Innovation dans les vignes

Christopher Levé
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Après les essais en ateliers, des tests ont lieu dans les vignes, avec des viticulteurs, pour l’exosquelette développé par l’entreprise RB3D, basée à Monéteau. À Chablis, Claire Race, du domaine Denis Race, participe à cette phase de test, avec la volonté de trouver un appareil capable de soulager son dos, elle qui est contrainte de travailler assise depuis plusieurs années à cause d’un spondylolisthésis lombaire.

Taille de la vigne
Claire Race, viticultrice à Chablis, participe à la phase de tests de l'exosquelette développé par l'entreprise RB3D.

Si pour beaucoup, travailler debout dans les vignes est vu comme une normalité, lorsque l’on a des problèmes et des douleurs au dos, cela n’est pas évident. Voire parfois impossible. Doit-on pour autant changer de voie ? Cela n’est pas si simple, surtout lorsque l’on est viticultrice, comme Claire Race, du domaine Denis Race à Chablis. « Cela fait 15 ans que je travaille dans les vignes. On m’a diagnostiqué un spondylolisthésis lombaire (le glissement d’une vertèbre sur celle située juste en dessous, ndlr), c’est-à-dire que tout mon bas du dos est endommagé. À l’époque, j’avais mal au dos en allant travailler mais c’était supportable. Puis cela le devenait de moins en moins au fur et à mesure du temps », raconte la viticultrice. « Pour me soulager, j’ai donc acheté un quad électrique pour travailler assise. Avec le temps, je me suis rendu compte que je n’étais plus capable de travailler debout. Je travaille assise en continu, ce qui n’est pas le plus pratique dans les vignes ».
Alors, lorsqu’elle a entendu parler du travail de RB3D, qui est en train de développer un exosquelette capable de soulager le dos des personnes travaillant dans les vignes, notamment pour la période de la taille, Claire Race n’a pas hésité à contacter l’entreprise pour participer aux essais qui se font en ce moment même. « J’ai testé l’appareil une matinée en décembre et une semaine fin janvier. Lors du premier test, je m’étais dit que si j’arrivais à faire une demi-heure debout, ce serait génial. Au final j’ai fait la matinée complète, sans souffrir. J’avais hâte de le tester à nouveau car c’est quand même bien mieux de travailler debout », sourit-elle.

Se préserver pour durer dans le temps

« Lors du second test, sur la semaine entière, on m’a demandé de tester cet exoback au maximum, de voir ce qui pouvait être amélioré au niveau du confort, et même d’essayer de le casser pour tester sa solidité, ce que je n’ai pas réussi à faire », rit Claire Race. « Durant cette semaine, j’ai pu travailler les journées complètes debout, ce qui n’était plus possible depuis des années », assure-t-elle.
Pour Olivier Baudet, responsable commercial de l’entreprise RB3D, « l’exoback a un vrai effet positif sur les personnes qui ont mal au dos. Il apporte un certain niveau de bien-être. Mais l’appareil joue aussi un rôle de prévention pour ceux qui n’ont pas encore de douleur. On a cette logique d’améliorer les conditions de travail avant que les problèmes arrivent. Car si on veut durer dans le temps, il faut se préserver ».
Les tests au domaine Denis Race vont se poursuivre encore les prochaines semaines. « Le but avec ces essais, c’est d’avoir, à terme, un appareil le plus abouti possible. On prend en compte toutes les remarques qui sont faites et on essaye de faire des modifications pour que l’exoback colle au mieux aux attentes des utilisateurs », continue Olivier Baudet. « Plus les essais sont longs et plus cela permet d’observer si les effets positifs de l’appareil sont durables ou non. Car le but c’est que l’exosquelette soit efficace sur le long terme, pour que les viticulteurs l’utilisent au quotidien dans leurs travaux dans les vignes ».
D’autres tests ont lieu dans le Chablisien, ainsi qu’en Champagne, en Côte-d’Or et dans le Bordelais, puis prochainement en Provence, dans le Jura et en Alsace. Avec l’objectif que la conception de l’appareil soit figée mi-mars. « On commence à avoir un échantillon représentatif de différentes manières de travailler et de différentes typicités géographiques », ajoute-t-il.
Quant à Claire Race ? Poursuivre son activité dans les vignes à plus long terme semble désormais possible. « Si cet appareil me permet de travailler avec moins de douleurs, cela me permet d’envisager plus sereinement l’avenir. Car je dois avouer que je me pose la question de savoir si dans cinq ou dix ans je pourrais encore travailler dans les vignes. J’ai bon espoir qu’avec l’exosquelette je puisse continuer à le faire encore longtemps ». C’est tout le mal qu’on lui souhaite.