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Charolais Label Rouge

S'adapter aux nouveaux modes de consommation

L’Association Charolais Label Rouge n’échappe pas à la crise qui frappe les filières de qualité. Elle vient de connaître deux années de baisse consécutive mais maintient ses efforts pour préserver son capital auprès des consommateurs et des distributeurs.

Par Marc Labille
S'adapter aux nouveaux modes de consommation
A la tribune, Marjorie Marty, directrice, Didier Périchon président, Olivier Jame et Emmanuel Pilorge vice-présidents de l’ACLR.

Les filières de qualité souffrent d’un contexte défavorable. Le Covid a laissé des traces et l’inflation a cassé une belle dynamique. Aujourd’hui, la décapitalisation fait flamber les prix des animaux standards. Ce retournement n’encourage pas les éleveurs à produire de la qualité et leur nombre s’érode en même temps que les abattages à l’échelle nationale tandis que la consommation diminue elle aussi. Les Labels Rouges sont à la peine et l’Association Charolais Label Rouge (ACLR) n’y échappe pas. En 2024, le volume de bovins labellisés a baissé pour la seconde année consécutive de 6 %. Cela laisse tout de même un volume conséquent de 15 000 bovins labellisés, deux fois plus qu’en 2016-2017. 2 230 éleveurs ont livré des bovins Label Rouge en 2024. Depuis 2006, la part des Grandes et moyennes surfaces (GMS) a pris de l’ampleur dans les points de vente, mais le nombre total est en baisse depuis deux ans et la disparition de l’enseigne Casino a pesé sur ce chiffre. La part de viandes pour haché (VPH) atteint désormais 35 % du volume. Le Charolais Label Rouge fonde ses espoirs sur la Restauration hors domicile (RHD) que devaient encourager les lois EGAlim et Climat. « Mais cela peine à se mettre en place », regrettait Emmanuel Pilorge, vice-président de l’association. « En 2025, une progression est en vue sur les produits élaborés, » signalait la directrice Marjorie Marty. De nouvelles dispositions autoriseraient l’intégration de viande bovine Label Rouge dans des brochettes, viandes marinées et autres rôtis… Ces nouveaux produits seraient toutefois exclus pour le moment d’un approvisionnement dit « durable…

« Trouver sa place »

Parlant au nom des abatteurs, Olivier Jame, directeur de Bigard Cuiseaux et vice-président de l’ACLR, évoquait les mutations de la filière. « On tue désormais des Labels Rouges pour des avants. Le consommateur veut du prêt à déguster tout élaboré et les industriels ont dû s’adapter à la montée du haché. Aujourd’hui, la difficulté, c’est de trouver sa place. Jusqu’alors, le haché, c’était le prix d’appel. Il faut revoir ce prix, se placer… ». Il incitait à poursuivre la promotion du produit face à « des clients distributeurs moins professionnels et des consommateurs de plus en plus exigeants ». La baisse des volumes d’activité réduit les ressources de l’ACLR. Son niveau d’activité des années passées lui permet de poursuivre les actions de communication habituelles. L’association va maintenir sa présence auprès des points de vente et cibler les consommateurs (dégustations, salons…). Elle espère pouvoir compter sur « une nouvelle communication collective avec de gros moyens ». « Je suis convaincu que l’on doit poursuivre le chemin pour préserver ce véritable patrimoine, mais il faut être ouvert aux attentes de notre société. Nous avons su modifier nos cahiers des charges pour plus d’environnement, de bien-être animal, mais il faut être attentif et s’adapter aux nouveaux modes de consommation. Nous devons, au sein de nos instances nationales, gagner en réactivité pour éviter de regarder passer le train… », concluait le président de l’ACLR, Didier Périchon.