FCO-3
Un impact sur le quotidien des vétérinaires

Christopher Levé
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Vraie problématique pour les éleveurs et leurs animaux, la FCO-3 impacte aussi fortement le quotidien des vétérinaires qui doivent composer avec les réglementations annoncées au compte-goutte. Pour mieux comprendre, nous avons suivi Camille Brouard, vétérinaire à la clinique de la Croix Blanche d'Avallon, durant toute une après-midi. Reportage.

FCO
Le quotidien de Camille Brouard et de ses confrères vétérinaires est forcément impacté par les suspicions de FCO-3, comme cela est le cas ici.

Si elle est basée à Avallon, à la clinique de la Croix Blanche, c'est à la clinique d'Appoigny, de la même enseigne, que nous retrouvons Camille Brouard, vétérinaire, le jeudi 3 octobre, à 14 heures. Oui, à Appoigny, car le manque de vétérinaires ruraux oblige forcément ceux en poste à parcourir le département. Et c'est encore plus haut dans le département que nous nous rendons, à Véron, dans le Sénonais, pour rendre visite à un propriétaire de brebis, dont l'une d'entre elles est malade, avec une suspicion de FCO-3. Sur le chemin, Camille Brouard nous raconte son quotidien depuis l'apparition de la maladie dans le département. « En tant que vétérinaire, on a une première étape avant la vaccination qui est d'avoir un rôle de conseiller et de donner des informations aux éleveurs. Cependant, c'est un peu compliqué étant donné que les informations et réglementations nous arrivent au compte-goutte. Tous les jours, il y a des changements, parfois même en cours de journée, car les zones régulées s'élargissent et les informations changent en même temps ».
Depuis les premiers cas de FCO-3 dans l'Yonne, et même avant, depuis que le département est en zone régulée, la clinique de la Croix Blanche reçoit beaucoup d'appels de la part des éleveurs, avec, parfois, l'impossibilité de répondre à leurs interrogations. « De notre côté, on attend nous aussi de savoir, par les services vétérinaires, ce que l'on doit faire. On ne peut pas agir sans leurs directives, cela fait partie de nos obligations », explique Camille Brouard. « D’autant plus que la FCO-3, comme d'autres, est une maladie réglementée, on ne peut donc pas faire ce que l'on veut ».

« Les éleveurs sont très inquiets »

Elle le voit au quotidien, « les éleveurs sont très inquiets de la situation, ce que l'on comprend. Mais malheureusement on n'a pas toujours des réponses à leur apporter, du moins pas en temps réel », poursuit-elle.
Inquiets, car le temps presse pour les éleveurs qui doivent exporter au plus vite leurs broutards. « Là, on arrive en période de sevrage, donc les éleveurs veulent vendre leurs broutards, mais ces derniers sont bloqués car il faut qu'il y ait une injection obligatoire pour l'export, puis un rappel 21 jours après, et attendre encore 10 jours pour qu'ils puissent partir. Cela veut dire que les broutards sont bloqués 31 jours à partir du premier vaccin. Aussi, les éleveurs vont vouloir rentrer le reste de leurs bêtes, alors, s'il y a encore les broutards dans les bâtiments, c'est compliqué. Pendant ce temps, les broutards mangent et cela coûte de l'argent aux éleveurs », indique la vétérinaire.
Et si les éleveurs s'impatientent, c'est parce que les vaccins ont mis du temps à arriver. « Les vaccins contre la FCO-3 ne sont pas disponibles en France, ils bénéficient d'une autorisation temporaire pour être administrés aux animaux. Il faut donc les commander, soit sur le site du gouvernement pour les vaccins gratuits, soit directement auprès des laboratoires. Il y a donc plus de délais que les commandes dites « classiques » pour nous ».

Quelles règles pour les vaccins ?

Sur les vaccins, justement, on a souvent entendu tout et son contraire, alors, on en profite pour éclairer la situation avec les explications de Camille Brouard. « Il y a deux vaccins disponibles, Bultavo 3 et Bluevac. Il faut savoir que pour l'export, on a le droit d'utiliser que le Bultavo 3 car le Bluevac n'a pas une protection suffisante pour permettre l'export. Celui-ci est seulement utilisé pour le cheptel souche, c'est-à-dire les vaches qui restent sur l'exploitation, pour le renouvellement du cheptel. C'est sur ce vaccin qu'il y a une prise en charge par l'État. Pour le Bultavo 3, le vaccin est à la charge de l'éleveur ».
Aussi, il est important de noter que les vaccinations des cheptels souches peuvent être faites par les éleveurs, contrairement à celles pour les animaux destinés à l'export. « Là, il faut une certification affirmant que le vaccin a bien été fait, il faut donc obligatoirement que cela soit fait par le vétérinaire ».

FCO-3 et MHE

Nous arrivons à Véron, à la rencontre du propriétaire et de sa brebis malade. Rapidement, Camille Brouard soupçonne à son tour que l'animal soit atteint de la FCO-3 (une analyse était en cours au moment où nous avons écrit ces lignes, ndlr).
Après un examen approfondi et une discussion avec le propriétaire dont nous ne trahirons pas le secret, nous reprenons la route pour retourner à Appoigny. Nous poursuivons nos échanges et étendons le sujet à une autre maladie qui inquiète aussi le monde de l'élevage : la MHE. « On sera de plus en plus impacté, comme cela s'est passé avec la FCO-3 », pense Camille Brouard. « Là aussi, il faudra vacciner, sur les mêmes critères que pour la FCO-3 ».
Quant à la FCO-3, la vétérinaire confie que des premières « casses » sont à observer dans des cheptels du sud du département. « On le voit chez les ovins. Chez les bovins, on commence aussi à avoir des premiers avortements. C'est inquiétant pour cet hiver, on sait déjà qu'il ne sera pas bon, ni pour les éleveurs, ni pour nous, avec beaucoup d'avortements, des veaux anormaux, beaucoup de soin à donner… ».
En attendant, Camille Brouard et ses confrères continuent de faire de leur mieux pour venir en aide des éleveurs et de leurs cheptels. Avec cette crainte que tout cela ne soit que le début…

Où en est-on, dans l'Yonne ?

Concernant la FCO-3, au 4 octobre, on comptait 4 644 foyers en France, dont 100 déclarés dans l'Yonne.
La FCO-8 menace également le département et sa présence a été d'ores et déjà signalée en terres icaunaises. Une vaccination est fortement recommandée pour protéger les élevages et limiter sa propagation.
Enfin, concernant la MHE, l'Yonne a désormais intégré la zone régulée. En France, on compte 1 778 foyers déclarés dans 27 départements.