Soirée élevage à la FDSEA 58
Quels débouchés pour le broutard nivernais?
Pour la troisième année consécutive, la section bovine de la FDSEA58 a organisé une soirée «élevage», le 12 décembre, à la MJC de Châtillon-en-Bazois. Devant 180 participants. Cette fois-ci, le thème abordait les alternatives au marché italien et les potentialités de l’engraissement.

Jeudi dernier, malgré le froid, près de 180 éleveurs du département se sont rendus à la soirée élevage de la FDSEA58. Fidèle aux recettes qui ont fait son succès, à même époque, depuis trois ans, le syndicat proposait une réflexion et des échanges, via deux tables rondes, sur le thème [I]«au-delà des marchés historiques, quels débouchés pour le broutard nivernais et du Grand Massif Central?»[i] Patrick Bénézit, vice-président cantalien de la Fédération nationale bovine (FNB) servait de file rouge aux débats, d’abord dans la table ronde sur [I]«les alternatives au marché italien pour le broutard nivernais»[i], ensuite dans celle sur [I]«engraisser en France: rêve ou réalité»[i]. Les organisateurs, qui avaient vu large, sous la conduite au micro de Didier Ramet, secrétaire général de la section, avaient également invité des orateurs d’horizons divers: Bernard Gauthier et Philippe Guillien, les présidents des deux marchés au cadran nivernais, et Yves Jehannot, du groupement Feder, sur la problématique du marché italien; Sylvain Mathieu (Parti socialiste), Jean-Luc Gauthier (UMP), Pierre Kaluzni (Centre national pour l’agriculture durable), Alexandre Lorré (JA58) et Patrick Bénézit (FNB) sur l’aspect [I]«engraissement»[i]. Le débat, riche, a parfois débordé des sujets imposés au départ, mais a permis à chaque intervenant de faire entendre sa propre petite musique, suscitant parfois des réactions un peu agitées dans le public. Des opinions ont été énoncées. Morceaux choisis:
• [G]Patrick Bénézit (FNB):[g] [I]«Il faut une stratégie d’export, en maigre ou en gras! Si les prix de la viande ont monté depuis 3 ans, c’est que les abatteurs l’ont envoyée vers des pays où ils n’exportaient pas jusqu’alors, par exemple le Japon et -on l’espère- la Chine. Même pour les Italiens, chercher à exporter ailleurs, c’était une aberration il y a encore un an, aujourd’hui ils commencent à regarder ailleurs... Avec un broutard à 3 euros, c’est la viande à 5 euros. On n’envisage pas de se passer de l’Italie. On a rencontré des groupements inquiets: les Italiens ont besoin de nous et nous avons besoin d’eux... Les abatteurs italiens commencent à manquer de viande; si nous avons une stratégie à l’export, c’est comme çà que nous pourrons tendre les cours... Plusieurs milliers de têtes exportées en fin d’année vers l’Algérie, çà agit sur le prix. C’est très français de vouloir rester chez nous mais on manque cruellement d’entreprises pour aller sur ces marchés-là. Quant à l’engraissement, il faut sortir de la monoculture du maigre!»[i]
• [G]Bernard Gauthier (Cadran de Moulins-Engilbert):[g] [I]«Nous devons préserver le marché italien. Il y a des marges de progrès sur les exploitations, notamment sur la partie femelles. A la Sicafome, nous passons chaque année 21 000 broutards, 4000 taurillons et 56 000 femelles. Mais le sanitaire est important... il ne faut pas envoyer n’importe quoi, sinon on risque de perdre le nouveau marché de niche. La baisse de 220 000 veaux au niveau national nous met la pression pour conserver le marché italien en trouvant d’autres débouchés»[i].
