Les critères pour investir dans un broyeur de pierres
Quels sont les points à prendre en compte lorsque l’on veut s’équiper d’un broyeur de pierres ?

• Investir en fonction du tracteur présent sur l’exploitation
Lors de l’achat d’un broyeur de pierres, la première question concerne le ou les tracteurs disponibles sur l’exploitation. La puissance du tracteur va restreindre la liste des appareils qui lui seront attelés en fonction de l’objectif recherché. Les broyeurs sont en effet donnés pour une puissance minimale, mais aussi maximale.
La disposition des marteaux sur le rotor intervient aussi dans la puissance nécessaire à l’utilisation du broyeur, comme l’affirme Cédric de Bourayne, directeur général de Kirpy : « les broyeurs BPN, dont les marteaux sont positionnés en double spire, ne nécessitent que 120 à 130 chevaux pour 2,50 m de largeur de travail, alors que les BPS, à quatre rangées de marteaux exigent 200 chevaux, car les sollicitations sont plus discontinues, avec des pics de couple ».
P.-D.G. de la société éponyme, Éric Bugnot propose d’exploiter l’existence de plusieurs régimes de prise de force sur les tracteurs pour réduire la puissance nécessaire. « Quand on a les régimes de 1 000 et 750 tr/min disponibles sur les tracteurs et que l’on n’est pas pointilleux sur la granulométrie, on peut se permettre de réduire la vitesse de rotation du broyeur, explique le P.-D.G. Les besoins de puissance, donc la consommation, seront diminués et l’usure, qui est proportionnelle au carré de la vitesse, sera également fortement réduite ».
Sur les appareils à haut rendement, Bugnot optimise le transfert de puissance par une transmission à cascades de pignons (à sécurité sur amortisseurs), présentant un rendement plus élevé qu’avec un système par courroies.
La transmission du tracteur figure aussi parmi les critères déterminants. Sur les boîtes de vitesses mécaniques ou semi-powershift, la présence de gammes rampantes est nécessaire pour travailler à une vitesse suffisamment lente avec le broyeur de pierres. Les transmissions à variation continue offrent quant à elles une plage de vitesses compatible avec l’usage des broyeurs de pierres.
• Un usage agricole ou combiné à de la prestation TP
Le champ d’action du broyeur de pierres est aussi à prendre en considération. « S’il ne fait que du broyage dans les champs, à une profondeur de 10-15 cm, le besoin de puissance et le type d’appareils que l’on conseillera seront différents pour l’utilisation de la réfection de chemins ou pour développer une petite activité annexe dans le TP », précise Éric Bugnot. En effet, 150 chevaux suffisent pour un appareil pur agricole de 2,50 m de large, quand 350 chevaux sont nécessaires pour piocher à 40 cm avec un outil typé travaux publics de même largeur. Dans certaines régions, comme les Causses, la profondeur de travail peut même se limiter à 5 cm, avant le semis d’une prairie : l’objectif est surtout de ne plus retrouver de pierres dans le fourrage et limiter ainsi l’usure des matériels de récolte.
• Le choix de la finesse
La taille des résidus de broyat est un critère plus ou moins important selon le type de travail souhaité. « Pour la réfection d’un chemin par exemple, on réalise un premier passage avec les enclumes ouvertes et la vitesse de rotor réduite pour obtenir une granulométrie assurant la portance du chemin entre 40 et 45 cm de profondeur. Ensuite, nous repassons avec les enclumes fermées et la vitesse du rotor maximale entre 5 et 10 cm de profondeur pour broyer fin et assurer une bande de roulement optimum ». Avec l’ouverture de la porte, la vitesse d’avancement est le critère prédominant de la finesse des résidus. Moins vite l’outil avance, plus fins seront les résidus. Parallèlement, une grande ouverture de la porte donnera de gros morceaux de résidus. Les constructeurs intégrant une enclume à réglage hydraulique promettent en plus de cribler précisément la taille maximale des résidus en gérant la distance entre les marteaux et les enclumes. Le public agricole se montre toutefois moins exigeant en ce qui concerne le calibre des broyats. « En outre, si on broie trop fin, on va tendre à asphyxier le sol, ce qui n’est pas l’objectif », ajoute Patrick Culy, commercial sédentaire pour Plaisance équipements.
• Des résidus végétaux intégrés dans le broyat
Certains agriculteurs souhaitent intervenir sans avoir à travailler le sol en amont. Certains outils ne sont pas adaptés pour évoluer directement sur les chaumes. « Les appareils à marteaux mobiles ne conviennent pas à ces conditions », explique Cédric de Bourayne, qui constate une tendance vers les broyeurs à marteaux fixes. Outre les chaumes de culture, il existe d’autres résidus végétaux, comme des souches dans le cadre d’un défrichage. Les principaux constructeurs proposent des appareils spécifiques ou mixtes, intégrant des marteaux prévus à cet usage.
• Sélectionner le marteau adapté aux sols
Il existe une large gamme de marteaux compatibles avec les broyeurs de pierres. « Nous n’avons pas moins de vingt références », cite pour exemple Éric Bugnot. La largeur et la forme sont à corréler avec l’appareil et avec son usage. Qui plus est, il existe différentes natures pour ces pièces d’usure. « Plus économiques, les marteaux Eko conviennent à la majorité des sols calcaires, explique Cédric de Bourayne. Les marteaux HD marqueront une longévité plus grande dans les granits, quand les HD TP et leur double renfort au carbure de tungstène sont dédiés aux usages intensifs et aux pierres les plus dures ».
Andainer pour moins user ?
Afin de gagner du temps au broyage, bon nombre d’agriculteurs ou de Cuma s’équipent d’andaineurs de pierres, afin d’aligner ces dernières et de passer le broyeur à intervalles espacés. « L’usure des marteaux du broyeur est due à 50 % aux pierres et à 50 % à la terre, avec de fortes variabilités en fonction de la nature de pierres, résume Éric Bugnot. Quoi qu’il en soit, en concentrant les pierres en andains, on réduit l’usure ». En revanche, cette solution répartit de manière non homogène les broyats, nécessitant potentiellement des passages plus réguliers. « Le travail du sol en amont est primordial, afin d’avoir une terre sèche et bien affinée pour un andainage efficient, ajoute Cédric de Bourayne. Si la préparation est bonne, on peut s’assurer de quatre à cinq années tranquilles, après deux campagnes d’andainage-broyage successives ».




