Les Rencontres professionnelles Eau et Changement climatique pour une agriculture innovante et résiliente ont eu lieu le 22 novembre à Genlis, en Côte-d’Or. L’une des tables rondes abordait les pistes d’améliorations possibles en matière d’usage de l’eau.

Rencontres eau et changement climatique
En marge de ces Rencontres Eau et Changement climatique, un mini-salon présentait les actions en lien avec la problématique et les acteurs impliqués.

La question des usages de l’eau, en particulier en agriculture, fait aujourd’hui débat. Face aux évolutions du climat et au-delà des anathèmes, il faut réfléchir de manière collective au problème. C’est ce que proposait les Rencontres professionnelles Eau et Changement climatique pour une agriculture innovante et résiliente, organisées le 22 novembre en Côte-d’Or, à Genlis. Mises sur pied par la Chambre d’agriculture régionale de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) et les Chambres départementales, avec l’appui du Conseil régional de BFC, de l’État, de l’Ademe et de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, ces Rencontres voulaient favoriser les échanges entre acteurs techniques et économiques, permettre de partager des dynamiques territoriales et de découvrir des solutions d’adaptation. Dans ce cadre plusieurs tables rondes ont ponctué la journée. Celle intitulée « S’approprier les innovations pour s’adapter et atténuer » fut riche d’enseignements.

L’eau et sa qualité

Elle permettait notamment d’établir un lien entre ressources en eaux et ressource fourragère en élevage. « La qualité de l’eau est une vraie problématique, soulignait Eric Février, président de l’AOP Mont d'Or et de l’Union régionale des fromages d’appellations comtoise (Urfac). Sur ce thème nous travaillons avec les Chambres d’agriculture, le Conseil national des appellations d’origine laitières (Cnaol) et l''institut Agro Dijon. C’est essentiel parce que la qualité de l’eau est en lien avec les cahiers des charges des AOP ». Des préoccupations que l’on trouve aussi dans l’élevage allaitant, comme le faisait remarquer Julien Renon, responsable du pôle Bovin viande de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire et ancien responsable de la ferme expérimentale de Jalogny : « On constate des changements de pratiques autour des modes de récoltes des fourrages, avec une volonté d’amélioration dans le pâturage de l’herbe. Là, il y a des leviers à utiliser dans les exploitations, entre années sèches et années humides ». Parmi les leviers possibles, certains sont déjà identifiés : « Les bovins sortent de plus en plus tôt et rentrent de plus en plus tard, remarquait Eric Février, dans une logique d’optimisation de la ressource fourragère, mais il y a encore beaucoup de travail à faire sur l’herbe, notamment sur la récolte d’automne. Il faut apprendre à stocker de l’herbe à des moments où on n’en a pas l’habitude tout en faisant attention au problème bactériologique que cela peut poser sur le lait, très sensible en AOP ».

Recherche et débouchés

La recherche travaille aussi sur ces questions. Au sein du centre Inrae de Dijon, une politique de veille est en place, menée en collaboration avec les Chambres d’agriculture, les associations, les agences de l’eau, le pôle régional d’innovations en agroécologie Agronov et le pôle de compétitivité Vitagora., dans le but de bénéficier de « remontées terrain » et, partant de là, développer des actions ou des programmes de recherches spécifiques. « À Bretenière, près de Dijon, précisait Fabrice Martin-Laurent, directeur de l’UMR agroécologie à l’Inrae, a été mise en place une expérimentation zéro phyto et couverts du sol, sur 120 ha. La profession agricole a été mobilisée pour définir les systèmes innovants implantés sur la plateforme. Cette expérimentation a démarré il y a quatre ans, et on se rend compte que nous avons complètement sous estimé le changement climatique… » Preuve que dans le domaine, les choses vont très vite. Justement, parmi les acteurs mobilisés sur ces travaux de recherche, on trouve le pôle Agronov, dont le président, Frédéric Imbert, participait à la table ronde. Selon lui, la phase charnière que nous vivons actuellement doit inciter le monde agricole à s’emparer du problème : « il n’y aura pas une solution pour répondre à toutes les situations, mais une combinaison de solutions. Il faudra de nouvelles pratiques, de nouvelles cultures, de nouvelles filières, mais qui devront s’accompagner de vrais débouchés car la question finale de la valorisation conditionne tout le reste : Innover sans possibilité de valoriser derrière ne sert pas à grand-chose ».