Syndicalisme
Actions FDSEA et JA dans plusieurs grandes surfaces en France

Christophe Soulard
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Un peu partout en France, les FDSEA et JA de différents départements sont passés à l’action ces derniers jours afin de vérifier comment, concrètement, certaines grandes surfaces interprètent la loi Egalim 2

Le mot d’ordre a été lancé le 26 janvier et les agriculteurs n’ont pas tardé à passer à l’action. Les actions syndicales ont commencé dans le Grand Ouest avant de s’étendre, comme une traînée de poudre à l’ensemble du territoire. « Pour finir la soirée (du 26, ndlr) », les agriculteurs des FDSEA et JA des Deux-Sèvres se sont rassemblés sur le parking du Leclerc de Niort et de l’Hyper Casino de Pompaire afin de faire part de leur mécontentement. Dès le 27 au matin, à l’ouverture des portes, ce sont d’autres centaines d’agriculteurs qui ont investi les magasins des grandes enseignes.

« Prix abusivement bas »

Dans le Morbihan, les éleveurs ont fustigé une promotion sur une boîte de 12 œufs biologiques à 1,80 € et une promotion sur le pack de six de lait UHT demi-écrémé à 4,92 € et le deuxième pack de six à moitié prix soit 2,46 €. « À ce prix-là, c’est sûr, l’éleveur ne peut pas être rémunéré dignement. Prix abusivement bas », s’énerve la FDSEA locale dans un tweet. Même réflexion dans la Loire-Atlantique où le prix du litre de lait UHT affiche 0,68 € au Super U de Nozay. « À ce prix-là, l’agriculteur n’est pas rémunéré à hauteur de ses coûts de production […] il va falloir respecter Egalim 2 », s’alarme Stéphane Février, membre du bureau de la FNSEA 44 sur son compte Twitter. Les contrôles n’ont pas porté que sur les prix. Ils ont aussi pris en compte l’origine des produits. La FDSEA d’Ille-et-Vilaine a ainsi pointé les « problèmes de géographie d’un Intermarché ». Affichée sur l’étal comme un produit d’origine France, la barquette de champignons de Paris se révèle en fait d’origine polonaise ainsi que le révèlent son étiquette et le code-barres. Dans le département du Var, ce sont des poivrons en provenance d’Espagne qui se sont retrouvés « francisés ».

Du porc d’origine française… espagnol

Dans celui de l’Allier, à Cusset, le sort a été le même pour une côte de porc, venant d’Espagne et arborant une belle étiquette bleu-blanc-rouge marquée « Viande d’origine française ». Pour exprimer leur mécontentement et dénoncer les « dérives visant à détruire la valeur de notre alimentation et toutes les activités économiques s’y rapportant qui font la vie et les emplois de nos territoires ruraux », les jeunes agriculteurs du Maine-et-Loire ont organisé un lâcher de pigeons dans une grande surface, expliquant « On n’est pas des pigeons ». Le 29 janvier, les représentants des éleveurs des Côtes-d’Armor ont rencontré le directeur national des achats viandes pour Kermené Carrefour, Bertrand Éon, sur le parking du centre commercial de Langueux où, de l’avis de nombreux participants, « le ton était vif ». Les actions se sont poursuivies dans les autres régions de France, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes. Interrogée par différents médias, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a dénoncé les pratiques des grandes enseignes qui « sont en train de tuer l’alimentation en France, de faire fermer les exploitations agricoles » et qui pratiquent « des prix beaucoup trop bas au regard des hausses de charges que subissent les agriculteurs ». « On est face à un contexte de flambée qu’on n’a jamais connu et donc il nous faut répercuter ces hausses sur la vente de nos produits, sinon nous n’aurons pas de revenus », a-t-elle insisté.