• [G]Yves Jehannot (Feder):[g] [I]«Le sanitaire, c’est le premier critère, la 1ère barrière. Si on ne répond pas à la demande, on n’exporte pas. On s’impose aussi des règles, par exemple les tests ESB, que nos concurrents ne s’imposent pas. Les Australiens ne se posent pas la question et ils exportent... Je mettrais un bémol sur les femelles. Notre problème, c’est qu’on ne consomme pas les mâles et babys. Il y a un rsique d’envoyer nos laitonnes et qu’on nous les renvoient ensuite! L’engraissement, c’est notre capacité de chercher de la valeur ajoutée sur nos exploitations... Nous à la coopérative, nous pouvons fournir des solutions à l’éleveur pour l’accompagner, que ce soit en terme d’investissement ou de contractualisation avec l’aval. La première question à se poser en engraissement, c’est quel système fourrager vous avez? »[i]
• [G]Philippe Guillien (Cadran de Corbigny):[g] [I]«Les marchés sont prestataires de services. Ils captent 2% sur le prix de chaque animal. Nous avons donc intérêt de vendre le plus cher possible et donc nous sommes favorables à l’engraissement même si c’est une activité anecdotique... Ne passons pas une vache sur le marché en espérant qu’advienne ce que pourra. Une vente se prépare. Maigre ou gras, le prix de vente est fonction de la période de l’année. Une vache vendue ces jours-ci, après trois semaines de pluie et qui a mangé de la paille durant 15 jours sera moins chère que la même emmenée en août avec 100 kg de plus. C’est du simple au double».[i]
• [G]Emmanuel Bernard (FNB):[g] [I]«La moitié des charges de concentrés viennent du passage de 350 kg à 420 kg. Est-il utile de pousser les animaux jusque-là pour partir en Italie?»[i]
• [G]Alexandre Lorré (JA58):[g] [I]«Certains éleveurs ont plus le goût du naissage, d’autres celui de l’engraissement. Aux JA, notre position est de les soutenir, à condition que l’acte d’engraissement soit rémunérateur. Quand on voit le niveau de décapitalisation, même pour des mordus du métier, cela nous inquiète. Les revenus ne sont pas au rendez-vous!»[i]
• [G]Sylvain Mathieu (PS):[g] [I]«Quand on est hyperspécialisé, on est très dépendant. Le 2è inconvénient, c’est qu’on ne produit pas assez de valeur ajoutée et donc qu’on ne crée pas d’emplois. Pour notre département, il est grand temps de se poser la question de l’engraissement. Au PS, nous soutenons une agriculture riche en emplois, respectueuses de l’environnement, qui relocalise notre activité et dont chaque agriculteur puisse vivre de son métier»[i].
• [G]Jean-Luc Gauthier (UMP):[g] [I]«La première nécessité pour l’homme est de se nourrir. J’appartiens à la 1ère génération qui n’a pas connu la pénurie. On oublie que la nourriture nécessite un travail et est structurante en terme d’emplois. L’agriculture est un secteur particulier, comparable à une industrie lourde. A chaque fois qu’il y a une réforme, c’est moins d’argent à la clé. Il y a une forme de contradiction politique, alors que les professionnels ne peuvent pas fixer leurs prix de vente en fonction de leurs prix de revient. Et puis nous sommes de moins en moins nombreux dans les lieux de décision, il ne faut pas s’étonner d’être de moins en moins entendus»[i].
• [G]Roger Kaluzni (CNAD):[g] [I]«Pourquoi pas de nouvelles productions à condition que le système économique soit viable, que l’on fournisse une production de qualité respectueuse de l’écosystème (telle que l’agriculture biologique) et qui permette aux agriculteurs de mieux vivre. Mais il n’est pas acceptable de voir éclore des projets comme celui de la ferme dite des 1000 vaches dans le département du Nord. 500 têtes, çà me paraît déjà beaucoup. Nous sommes plus favorables à une agriculture respectueuse du territoire qui permet à plus d’agriculteurs de vivre. Pour moi, l’engraissement, ce n’est pas ce modèle»[i].
• [G]Patrick Bénézit (FNB):[g] [I]«Il faut une stratégie d’export, en maigre ou en gras! Si les prix de la viande ont monté depuis 3 ans, c’est que les abatteurs l’ont envoyée vers des pays où ils n’exportaient pas jusqu’alors, par exemple le Japon et -on l’espère- la Chine. Même pour les Italiens, chercher à exporter ailleurs, c’était une aberration il y a encore un an, aujourd’hui ils commencent à regarder ailleurs... Avec un broutard à 3 euros, c’est la viande à 5 euros. On n’envisage pas de se passer de l’Italie. On a rencontré des groupements inquiets: les Italiens ont besoin de nous et nous avons besoin d’eux... Les abatteurs italiens commencent à manquer de viande; si nous avons une stratégie à l’export, c’est comme çà que nous pourrons tendre les cours... Plusieurs milliers de têtes exportées en fin d’année vers l’Algérie, çà agit sur le prix. C’est très français de vouloir rester chez nous mais on manque cruellement d’entreprises pour aller sur ces marchés-là. Quant à l’engraissement, il faut sortir de la monoculture du maigre!»[i]
• [G]Bernard Gauthier (Cadran de Moulins-Engilbert):[g] [I]«Nous devons préserver le marché italien. Il y a des marges de progrès sur les exploitations, notamment sur la partie femelles. A la Sicafome, nous passons chaque année 21 000 broutards, 4000 taurillons et 56 000 femelles. Mais le sanitaire est important... il ne faut pas envoyer n’importe quoi, sinon on risque de perdre le nouveau marché de niche. La baisse de 220 000 veaux au niveau national nous met la pression pour conserver le marché italien en trouvant d’autres débouchés»[i].
