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Transformation

Une boulangère, un boulanger et un fournil

Dans le Nord, Agnès Laurent et Aurélien Paré, respectivement boulangère et boulanger, ont décidé de faire fournil commun. Un fonctionnement original qui leur permet de pratiquer la boulange selon leurs règles.

Par Eglantine Puel
Une boulangère,  un boulanger et un fournil
Deux boulangers, un fournil et une même passion pour le pain au levain.

À La ferme des Mottes, à Marquillies, entre Lille et Lens, on peut acheter des légumes mais aussi du pain au levain. Les propriétaires des lieux louent un local à Aurélien Paré, alias Le fournil d'Aurèl, et Agnès Laurent, alias Planète levain. L'un est boulanger, l'autre boulangère, ça tombe bien. Ils ont décidé d'installer ici leur fournil qu'ils utilisent en alternance. Un moyen de limiter les coûts en mutualisant les équipements et de pouvoir exercer leur métier selon leurs règles. Il faut dire que les deux boulangers ont beaucoup en commun et qu'Aurélien a même été formé par Agnès ! « Cela fait un moment qu'on avait l'idée de ce fournil commun. Au départ on voulait créer un tiers lieu où se trouverait le fournil. Finalement ça ne s'est pas fait et moi j'étais un peu pressé d'avoir un local autre que mon cabanon au fond de mon jardin », raconte Aurélien Paré. Les deux boulangers font du pain au levain, avec un maximum d'ingrédients locaux et bios. Pour cet ancien touche-à-tout, la volonté de devenir boulanger arrive il y a cinq ans. « Je fais partie de l'association Wavrin en transition. Nous avions organisé la projection du film Le Champ des possibles. Un couple de boulanger raconte son métier et ça m'a parlé. Ensuite, j'ai vu un reportage sur Daniel Testard, un boulanger un peu à part, qui fait plein de choses à côté. Je voulais un travail que j'apprécie, mais qui me laisse du temps pour la musique et mon activité associative. »

Adapter son rythme de travail

De son côté, Agnès Laurent, ancienne technicienne chimiste dans le secteur de la prévention des risques de santé au travail, s'est lancée en 2015. « Quand ma fille est née, je me suis rendu compte qu'être séparée d'elle pour un travail que je n'aimais pas vraiment n'avait pas de sens. J'ai cherché ma passion car, en réalité jusqu'à ce moment-là j'avais suivi ce qui était facile pour moi. » Agnès Laurent passe donc un brevet professionnel pour devenir maraîchère. Puis, elle se dit qu'elle pourrait se lancer dans la culture de blé et faire du pain avec celui-ci. Deux enfants supplémentaires plus tard, « je me suis dit que faire du pain c'était déjà bien ! » plaisante Agnès Laurent. Elle décide alors d'adapter son rythme de travail pour avoir du temps avec ses enfants et installe son atelier chez elle. Elle crée son entreprise Planète levain. Autre avantage à ce fournil commun, le fait que les deux boulangers fassent le même type de pain. C'est-à-dire des pains au levain, avec un maximum de produits locaux et bios. Pour les fournées, du fait du partage, il faut s'organiser. Le lundi, le mercredi et le vendredi après-midi, c'est Agnès qui occupe le fournil. Le mardi et le vendredi matin, c'est Aurélien. Faire du pain au levain implique d'activer le levain la veille. Donc, « on fonctionne tous les deux avec un système de précommande. Puis, on livre nos points de vente respectifs », détaille Aurélien Paré.