Innovation
Un chariot électrique pour assister le travail manuel de la vigne

Christopher Levé
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À Courgis, Émilien Bouc a développé un chariot électrique capable d’apporter une assistance au travail manuel de la vigne. Pour ce projet, nommé E’mule, il a été élu coup de cœur du jury lors du concours Agreen startup dont la remise de prix s’est faite lors du salon de l’agriculture, à Paris.

Emilien Bouc
Emilien Bouc a développé un chariot électrique capable d'apporter une assistance au travail manuel de la vigne.

Le salon de l’agriculture est souvent l’occasion choisie pour la remise de prix de concours en lien avec l’agriculture. C’est le cas du concours Agreen startup (dédié aux start-up qui développent des innovations technologiques relatives à l’agronomie ou l’agroécologie), où un Icaunais a été primé dans la catégorie coup de cœur. Cet Icaunais, c’est Émilien Bouc, originaire de Courgis, qui a eu l’idée de développer un système électrique consacré à l’assistance du travail manuel de la vigne.
C’est d’ailleurs dans cette commune du Chablisien que tout a commencé pour lui et son projet nommé E’mule. « Étant d’une famille de viticulteurs, j’ai dû aller très souvent aux vignes. Seulement moi, le métier manuel de la vigne ne me passionne pas du tout », rit-il. « Je me suis toujours dit qu’il y avait des choses à faire pour améliorer le confort de travail dans les vignes. Du fait de ma passion pour les Legos, j’ai décidé de faire des études de conception en mécanique. Au final, j’ai voulu allier mes compétences de dessinateur industriel et de viticulteur pour créer une machine qui répond aux besoins que j’estime être utile dans les vignes », détaille Émilien Bouc.
E’mule, qui est aussi le nom du projet, est un chariot électrique multimodulaire. « L’idée est d’avoir un produit qui répond à diverses tâches dans la vigne. On va pouvoir travailler assis, on va avoir un module qui permet de porter des charges lourdes et encombrantes. C’est un système électrique (avec une autonomie d’une dizaine de kilomètres, ndlr) qui vient remplacer des engins thermiques. Le but est tout simplement d’améliorer le confort de travail de ceux qui sont dans les vignes. Et d’avoir un produit économiquement abordable qui répond à plusieurs problématiques ». Pour le prix, il faut compter au minimum 4 800 euros HT pour la version simple du chariot avec un plateau et quatre roues motrices.

Préserver la santé des viticulteurs

Aussi, avec E’mule, « l’idée est de préserver la santé des gens une fois que leur activité est terminée. Il y a beaucoup de personnes, à la fin de leur carrière, qui sont cassées en deux. Donc si on peut leur éviter ça, c’est très bien », assure Émilien Bouc. « Cela peut également être une des solutions pour pallier le manque de main-d’œuvre, qui est très compliquée à trouver. Et il y a l’aspect écologique. On a une machine légère, qui peut répondre à pas mal de tâches que fait l’enjambeur. L’objectif était de développer un produit qui fait l’intermédiaire entre l’homme et la grosse machine, équipé d’outils qui permettrait de revenir à un travail plus raisonné et moins intensif ».
Depuis le début de l’aventure en 2017, Émilien Bouc a fait du chemin avec son projet. « Je viens tout juste de terminer le prototype et de finir le chariot numéro un qui sera mis en vente prochainement. Là, je suis encore sur une démarche de réflexion pour la distribution du produit ».
Des essais ont eu lieu sur le terrain dans les vignes familiales et de celles d’amis, sur tous types de terrain. « J’ai un produit qui est capable de monter une côte à 35 % dans tous types de terre. Le Chablisien était mon cahier des charges car si le produit passe dans les vignes du Chablisien, il passera partout », sourit-il. « On a des vignes avec des pentes importantes, des rangs pas très larges, des terres assez grasses. J’ai réussi à combiner ce que je voulais pour qu’il soit fonctionnel dans ces vignes. Mais il n’est pas destiné qu’aux viticulteurs du Chablisien, il est adapté à toutes les vignes de tous les secteurs ».
Le projet est passé par plusieurs phases de développement et plusieurs prototypes (il y en a eu quatre). « Sur chaque machine, il y avait des choses qui allaient, d’autres qui n’allaient pas. Au fur et à mesure, j’ai réussi à combiner tout ce qui fonctionnait sur une seule et même machine qui me satisfait », ajoute Émilien Bouc.
Désormais, il y a encore une panoplie de modules que le concepteur du projet souhaite développer. « Je compte sortir un module de rognage et de broyage de sarments. Le module siège de taille est déjà fait. Il permet d’être assis et face à la vigne pour tailler. Ainsi que le plateau pour porter des charges. Il y aura aussi une petite benne pour sortir les raisins et encore plein d’autres ». Émilien Bouc souhaite aussi proposer son produit à d’autres professionnels du monde agricole, pas seulement qu’aux viticulteurs. « Je vise aussi le maraîchage et l’agriculture manuelle qui ont ce genre de besoin. Mon produit peut aller partout, même sous une serre ». De quoi permettre à beaucoup de travailleurs de soulager des tâches qui mettent souvent à mal le corps sur le long terme.

Innovation
Ce chariot, nommé E'mule, est multi-modulaire pour être utilisé sur un maximum de tâches effectuées dans les vignes.