Déchets agricoles
Deux astuces d’agriculteurs recycleurs

Véronique Gruber et Léa Rochon
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Pour recycler leurs déchets, les agriculteurs ne manquent pas d’ingéniosité. À Solignac-sur-Loire, en Haute-Loire, l’un d’entre eux a conçu sa propre presse à plastiques. Dans la Drôme, un éleveur a pris l’habitude de compresser ses déchets avant l’arrivée des camions de collecte.

Deux astuces d’agriculteurs recycleurs
Gilles Tallobre à côté de l’une de ses bottes de plastiques agricoles usagés. (Crédit ©HLP)

À 63 ans, Gilles Tallobre installé depuis 1980 sur une ferme dans le village de Coucouron à So­lignac-sur-Loire, déborde d’énergie. Outre le travail quotidien de son exploi­tation, cet agriculteur bricole, soude… et invente des astuces pour se faciliter la vie. Investi depuis le dé­part dans la collecte de plastiques agri­coles usagés, organisée par la Chambre d’agriculture de Haute-Loire en parte­nariat avec Adivalor, Gilles Tallobre a, au fil du temps, réfléchi à la manière la plus astucieuse de stocker ses plas­tiques jusqu'au ramassage. Sa réflexion a abouti à la conception d’une presse à plastiques. Un outil « maison » dont il souhaite partager la conception avec les autres agriculteurs.

Bien stocker pour éviter la dissémination dans la nature

Pour nourrir son cheptel, Gilles a opté pour l’enrubannage (venu en remplacement de l’ensilage il y a quelques années) soit 350 balles par an en moyenne. Il récolte aussi généralement 140 balles de foin et 100 de paille (pour sa sta­bulation entravée). Cette production fourragère induit l’utilisation de bâches plastiques, ficelles et filets. Or, au fil de l’ouverture des balles de fourrage, il revient à chaque agriculteur de veiller à les stocker correctement pour éviter toute dissémination au gré du vent et des intempéries. Chez Gilles Tallobre, pas question de laisser s’envoler ces plastiques pour les voir ensuite pendre le long de ses clôtures à barbelés. Une image peu attrayante pour les habitants du village et pour les nombreux randon­neurs venus de la voie verte située en contrebas, qui passent juste devant sa ferme… Gilles ne conçoit pas non plus de voir atterrir ce genre de plastiques dans l’eau de la rivière qui coule quelques cen­taines de mètres en aval de son village.

Compresser ses déchets à moindre coût

C’est ainsi qu’il a inventé un outil efficace et surtout à moindre coût (maximum 50 €) pour bien stocker ses plastiques. Il a récupéré, dans son stock de maté­riaux à recycler, des plaques de fer d’une bonne épaisseur et les a assemblées pour former une presse, à installer sur le chargeur de son tracteur. Quant aux plastiques usagés, ils sont placés, au fur et à mesure de l’utilisation des balles de fourrages, dans un container en plas­tique (percé au fond pour permettre l’écoulement de l’eau en extérieur) lui-même inséré dans l’armature métallique d’un récupérateur d’eau. « La première étape consiste à sangler le container de l’intérieur en plaçant des ficelles au fond. On les laisse déborder sur les côtés et elles serviront à sangler les bottes. Vous pouvez ensuite y déposer les plastiques usagés. Et lorsqu’il y en a suffisamment, je presse avec mon chargeur, ce qui procure une très bonne maniabilité grâce à la commande hydraulique. En général, je presse trois fois chacun des containers, cela ne me prend pas beaucoup de temps. Une fois pressées, ces bottes de plastiques seront positionnées à des endroits stratégiques de ma ferme pour protéger du vent et des courants d’air ». Astucieux, cet outil est aussi multifonction. « Je m’en sers de presse à plastiques et également pour enfoncer les piquets de clôture ».

Moins de volume que du vrac !

Dans la Drôme, Jean-Marc Grange est loin de regretter l’époque où ses « tas de ficelles traînaient partout » dans son ex­ploitation. Cet éleveur laitier prend tel­lement à cœur le recyclage des déchets qu’il en a lui-même lancé la collecte sur le secteur de Châteaudouble. Chaque année, le volume de déchets collecté augmente. Une réelle fierté pour ce pro­fessionnel, qui a également mis en place une solution pour compresser les plas­tiques qu’il accumule avant la collecte. « Je crée un carré avec des palettes et des ficelles sur les côtés, puis je tasse avec mon tracteur et une botte rectangulaire, cela fait bien moins de volumes que du vrac ! » Des pratiques quotidiennes et peu coûteuses qui pourraient inspirer bien d’autres agriculteurs.