Alimentation
Des dérobées qui peuvent sécuriser un système fourrager

Alexandre Coronel
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Implantées après la moisson des céréales, les dérobées fourragères estivales peuvent, si la météo est favorable, constituer un levier de sécurisation du système fourrager.

Des dérobées qui peuvent sécuriser un système fourrager
Pour les éleveurs, les couverts implantés tôt derrière une céréale peuvent fournir un apport significatif de fourrage.

Les dérobées sont des cultures courtes pouvant s’intercaler entre deux cultures principales et permettant la production de fourrage. Ces dérobées ont l’avantage d’être très résistantes au sec et de pouvoir assurer une croissance en période critique en prenant le relais des prairies. Leur bon potentiel de pousse estivale et leurs faibles besoins en eau (hormis à la levée) en font des intercultures intéressantes. Certaines espèces peuvent être semées après la moisson des céréales, et bien que les possibilités de réussite soient limitées par des températures élevées et une faible pluviométrie à cette période, le pari peut parfois être gagnant. Sinon, privilégiez un semis à partir de fin août, juste avant le retour des pluies d’automne. Il faut compter au minimum 10 à 20 mm pour permettre la levée. Les dérobées estivales constituent de bons précédents pour les céréales d’hiver, les méteils grains et fourragers, et éventuellement des semis de prairies au printemps suivant. Le choix des espèces dépend de ses objectifs de valorisation, des conditions pédoclimatiques de sa parcelle et des caractéristiques propres à chaque espèce. Parmi les candidates possibles dans notre région, on peut citer pêle-mêle le ray-grass italien, l’avoine diploïde et l’avoine de printemps, le colza fourrager, le radis fourrager, la navette fourragère, la vesce commune… Dans tous les cas, il est essentiel de favoriser les espèces à implantation rapide et à forte croissance. Ces espèces peuvent être semées en pur ou en mélange.

Une culture économe

Les avantages des associations avec des légumineuses sont multiples : économie d’engrais azoté et fourniture d’azote plus élevée pour la culture suivante, meilleure couverture et structuration du sol (ports et systèmes racinaires complémentaires), fourrage plus appétant et plus riche en protéines. Une fertilisation azotée n’est pas nécessaire dans le cas de mélange avec des légumineuses ou après une culture laissant des reliquats azotés importants telle qu’un méteil fourrager ou une prairie. Dans le cas d’une dérobée sans légumineuse avec un précédent laissant peu de reliquats azotés dans le sol telle qu’une céréale, un apport de 30 à 50 Unités d’azote peut permettre d’assurer le rendement. L’objectif de ces dérobées reste avant tout d’avoir une culture économe pour que sa production reste intéressante dans le système. Les dérobées sont valorisées principalement en vert (pâturage ou affouragement) ou en fourrage humide. Le fourrage issu de mélanges cultivés en dérobée a une bonne valeur alimentaire, à condition d’être récolté au plus tard au stade début épiaison des graminées et avant floraison des légumineuses et crucifères. Dans le cas d’une récolte, la conservation se fait dans la plupart des cas en ensilage ou en enrubannage, du fait de la forte teneur en eau et de la période de fauche peu favorable à une récolte en foin de qualité. L’objectif est d’obtenir une teneur en MS d’au moins 25 % pour un ensilage (optimum 30 %, voire 35 % s’il y a beaucoup de légumineuses), et 40 % pour un enrubannage (optimum 50 %). Si le rendement de la culture est insuffisant pour qu’elle soit récoltée (ou que les conditions de récoltes sont défavorables), les dérobées feront un bon engrais vert.