• [G]Yves Jehannot (Feder):[g] [I]«Le sanitaire, c’est le premier critère, la 1ère barrière. Si on ne répond pas à la demande, on n’exporte pas. On s’impose aussi des règles, par exemple les tests ESB, que nos concurrents ne s’imposent pas. Les Australiens ne se posent pas la question et ils exportent... Je mettrais un bémol sur les femelles. Notre problème, c’est qu’on ne consomme pas les mâles et babys. Il y a un rsique d’envoyer nos laitonnes et qu’on nous les renvoient ensuite! L’engraissement, c’est notre capacité de chercher de la valeur ajoutée sur nos exploitations... Nous à la coopérative, nous pouvons fournir des solutions à l’éleveur pour l’accompagner, que ce soit en terme d’investissement ou de contractualisation avec l’aval. La première question à se poser en engraissement, c’est quel système fourrager vous avez? »[i]
• [G]Philippe Guillien (Cadran de Corbigny):[g] [I]«Les marchés sont prestataires de services. Ils captent 2% sur le prix de chaque animal. Nous avons donc intérêt de vendre le plus cher possible et donc nous sommes favorables à l’engraissement même si c’est une activité anecdotique... Ne passons pas une vache sur le marché en espérant qu’advienne ce que pourra. Une vente se prépare. Maigre ou gras, le prix de vente est fonction de la période de l’année. Une vache vendue ces jours-ci, après trois semaines de pluie et qui a mangé de la paille durant 15 jours sera moins chère que la même emmenée en août avec 100 kg de plus. C’est du simple au double».[i]
• [G]Emmanuel Bernard (FNB):[g] [I]«La moitié des charges de concentrés viennent du passage de 350 kg à 420 kg. Est-il utile de pousser les animaux jusque-là pour partir en Italie?»[i]
• [G]Alexandre Lorré (JA58):[g] [I]«Certains éleveurs ont plus le goût du naissage, d’autres celui de l’engraissement. Aux JA, notre position est de les soutenir, à condition que l’acte d’engraissement soit rémunérateur. Quand on voit le niveau de décapitalisation, même pour des mordus du métier, cela nous inquiète. Les revenus ne sont pas au rendez-vous!»[i]
• [G]Sylvain Mathieu (PS):[g] [I]«Quand on est hyperspécialisé, on est très dépendant. Le 2è inconvénient, c’est qu’on ne produit pas assez de valeur ajoutée et donc qu’on ne crée pas d’emplois. Pour notre département, il est grand temps de se poser la question de l’engraissement. Au PS, nous soutenons une agriculture riche en emplois, respectueuses de l’environnement, qui relocalise notre activité et dont chaque agriculteur puisse vivre de son métier»[i].
• [G]Jean-Luc Gauthier (UMP):[g] [I]«La première nécessité pour l’homme est de se nourrir. J’appartiens à la 1ère génération qui n’a pas connu la pénurie. On oublie que la nourriture nécessite un travail et est structurante en terme d’emplois. L’agriculture est un secteur particulier, comparable à une industrie lourde. A chaque fois qu’il y a une réforme, c’est moins d’argent à la clé. Il y a une forme de contradiction politique, alors que les professionnels ne peuvent pas fixer leurs prix de vente en fonction de leurs prix de revient. Et puis nous sommes de moins en moins nombreux dans les lieux de décision, il ne faut pas s’étonner d’être de moins en moins entendus»[i].
• [G]Roger Kaluzni (CNAD):[g] [I]«Pourquoi pas de nouvelles productions à condition que le système économique soit viable, que l’on fournisse une production de qualité respectueuse de l’écosystème (telle que l’agriculture biologique) et qui permette aux agriculteurs de mieux vivre. Mais il n’est pas acceptable de voir éclore des projets comme celui de la ferme dite des 1000 vaches dans le département du Nord. 500 têtes, çà me paraît déjà beaucoup. Nous sommes plus favorables à une agriculture respectueuse du territoire qui permet à plus d’agriculteurs de vivre. Pour moi, l’engraissement, ce n’est pas ce modèle»[i].