauguration de l'espace agricole a eu lieu à 11 heures, en présence du préfet et des élus locaux.

C'est le dimanche 10 novembre que les visiteurs ont pu se rendre en très grand nombre, en ce week-end prolongé, à la foire Saint-Martin d'Auxerre. Et comme toujours, l'espace agricole, mise en place par la FDSEA et les JA, s'est installé place de l'Arquebuse. L'occasion pour le grand public d'aller à la rencontre de la vingtaine de producteurs icaunais présents, ainsi que des principaux organismes agricoles locaux. Comme le souligne Isabelle Joaquina, adjointe à la mairie d'Auxerre, « la foire Saint-Martin d'Auxerre est un événement qui incarne la richesse de notre territoire et de notre terroir ».
Pour Damien Brayotel, président de la FDSEA de l'Yonne, qui représentait ce jour-là également la Chambre d'agriculture de l'Yonne en tant qu'élu, « ce rendez-vous annuel nous permet de présenter nos métiers au grand public, de faire le lien avec notre alimentation, de montrer que notre agriculture est à la fois moderne, utilisant des technologies de pointe, mais aussi en lien permanent avec la nature, le vivant, l'environnement ».

Des enjeux qui préoccupent

Si l'ambiance était festive et que les sourires se dessinaient sur les visages, le monde agricole n'en oublie pas pour autant ses problématiques et ses enjeux à court, moyen et long terme. « Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un enjeu démographique majeur avec la moitié des agriculteurs qui partiront à la retraite dans les 10 à 15 ans à venir. Nous avons alors besoin d'attirer des jeunes pour s'installer en agriculture, pour reprendre des fermes et cela dans toutes les productions. Sinon, le nombre d'agriculteurs continuera de diminuer et la taille des exploitations continuera, elle, d'augmenter. Or, nous sommes très attachés à notre agriculture familiale à taille humaine », continue Damien Brayotel. « À travers la foire Saint-Martin et son espace agricole, notre volonté est de faire découvrir aux plus jeunes notre agriculture et ses métiers, de promouvoir les formations agricoles et de montrer les débouchés de nos productions, de mettre en valeur nos productions fermières locales, notre viticulture et nos produits d'excellence. Mais cela n'est pas suffisant pour donner l'envie à des jeunes de s'installer en agriculture. La passion ne suffit pas, il faut aussi pouvoir vivre correctement et dignement de son métier, c'est-à-dire avoir un revenu qui soit à la hauteur de nos engagements, à la hauteur de nos investissements et de notre temps de travail ».
Pour lui, ceci est « incompatible avec un certain nombre de décisions, comme l'incohérence européenne qui exige de nous des standards de qualité parmi les plus élevés au monde et qui, en même temps, est prête à importer des denrées agricoles qui ne respectent aucune de nos normes. C'est le cas avec l'Ukraine actuellement et avec la volonté de signer l'accord avec le Mercosur ».
À ce sujet, la FNSEA et les JA ont à maintes et maintes reprises affirmées leur opposition à cet accord. « Ce désaccord, c'est à la fois pour défendre notre agriculture, nos producteurs qui doivent produire avec des réglementations très strictes en France, mais aussi pour protéger le consommateur qui, je crois, n'a pas vraiment envie de manger une viande bovine aux hormones ou du poulet aux accélérateurs de croissance. Nous refusons donc cette concurrence déloyale et ses importations à bas prix, qui ne respectent rien, qui détruit notre agriculture et décourage les jeunes ».

Un soutien demandé pour les filières bio et locale

L'une des autres préoccupations du monde agricole est le soutien des filières bio et locale à travers l'application de la loi Égalim, où il reste encore beaucoup de travail à faire pour que celle-ci soit respectée par tous. « Actuellement, l'agriculture biologique connaît une grave crise, avec une demande et une consommation de produits agricoles biologiques qui sont très insuffisantes. Les collectivités ont donc un rôle à jouer pour soutenir cette filière en respectant les États généraux de l'alimentation et ses lois, et en augmentant leurs achats locaux et bios, et en rémunérant au juste prix les producteurs », poursuit Damien Brayotel.
Présent lors de cet événement, Pascal Jan, préfet de l'Yonne, a tenu à mettre en avant le soutien de l'État depuis plusieurs années pour le monde agricole. « Ce soutien est là pour des raisons évidentes connues de tous : les aléas climatiques, le dérèglement climatique, mais l'État est aussi là pour aider l'agriculture à se projeter dans l'avenir. L'État a été amené, dans la mesure du possible et à plusieurs reprises, à soutenir le monde agricole au sens très large, par des indemnisations. Au niveau local, des choses ont été faites. Je pense notamment à un travail concernant l'un des points centraux des mobilisations du début d'année : la simplification administrative. Des progrès ont été faits, même si on peut encore mieux faire. Il y a une vraie notion de transparence qui ressort désormais, en ce qui concerne les contrôles notamment. Maintenant, il y a un questionnaire envoyé aux agriculteurs après chaque contrôle afin que celui-ci se passe le mieux possible ».
Une nouvelle fois, la foire Saint-Martin était bien plus qu'un marché de producteurs et de présentations des différentes filières, elle était l'occasion d'alimenter les échanges entre le monde agricole, l'État et le consommateur, dans le but de trouver des solutions viables et pérennes pour la survie de ce qui fait l'agriculture : les agriculteurs.