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Agriculture biologique

Produire son énergie pour accroître son autonomie

À la SCEA de la Pierre qui Vire, élevage de vaches et chèvres pour la production de fromage, Philippe Abrahamse a investi dans un méthaniseur.
Par Marianne Ranque, FDSEA 89
Produire son énergie  pour accroître son autonomie
Philippe Abrahamse devant son épandeur à digestat.
«Dans mon système, j’ai toujours voulu être le plus autonome possible» c’est ce leitmotiv qui a poussé Philippe Abrahamse à installer un méthaniseur sur l’exploitation de la ferme de l’abbaye de la Pierre qui Vire à Saint-Léger-Vauban. Cette installation est le fruit d’une longue réflexion avec en ligne de mire la réduction de la dépendance aux énergies fossiles. C’est à la suite d’une réunion organisée par la Chambre d’Agriculture de l’Yonne en 2005 que l’idée d’un méthaniseur germe. Toutefois elle ne prendra sa forme définitive qu’en 2010 sous l’impulsion de l’Ademe. Si le choix du méthaniseur s’est peu à peu imposé de lui-même, il a fallu étudier son dimensionnement et faire des choix. L’exploitant a donc choisi de ne pas produire assez de chaleur en hiver (en compensant avec une chaudière à plaquettes) pour ne pas gaspiller de la chaleur le reste du temps. En fonction depuis janvier 2012, l’unité produit 30 kWh d’électricité et le double en chaleur. Elle fournit toute l’année de l’eau chaude sanitaire à toute l’exploitation, notamment à la fromagerie et assure le chauffage en hiver.

S’adapter pour innover
L’innovation impacte souvent les exploitations en profondeur. Il a donc fallu anticiper en modifiant le bâtiment des vaches laitières pour produire du lisier. Les premiers travaux ont été la suppression d’une aire paillée pour construire des logettes, réduisant au passage le besoin de paille de l’exploitation. Le lisier n’étant pas suffisamment méthanogène pour assurer à lui seul le bon fonctionnement de l’unité ; Il fallait donc trouver une autre source d’approvisionnement. «Je ne me voyais pas faire une culture dédiée, ce n’est pas ce que je recherchais». C’est ainsi que Philippe Abrahamse s’est orienté vers de l’achat de «déchets organiques» pour faire fonctionner son installation. Aujourd’hui l’exploitation valorise 140 tonnes par an de résidus de grains de la Cocebi. «Je ne voulais pas mettre n’importe quoi dans mon digesteur par ce que derrière c’est ce que j’épands dans mes champs». Le digestat est valorisé directement sur les 130 hectares de prairies de l’exploitation et sur les cultures. «Mes effluents sont à la base de mon système. J’ai été très attentif aux dimensions de stockage, hors de question pour moi d’aller épandre juste pour vider la fosse !».
Selon Philippe Abrahamse «les réglementations n’arrêtent pas de changer et l’aide de la Fédé est précieuse pour informer et défendre les petites structures comme la mienne. Il y a de la place pour toutes les tailles de projets mais je tenais à avoir un outil à la taille de mon exploitation. J’espère même dans quelques années pouvoir condenser mon biogaz pour faire rouler ma flotte de véhicules».
La ferme, qui va fêter cet été ses 50 ans de conversion en agriculture biologique, a donc encore des projets pour innover et augmenter encore l’autonomie et la résilience de son système.