Transformation
Filière protéines Extrusel

Françoise Thomas
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Rencontre avec Aline Saget, directrice de la communication de Bourgogne du Sud, sur l’activité et les perspectives des deux usines de Saône-et-Loire développées par la coopérative pour répondre aux demandes du marché en matière de protéines végétales à destination des alimentations animale et humaine. Un développement effectif mais non exponentiel, pour diverses raisons.

Filière protéines Extrusel
Trituration mécanique des graines dans l’usine Extrusel de Chalon-sur-Saône, avec d’une part l’extraction d’huile et d’autre part la production de tourteaux.

Quels ont été les volumes triturés cette année par Extrusel, à Chalon-sur-Saône, et avec quels débouchés ?

Aline Saget : "Sur cette campagne, nous avons trituré 45 000 tonnes de graines de colza, 39 000 tonnes de graines de soja et 3 300 tonnes de soja bio et soja C2. C’est une bonne année pour Extrusel puisque l’outil de production est saturé et que nous ne sommes donc pas en capacité de répondre à la demande de tourteaux de l’ensemble des partenaires que sont les fabricants d’alimentation animale. Malgré tout, l’assolement du colza se poursuit et va au moins rester identique pour 2023. Ce fut une très bonne année pour le colza sur l’ensemble de la Bourgogne. C’est beaucoup moins vrai pour le soja. En cause : les conditions climatiques qui ont conduit à un rendement décevant sur la campagne 2022 et l’on pressent déjà qu’il va nous manquer 20-25 % de graines de soja. Les mauvais rendements observés sur le soja depuis trois ans vont certainement avoir un impact majeur dès l’année prochaine, même si cette plante a des intérêts agronomiques qui permettront de limiter cette baisse de surfaces. Malgré tout Extrusel sera confrontée à un manque de graines, d’autant plus que de nouveaux outils sont en construction, consommateurs de graines régionales également. Il sera donc nécessaire qu’Extrusel diversifie sa production en triturant plus de quantités de graines de colza et en développant la trituration d’une nouvelle graine, le tournesol oléique, dont les surfaces se développent très rapidement sur notre territoire. Nous avons la possibilité de triturer trois types de produits : colza, soja et tournesol (en cours de validation pour ce dernier). Sur cette dernière production, il n’y a actuellement pas de trituration. Mais il y en a eu. On se pose donc la question de savoir si on ne pourrait pas mettre une option pour les années futures, en sachant qu’on continue de pousser le colza et le soja. On sent une vraie volonté d’aller vers la protéine locale. L’un des gros avantages d’Extrusel c’est qu’il s’agit de protéine locale avec des tourteaux revendus en circuit court. L’outil est saturé, ce qui nous permet de limiter au maximum les coûts de production, mais tout augmente par ailleurs, dont les prix des graines, calés sur les tendances de marché. Cette augmentation des coûts n’est pas forcément compensée par les huiles. Celles-ci, coproduits du pressage des graines, n’intègrent pas des circuits pour l’alimentation humaine".

Quelles sont les perspectives envisagées pour augmenter la capacité de trituration afin de répondre aux attentes du marché local ?

A.S. : "Cela fait partie des questionnements mis en œuvre cette année. À terme, il faudra se poser la question d’étendre l’outil ou de diversifier la trituration sur le tournesol. On n’y a pas encore apporté de réponse. Il faut dire qu’on était un peu précurseur sur ce type d’usine il y a encore quelques années, mais des projets similaires sortent de terre dans des territoires proches. Il y a donc un moment donné où la graine de soja ne va pas pouvoir alimenter toutes les usines et cela fait aussi partie du champ de la réflexion. Pour rappel, concernant la récolte de soja 2022, nous avions reçu, chez Bourgogne du Sud, début octobre, 16 000 tonnes de soja ce qui est en dessous du prévisionnel établi".

Comment ont évolué les activités de l’usine Selvah (Société pour l’extrusion de légumineuses valorisées en alimentation humaine) pour tout ce qui est protéine à destination de l’alimentation humaine ?

A.S. : "630 tonnes de protéines végétales texturées (PVT) de soja ont été produites cette année, auxquels s’ajoutent des tonnes de PVT d’autres produits, lentilles et pois chiche. Nous n’atteignons pas encore les objectifs de départ des 2 000 tonnes, mais on a de bonnes perspectives pour 2023 – 2024 où on imagine plutôt être sur 1 500-1 700 tonnes, et ce en soja très majoritairement. Il faut cependant noter que le développement des marchés pour Selvah prend plus de temps que prévu. On pensait être en phase beaucoup plus rapidement avec les attentes sociétales notamment avec les consommateurs qui s’orientent sur les protéines végétales plutôt qu’animales. Pour développer la commercialisation des PVT de Selvah, nous avons signé un partenariat avec une société qui est un acteur déjà très connu sur ce segment de l’incorporation de PVT dans l’alimentation humaine".

Exergue : « On se demande si on ne va pas mettre une option pour la trituration de graines de tournesol dans le futur »