Débat
Blé tendre : une table ronde sur les enjeux et perspectives

Berty Robert
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Dans le cadre du récent Forum blé tendre Saône-Rhône, organisé à Beaune, s’est tenue une table ronde qui traitait de la vision que les producteurs et les collecteurs doivent avoir sur les enjeux et perspectives de la segmentation de l’offre.

Blé tendre : une table ronde sur les enjeux et perspectives
Les participants à la table-ronde, de gauche à droite : Damien Racle (Bresson), Xavier Deparis (Interval), Eric Grimonpont (Seine Yonne), Patrick Tetard (Axereal).

La segmentation croissante des marchés du blé tendre était au cœur du Forum organisé en septembre à Beaune par Arvalis et ses partenaires. Cette nécessité de répondre à des attentes précises et différenciées est une préoccupation dans la logique d’une meilleure adéquation entre offre et demande que l’on cherche à développer pour les productions de Bourgogne Franche-Comté (BFC). Elle était au centre d’une table ronde dont le sujet était « Enjeux et perspectives de la segmentation de l’offre, quelle vision des producteurs et des collecteurs ? » Pour nourrir ce débat, Arvalis avait réuni quatre acteurs qui représentaient environ 40 % de l’offre régionale en blé tendre : Xavier Deparis, directeur adjoint de la coopérative Interval, Eric Grimonpont, directeur commercial de la coopérative Seine Yonne, Damien Racle, directeur général de Bresson, et Patrick Tetard, vice-président de la coopérative Axereal et agriculteur dans la Nièvre.

Le point central de la logistique

Parmi les nombreux facteurs à prendre en compte sur ces enjeux et perspectives, la logistique en est un d’importance comme le confirmait Eric Grimonpont : « S’en soucier est essentiel. On est au centre de la France mais sur une zone où les quantités de blé produites sont très fluctuantes. On a parfois des variations de 30 % dans les rendements, ce n’est pas anodin dans la gestion de la chaîne logistique. C’est un vrai challenge : on tente de limiter le camion sur du débouché local et on se bat beaucoup sur le ferroviaire. Nous étions bien équipés en BFC, mais c’est moins le cas aujourd’hui. En Italie, nous perdons des parts de marché car on ne transporte pas assez de marchandises par rapport aux trains qui arrivent d’Europe de l’est. La voie fluviale est très importante mais dans l’Yonne ou la Nièvre, il y a moins de transports fluviaux, donc moins d’entretien des voies d’eau. On perd une facilité logistique ». Xavier Deparis témoignait d’une réalité un peu différente : « Notre logistique se répartit entre un tiers camion, un tiers voie ferrée, un tiers voie fluviale. Cet équilibre est un atout : nous n’avons pas qu’une porte de sortie ». Pour les producteurs, répondre à des marchés très segmentés est un défi : « Quand je sème du blé, expliquait Patrick Tetard, je le fais en lien avec mon technicien de coopérative, pour voir quels blés pourront être commercialisés. Je sais où va une petite partie de ma production, mais la majorité est incluse dans le « tas » de la coopérative. Dans ce cadre, je dois tout de même répondre au double impératif de la quantité et de la qualité avec des éléments (chimie ou azote) qu’on va m’enlever ou me restreindre. Ce sont des enjeux très forts à relever… »

S’approprier d’autres métiers

Répondre à un marché très segmenté, c’est aussi avoir la capacité, pour les collecteurs, d’alloter de manière de plus en plus fine et précise. Cet aspect des choses, Damien Racle y est de plus en plus confronté : « Cela impose une bonne coordination des services qualités et des équipes métiers du grain au sein de notre entreprise, surtout avec un positionnement très axé sur le marché local. Il faut savoir communiquer l’offre annuelle aux meuniers locaux et s’approprier le métier du meunier. Cela réclame des infrastructures adaptées pour cette segmentation ». Le représentant de Bresson concluait en s’intéressant à un segment particulier, celui des blés de force et leur potentiel en BFC : « Il y a une carte à jouer mais ce blé est moins productif. Il faudrait une prime protéine pour les producteurs qui permettrait de stabiliser cette culture dans le temps. Il faudra retrouver un équilibre économique par rapport aux engagements nécessaires sur ces cultures ».