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Essais

Un air agricole scruté de près

La Chambre d'agriculture de Côte-d'Or mène actuellement un essai destiné à mesure la volatilisation de l'azote sur une parcelle implantée en blé. Il est question de qualité de l'air et de bon compromis avec la valorisation nécessaire de cet azote. Les résultats seront diffusés en juin.

Par Berty Robert
Un air agricole scruté de près
Des capteurs ont été installés autour de la parcelle par l'association Atmo BFC.

Le 10 février, sur une parcelle expérimentale de la Chambre d’agriculture de Côte-d'Or, à Ouges, implantée en blé, des tracteurs et des épandeurs étaient à l'ouvrage. On mène ici, depuis la fin de l'été, des essais dont le but est d'étudier les pertes d'azote par volatilisation après épandage d'engrais. En septembre, un premier épandage d'engrais organique (digestat liquide issu de méthanisation) avait eu lieu avant l'implantation du blé. En ce début février, c'était le moment d'en accomplir un second, selon des modalités identiques au premier. L'expérimentation va se poursuivre avec, fin février, des apports d'engrais minéral sous différentes formes (azote liquide, azote sous forme d'urée, ou sous forme d'ammonitrate). L'objectif, comme le décrit Laëtitia Morge, conseillère en agronomie et coordinatrice des expérimentations au pôle Productions végétales annuelles de la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or, est de faire émerger un compromis satisfaisant entre préservation de la qualité de l'air et valorisation de l'azote pour les cultures. « Ces essais, ajoute-t-elle, s'inscrivent dans le cadre d'un appel à projets qui vise à sensibiliser les conseillers et les agriculteurs sur la qualité de l'air en agriculture. C'est un sujet qui n'avait pas encore été travaillé dans la région. Au-delà de la qualité de l'air, on s'intéresse à l'efficience de l'azote et à la part de l'azote qu'on apporte qui n'est pas valorisée en bout de course. On touche ainsi à la question d'une meilleure maîtrise des coûts en lien avec la fertilisation des cultures. »

Sous l'œil des capteurs

Une équipe de l'association Atmo Bourgogne-Franche-Comté (BFC) a positionné des capteurs, autour de la parcelle et sur elle, afin de capter les pollutions d'origine extérieure à la parcelle et celles liées à l'épandage expérimental. Les mesures vont permettre de comparer ce qui se passe entre le premier épandage et le second, en fonction de nombreux critères et notamment des conditions météo. « L'important, poursuit Laëtitia Morge, c'est de voir ce qui peut être mis en place, à l'instant « T » pour réduire les apports de digestat. » Trois modalités d'essais ont été mises en place :

- une bande où l'on épand sans rien faire d'autre

- une où l'épandage est enfoui avec un passage de herse étrille

- une où du biochar a été apporté, au mois de septembre : il s'agit là de voir si ces particules de charbon de bois retiennent suffisamment l'eau et les éléments dans le sol, afin de réduire la volatilisation.

L'expérimentation de septembre a montré que celle-ci se trouvait très réduite par l'enfouissement avec herse étrille et en partie aussi avec le biochar. « Il faudra voir si cela se confirme avec nos nouveaux épandages » conclut Laëtitia Morge. Il découlera de tout cela des observations portant également sur le niveau de valorisation de l'azote après la récolte du blé, en fonction des rendements observés. Une visite sera organisée sur la parcelle le 6 juin afin de présenter, entre autres, les résultats de ces essais, sur les plans agronomiques et de la qualité de l'air.