Gendarmerie
La hausse des matières premières : une cause de la recrudescence des vols sur les exploitations agricoles

Christopher Levé
-

Depuis quelques mois, une recrudescence des vols sur les exploitations agricoles est à constater. Carburant, outillage, ferraille... depuis la hausse des prix des matières premières, ces dernières sont devenues la cible privilégiée des voleurs.

Gendarmerie
Depuis la hausse des matières premières, une recrudescence des vols sur les exploitations agricoles est à constater (photo : Gendarmerie nationale).

Lors du week-end de Pâques, plusieurs milliers d’euros d’outillage ont été volés à la scierie de la commune d’Hauterive. Plusieurs milliers de litres de carburant ont également été dérobés dans le même secteur, sur cette même période. Des faits qui sont loin d’être isolés dans le département. Au début de l’année, c’est la commune de Villeneuve-l’Archevêque qui était ciblée avec plusieurs centaines de litres de GNR volées. « La plupart des faits dans le département, au niveau des exploitations agricoles, concernent le vol de carburant, le vol de petits et moyens outillages, ou encore de la ferraille. Tout ce qui tient dans un camion en somme », indique le Major Stéphane Verse, référent sûreté du groupement de la gendarmerie de l’Yonne. « On constate une recrudescence depuis le début de l’année, voire un peu avant, avec la hausse des prix des matières premières ».
Avec la crise sanitaire et les confinements, le nombre de vols et cambriolages avait largement chuté dans l’Yonne. Cependant, avec le retour à la quasi « normalité », il était prévisible que ces délits repartent à la hausse. « Aujourd’hui, on est sur des chiffres similaires à ceux avant la crise sanitaire », affirme le Major Verse.

Des vols de nuit, comme de jour

Des vols qui, contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, ne se font pas seulement de nuit. « Sur les exploitations, ils se font aussi la journée, lorsque celles-ci sont un peu éloignées de toutes habitations », poursuit-il.
Des faits facilités par le manque de protection de certaines exploitations, qui ne ralentissent pas les voleurs. Pourtant, il existe des choses à mettre en place, souvent à faibles coûts, pour dissuader les voleurs d’agir. « Il y a la protection périmétrie, c’est-à-dire tout ce qui est clôture et accès à l’exploitation. Il est bien d’avoir une vraie clôture, qui n’est pas forcément grillagée, cela peut-être aussi une clôture végétale comme une haie. L’idée est d’empêcher un véhicule de s’approcher le plus possible de la zone du vol », détaille le Major Verse. « Pour les portails, dans la mesure du possible, il est mieux de les laisser fermer lorsqu’on n’est pas sur l’exploitation ».
L’éclairage est aussi un moyen intéressant pour repousser les voleurs et alerter le voisinage d’une intrusion. « Et même s’il n’y a pas d’habitation aux alentours, si un véhicule ou une patrouille passe, cela attire l’attention. Et les passants auront peut-être plus facilement le réflexe d’appeler le 17 en soupçonnant quelque chose d’anormal ».

Les caméras, l’atout numéro 1

S’ils sont plus coûteux, les systèmes de protection par caméras ou pièges photos sont néanmoins les plus efficaces. « Pour les caméras, il faut qu’elles soient visibles, pour l’aspect dissuasif, et qu’elles surveillent les accès aux sites et aux différents hangars », précise le Major Verse.
Pour les vols de carburant, des dispositifs permettent de les détecter directement. « On peut mettre en place une petite sonde qui s’installe aussi bien sur les engins que sur les cuves. Lorsqu’il y a une baisse brutale du niveau de carburant, cela envoi une alarme sur le smartphone de l’exploitant. Il est même possible de raccorder ce dispositif à une alarme sonore sur le site », explique-t-il.
Un chien est également considéré comme un dispositif de protection. « L’essentiel c’est qu’il aboie », sourit le Major Verse. Dans le cas où un chien mord un cambrioleur, l’exploitant ne risque toutefois pas grand-chose, « car il y a déjà la violation de domicile voire de tentative de cambriolage ».
En cas de vol, il est essentiel de prévenir la gendarmerie. « Certains exploitants ne nous signalent pas les faits lorsqu’ils sont victimes de dégradations ou de « petits » faits. Pourtant, même s’ils ne veulent pas déposer plainte, il est intéressant pour nous qu’ils fassent remonter l’information car c’est ce qui nous permet de déterminer des zones où des vols peuvent à nouveau avoir lieu. En nous faisant remonter des faits, cela nous permettrait par exemple d’aménager nos services pour des patrouilles, des interventions spécifiques, des points de contrôle sur des carrefours », assure le gendarme. De quoi faciliter le travail des militaires et réduire les risques de nouveaux vols sur son exploitation ainsi que sur celles de ses voisins.

Note : Pour obtenir des conseils afin de protéger son exploitation, contacter le Major Stéphane Verse au 06 46 87 26 72 ou à stephane.verse@gendarmerie.interieur.gouv.fr.