Histoire 3/ 3
Résonance actuelle
Pour faire suite aux deux premiers articles de Michel Petit (voir TDB n° 1746 et 1747), voici donc le dernier consacré aux Mathieu d’Oyé en Brionnais et aux Damas d’Anlezy. Celui est axé, pour finir, sur les résonances que leurs travaux ont eues au XIXe et XXe siècles.
Après avoir passé en revue l’introduction du Charolais par les Damas et les Mathieu dans le paysage Nivernais, Michel Petit s’attache à un dernier pan de leur histoire : les échos de leur investissement au XIXe et XXe siècles. Ainsi, l’histoire se poursuit avec un contemporain d’Antoine Mathieu, le Comte de Bouillé (1816-1889).
Standard des races
Ce dernier reprend la ferme de Villars après ses études « et fait le choix de spécialiser et de rationaliser son exploitation agricole » selon les archives familiales. Dans les années 1850, Villars devient une ferme modèle avec ces résultats si convaincants qu’en compagnie de dix autres éleveurs il crée le premier Herd-Book Charolais de la race nivernaise. Toutefois, en 1863, la Société agricole de la Nièvre reprend l’initiative d’un nouveau Herd-Book Charolais suivi d’un règlement en 1864 ; la première livraison contenait les noms de 39 mâles et 10 femelles. Après un certain déclin en 1896 l’idée fut reprise et en 1898 avec une commission fonctionna régulièrement. Durant cette période, le Comte de Bouillé voyage en Grande-Bretagne et fait la connaissance d’un économiste membre de l’Institut, Jonas Webb, grâce à qui il découvre la race ovine locale South Down, qu’il introduira en France. Passionné de races, il s’intéressera aussi au cheval de trait « la bête noire » et crée en 1880 le Sud Book des animaux de la race chevaline nivernaise de trait. Pour rappel, dans les années 1870, il préside la Société d’agriculture de la Nièvre et sous la troisième République engagé dans la vie politique, il est élu représentant du département de la Nièvre à l’Assemblée Nationale. Là, il milite pour la création d’un ministère de l’agriculture et pour l’émancipation de l’enseignement agricole avec la création de l’Institut National Agronomique (dit Agro créé, par la suite, en 1848 à Versailles).
Plus de frontières
Au-delà du milieu agricole pur et dur, le Charolais fit aussi des amoureux dans l’Art à l’image de Rosa (Rosalie) Bonheur (1822-1891) à qui la toile « Labourage Nivernais, le sombrage » 1849 permis de constituer une publicité inattendue. Pour rappel, tout commence en 1841 lorsqu’elle participe à son premier salon à l’âge de 18 ans avec « Deux lapins ». En 1845 avec « Labourage » elle reçut une médaille de 3e classe puis en 1848 une médaille d’or pour « Taureaux et bœufs ». Ce dernier lui vaut une commande officielle pour une toile grand format : « Le labour Nivernais » en 1849. Puis, elle touche du doigt la gloire avec « Le marché aux chevaux » après trois ans de travail. Elle en obtiendra un véritable triomphe en Angleterre et aux États-Unis. L’arrière-petite-fille de Claude Mathieu, Ester, invita l’artiste à plusieurs reprises de 1848 à 1850 au château de la Cave - relais de chasse ravagé par les flammes en 1874, et reconstruit au XXe siècle pour devenir le Château du Chêne à quelques kilomètres au nord de Beaumont-Sardolles. Pour « Morellet et collaborateurs » : « la Cave n’est à citer que parce qu’il était le rendez-vous de chasse des Duc de la Nièvre ». Que ce soit dans l’Art ou dans l’élevage Charolais tel qu’il est connu et pratiqué aujourd’hui, les travaux réalisés par les Damas et les Mathieu semblent avoir mis un pied dans la transmission éternelle.