FDSEA
Face aux attentes sociétales, « l'agriculture n'a pas cessé de progresser »
Lors de l’assemblée générale de la FDSEA, une table ronde a été organisée sur la thématique des « attentes sociétales à l’épreuve de la réalité ». Avec pour intervenant, Sébastien Windsor, président du réseau Chambres d’agriculture France, Damien Calandre, directeur de Duc, et Dominique Vérien, sénatrice de l’Yonne.

« Nous constatons de plus en plus un fossé entre les attentes des citoyens et notre agriculture », introduit Damien Brayotel, président de la FDSEA de l’Yonne.
Lors de l’assemblée générale du syndicat majoritaire agricole (lire page 6), une table ronde, animée par Hélène Hertgen, référente syndicale à la FNSEA, a été organisée sur le thème des « attentes sociétales à l’épreuve de la réalité ».
Pour le président de la FDSEA locale, « le citoyen veut manger français, local, des aliments de bonne qualité, voire bio », mais il veut aussi « des réglementations qui encadrent le plus possible l’agriculture : le respect du bien-être animal, produire vert – que ce soit sur le volet énergétique mais aussi de la production sans intrants – il veut une gestion de l’eau et de l’air qui soit irréprochable d’un point de vue agricole. Il veut de la biodiversité, une campagne flamboyante où toute forme de vie se croise. En fait, il a une vision très familiale de notre agriculture, à l’image de « Martine à la ferme », avec une vache, un cochon, une poule, un chien ».
Dominique Vérien, sénatrice de l’Yonne, a tenu à nuancer cela en précisant « qu’il n’y a pas qu’un seul citoyen et un seul consommateur, mais des citoyens et des consommateurs. Ce ne sont pas forcément les mêmes qui veulent acheter pas cher et qui revendiquent des choses par rapport à l’agriculture ».
Selon Sébastien Windsor, président du réseau Chambres d’agriculture France, il y a une forme de fossé entre le monde agricole et le grand public qui s’est créé ces dernières années, à cause de la baisse de la population agricole. « En 1950, la population des exploitants agricoles pesait 78 % de la population française. En 1982, elle représentait 7 %. En 2022, nous sommes à 1,5 % de la population française. Cela a distendu le lien et la compréhension du monde agricole. Et dans cette même période, le lien générationnel s’est aussi distendu », explique-t-il. « Dans la génération de mes parents, 80 % des citoyens avaient un oncle ou un grand-père agriculteur. Ils avaient ce lien familial à l’agriculture. Dans la génération de mes enfants, on tombe à moins de 5 %. Ces jeunes ne découvrent alors l’agriculture qu’à travers des livres d’images ».
Des attentes et des actes du consommateur qui diffèrent
Pour autant, comme le dit Sébastien Neveux, président du canton de Cruzy-le-Châtel, « l’agriculture n’a pas cessé de progresser depuis 20 ans par rapport aux attentes sociétales ».
Et celles-ci sont nombreuses, évoluant au fil du temps. « Il y a le sujet des nitrates, qui était primordial il y a dix ans chez les consommateurs. Là-dessus, on a fait un certain nombre d’efforts et on a obtenu des résultats », commence à lister Sébastien Windsor. « Il y a aussi le sujet des produits phytos, celui du bien-être animal, sur le changement climatique, l’eau ou encore la biodiversité. Ça, ce sont les attentes du consommateur et quelque part les injonctions qu’ils « donnent » à l’agriculture ».
Mais pour ce dernier, lorsque l’on se penche plus précisément sur la réalité de l’acte d’achat du consommateur, les choses sont différentes, notamment ces derniers mois. « Depuis la guerre en Ukraine, on a perdu 11 % sur le budget alimentaire des Français en quasiment un an, par rapport à la moyenne 2017-2019. Et lorsque l’on regarde les enseignent commerciales qui ont tiré bénéfice de cela, ce sont plutôt celles qui ont des images de prix bas, comme Leclerc, Lidl ou Aldi ».
Sur cette baisse de 11 %, on note aussi une baisse de volume consommé pour un certain nombre de produits, ainsi qu’une descente en gamme. « Lorsqu’il réduit de 11 % son budget alimentaire, le Français ne va pas manger beaucoup moins, mais moins bien », affirme Sébastien Windsor.
Pour Damien Brayotel, « dans un contexte d’instabilité de tout ordre, nous (les agriculteurs) avons un devoir de répondre point par point à toutes ces difficultés. Il faut toujours insister sur le besoin de production, en quantité et en qualité. Il s’agit aussi d’un besoin pour l’équilibre économique de nos fermes, ainsi que de nos filières. Et il n’y a pas un modèle unique de production. La segmentation répond à des marchés. Nous devons produire pour toutes les gammes ».
Mais pour cela, le président de la FDSEA indique que les agriculteurs ne peuvent pas accepter « des objectifs contradictoires des pouvoirs publics de nous imposer des cahiers des charges toujours plus verts, du bio, des labels et de ne considérer que le prix comme critère de choix pour les appels d’offres par exemple. Ou bien faire croire au consommateur que la seule solution au pouvoir d’achat réside dans une alimentation toujours moins chère ».