Chambre d'agriculture
Favoriser le contact entre les gendarmes et les agriculteurs

Christopher Levé
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En janvier, deux sessions de formation ont été animées par la Chambre d’agriculture de l’Yonne à destination des jeunes gendarmes affectés sur le département. Celles-ci ont été faites à la demande de la gendarmerie avec la volonté que les jeunes gendarmes aient davantage de connaissance du monde agricole et des contraintes liées aux exploitations, et de favoriser le contact entre les militaires et les agriculteurs. Des formations similaires sont prévues pour ces gendarmes avec une présentation du monde de l’industrie et du monde des élus.

Gendarmerie
En janvier, deux sessions de formation à destination des jeunes gendarmes ont été assurées par la Chambre d'agriculture (crédit photo : Chambre d'agriculture de l'Yonne).

Depuis le 17 mars 2020, date de l’application du premier confinement sur le territoire français, le quotidien des gendarmes, comme celui de la population entière, a été bouleversé. Les opérations de contrôles (d’établissements, de personnes ou autres) dans le cadre de la pandémie ont pris une grande part de l’activité de terrain des militaires. « Le constat qui est fait, c’est qu’il n’y a plus de relation ou de contact avec la population comme il pouvait y avoir avant », confirme le colonel Sébastien Monvoisin, commandant de groupement en second à la gendarmerie départementale de l’Yonne. « L’objectif pour 2022 au niveau du groupement est la formation de nos militaires et de reprendre la main sur le contact, ce qui est conforme aux directives du ministre de l’intérieur (Gérald Darmanin). Notre volonté est d’avoir une emprunte terrain en augmentation. Dans ce cadre-là, j’ai imaginé une formation sur trois axes : la présentation du monde agricole, la présentation du monde de l’industrie et la présentation du monde des élus, pour notre département », poursuit-il.
C’est dans cette démarche que la gendarmerie a sollicité la Chambre d’agriculture de l’Yonne pour suivre des sessions de formation avec la volonté de découvrir également les enjeux agricoles du territoire et le fonctionnement, avec ses contraintes et ses problématiques, d’une exploitation.

Les productions majoritaires présentées

42 jeunes gendarmes, affectés dans l’Yonne en 2020 et 2021, ont assisté à cette formation, découpée en deux sessions (deux militaires de la cellule de renseignement ont suivi cette formation, ndlr), animées par le président de la Chambre d’agriculture, Arnaud Delestre, et ces vice-présidents, Jean-Baptiste Thibaut et Nadine Darlot. « À nous trois, nous représentons les productions majoritaires du département (ils sont respectivement agriculteurs en grandes cultures, viticulture et élevage). Nous avions la volonté de brosser le contexte, les attentes et les difficultés de ces trois filières, pour donner un maximum de visibilité aux jeunes gendarmes », explique Arnaud Delestre.
Car, toujours dans un objectif premier de renouer avec le contact, permettre aux militaires d’avoir une meilleure vision du monde agricole favorisera les échanges futurs avec les agriculteurs, qui pourront, à leur tour, comprendre davantage les métiers de la gendarmerie. « L’idée, maintenant, est d’avoir la planification des tours de plaine organisés par les groupes techniques de la Chambre, pour que les militaires des brigades puissent y participer et prendre contact, échanger, intervenir sur des sujets divers et variés, directement avec les agriculteurs », reprend le colonel Sébastien Monvoisin.

Se connaître en dehors des appels d’urgence

Ces sessions de formation ont aussi pour but de favoriser la rencontre entre les deux parties, en dehors des appels liés à des problématiques, telles que des vols de matériel ou de carburant. « Souvent, les agriculteurs ne voient les gendarmes que lorsqu’il y a un problème. C’est donc intéressant de pouvoir sortir de ce cadre-là pour nouer des liens entre eux en amont », commente Arnaud Delestre. « En se rencontrant avant et en apprenant à se connaître, cela facilite les choses en cas de problématiques. Cela de répondre à certains besoins qui n’auraient pas été identifiés au préalable. Le but, pour la gendarmerie, est de donner aux jeunes gendarmes les éléments pour qu’ils aillent au contact des agriculteurs. Et qu’ils puissent leur présenter ce que la gendarmerie est capable de faire pour le monde agricole, sur la prévention des techniques de malveillances, des vols, ou autres », assure le colonel Sébastien Monvoisin. « Ce type de formation est important car le gendarme ne doit pas être décorrélé de son territoire. Nous avons un métier qui devient de plus en plus technique, un peu à l’image de l’agriculteur. Nous essayons de lutter comme nous le pouvons contre ce syndrome du « technicien ». Le but, avec ce type de formation, est d’ouvrir l’esprit des jeunes gendarmes, de les faire sortir de la procédure judiciaire et de la technique d’information, et qu’il aille sur ce que je juge être la meilleure partie du métier : le contact », conclut-il.