Chambre d'agriculture

À la rencontre d'Emmanuel Jobard

Originaire de Saône-et-Loire, c'est à Dijon qu'Emmanuel Jobard fait ses études supérieures, jusqu'en Master, puis à Nancy (Lorraine), en doctorat. « Je suis géologue de formation. J'ai été formé sur tout ce que touche au système terre et à son environnement. J'ai fait une thèse de doctorat sur le stockage géologique de CO2 (soutenue en 2013). Celle-ci consistait à faire des modèles expérimentaux, en laboratoire, où de la roche était mise en contact avec du gaz carbonique afin de regarder dans des conditions de pression et de température très profonde, comme cela se comportait, pour voir la faisabilité de ce type de technologie. Pour cela, je suis parti de l'idée que pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, une des solutions consiste à le stocker directement sous terre dans d'ancien réservoir de pétrole, par exemple. Assez rapidement, il passe en forme ionique et, à échelle géologique, il se transforme en roche. Il est donc stocké durablement. Ma thèse a donc participé à la connaissance de ce genre de système », sourit Emmanuel Jobard. « Je suis très axé sur les thématiques climatiques liées à l'augmentation de l'effet de serre », ajoute-t-il.

Un parcours atypique

Après ses études, il intègre une start-up, à Dijon, qui travaillait sur de l'imagerie scientifique aérienne, avant de rejoindre le groupe Carrefour, comme manager, à Sens puis à Troyes. Cependant, la science lui manquait. « J'ai alors trouvé un emploi, sur Paris, où j'ai travaillé dans la détection de réseau sous-terrain (gaz, électrique, télécom). J'utilisais donc des appareils pour détecter ce qu'il y a dans le sous-sol, que l'on trouve beaucoup en géologie, ma formation initiale », continue Emmanuel Jobard.
Il rejoint ensuite la CCI (Chambre de commerce et d'industrie) de l'Yonne, à Auxerre, où il travaille sur tout ce qui touche à la gestion des déchets en entreprise. « En parallèle, j'ai créé une start-up, InGen (Innovation pour les géosciences), avec un associé. On faisait toutes les études géologiques de sols et de sous-sols. J'avais en tête une innovation que je voulais développer sur la façon dont on étudie les roches en laboratoire. Je voulais agréger tout ce que j'avais appris pendant ma thèse et pendant mon expérience en start-up, pour changer la méthode d'analyse des échantillons et des carottes géologiques, pour les reconstituer en 3D avec la photogrammétrie. L'association s'est terminée. On n'a pas pu développer le prototype voulu mais, là où je suis quand même content, c'est que ce que j'avais en tête est quand même aujourd'hui sur le marché, même si ce n'est pas moi qui l'ai fait. Une entreprise Australienne l'a créé », confie-t-il. « J'ai ensuite intégré la Communauté d'agglomération de l'Auxerrois, où j'ai travaillé au développement économique comme chargé de mission. J'ai notamment travaillé sur la mise en place de l'incubateur de start-up sur Auxerre, AuxR Green Lab, et sur le développement de la filière hydrogène autour de la station et des usages ».

Des missions diverses et variées

C'est à la Chambre d'agriculture de l'Yonne que sa carrière se poursuit. Depuis le mois d'août, l'homme de 40 ans est le responsable du département territoires, environnement, terroirs, un poste occupait par Édith Foucher, partie à la retraite.
« Ici, mes missions sont diverses et variées. Je travaille sur les sujets qui touchent à la ressource en eau, à sa qualité et sa quantité, avec une équipe dédiée à l'animation des points de captage en eau potable ; sur les thématiques liées au changement climatique ; sur les sujets qui touchent aux énergies renouvelables, comme l'agrivoltaïsme ; sur la valorisation des ressources locales ; sur tout ce qui touche à la pédologie, les études des sols ; l'urbanisme et les évolutions de PLU où notre rôle est de garantir que l'activité agricole est bien maintenue et préservée de ces modifications ; et le développement local avec les territoires, notamment à travers des projets alimentaires territoriaux », liste-t-il. « J'ai la chance d'avoir des experts sur tous ces sujets dans mon équipe, avec qui j’ai beaucoup de plaisir à travailler, tout en apportant une vision enrichie de mon parcours pour fixer ensemble un cap cohérent », conclut Emmanuel Jobard, en souriant.