« On doit comprendre la valeur de ce que nous produisons »
Alors que la Foire gastronomique de Dijon va ouvrir ses portes, le président du Conseil départemental de Côte-d'Or, François Sauvadet, revient sur un des éléments qui contribuent grandement à son attractivité : la Ferme Côte-d'Or. Un événement qui a dû, lui aussi, s'adapter à la menace sanitaire de la DNC.
Le Département sera une nouvelle fois aux côtés de la Chambre d'agriculture pour la Ferme Côte-d'Or, dans le cadre de la foire gastronomique de Dijon. Pourquoi est-ce si important pour la collectivité que vous présidez ?
François Sauvadet : « C’est important de montrer notre soutien à l’agriculture et à nos producteurs, qui font face à des défis majeurs, et notamment celui du changement climatique et de la ressource en eau, dans une situation internationale difficile et un contexte marqué par une succession de crises, et puis plus récemment l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse qui frappe les élevages bovins. Il n’y aura pas de bovins cette année compte tenu de l’évolution de l’épidémie, car il faut éviter tout risque de propagation. Cette Ferme Côte-d’Or se tiendra donc sous une autre forme, et la diversité des filières de notre territoire sera cette année encore mise à l’honneur, avec la viticulture, le maraîchage, les équins, les ovins, l’aviculture ou encore l’apiculture. Notre priorité, c’est aussi de valoriser la production locale et encourager la consommation de produits de qualité, issus de la Côte-d’Or. Nous avons la chance d’avoir des produits d’exception, des hommes et des femmes passionnés par leur métier. Il faut que nos concitoyens comprennent la valeur de ce que nous produisons et la nécessité de le défendre face à la mondialisation et à la pression des marchés internationaux. C’est tout l’objet de cette Ferme Côte-d’Or ».
Comment évolue le regard que vous portez sur l'agriculture côte-d'orienne ?
F.S. : « Vous le savez, je suis profondément attaché au modèle agricole côte-d’orien. Cette petite France agricole, avec des exploitations familiales, avec un élevage extensif, respectueux de l’environnement, qui façonne nos paysages et préserve notre terroir. Nous devons avoir en tête que dans les prochaines années ce sont 30 % de nos agriculteurs qui vont partir à la retraite. Nous devons maintenir la diversité de nos productions, je rappelle que l’agriculture représente près de 10 % du PIB en Côte-d’Or. C’est pour cela qu’il faut agir pour redonner confiance à nos jeunes et leur permettre de se voir un avenir dans ce métier. Nous devons aussi encourager l’innovation dans les pratiques, soutenir les nouvelles technologies qui permettent de produire de façon plus durable, tout en respectant notre environnement et en préservant la qualité de nos sols et de notre eau, c’est ainsi que nous pourrons garantir un avenir pérenne pour l’agriculture française ».
Lors du Salon de l'Agriculture 2024, vous aviez évoqué la possibilité pour les départements d’assumer des compétences en matière de soutien économique à l’agriculture. A-t-on progressé sur cette question ?
F.S. : « Nous avons obtenu une avancée importante en début d’année dans la loi d’orientation agricole, avec un amendement que j’ai proposé qui visait à nous permettre d’agir dans le domaine de l’eau potable, la création d’aménagement de réserves ainsi que l’interconnexion des réseaux. C’est désormais possible et c’est une réelle avancée face aux préoccupations liées au changement climatique. Mais ce n’est pas suffisant et je continue à revendiquer la possibilité pour les Départements d’agir aussi dans le domaine économique de proximité. Les Départements devraient pouvoir de nouveau recourir aux Mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) s’ils le souhaitent, et disposer de davantage de latitude pour faire de la commande publique un outil au service de nos producteurs. Le Département c’est le territoire vécu, c’est la bonne maille pour consommer local et responsable. En Côte-d’Or je le redis, malgré le contexte financier tendu, nous resterons solidement aux côtés des agriculteurs et l’ensemble des crédits consacrés à l’agriculture sera maintenu jusqu’à la fin du mandat. J’en ai pris l’engagement ».
Le département de la Côte-d'Or accomplit un travail de fond sur les problématiques d'alimentation locale et les questions de logistique qui en découlent. Pourquoi est-ce important et comment cela pourrait-il évoluer ?
F.S. : « C’est une chance d’avoir dans notre département une telle variété de productions, et nous avons le devoir de valoriser nos produits locaux, de créer de la valeur ajoutée, cela constitue un des axes de notre projet alimentaire territorial. Le Département de la Côte-d’Or est pleinement engagé dans un processus de relocalisation, indispensable pour rendre accessible des produits de qualité à l’ensemble des consommateurs, à des prix les plus abordables possible sur tout le territoire. Au niveau national, il est indispensable de garantir la protection de l’élevage français et son modèle familial et herbager, ainsi que le respect de la souveraineté alimentaire, et d’abord arrêter d’importer des produits qui viennent déstabiliser nos marchés et ne respectent pas les normes de sécurité et de préservation de l’environnement. Et puis nous allons avoir un défi avec des terres qui seront moins arables à cause du changement climatique. Alors nous devons produire plus et mieux, ici, en France, préserver notre autonomie alimentaire, retrouver notre souveraineté alimentaire, et ça commence ici en Côte-d’Or. C’est le sens de nos actions en Côte-d’Or, avec le pôle de maraîchage de Perrigny-lès-Dijon, avec notre légumerie départementale, avec la marque 100 % Côte-d’Or notamment. Tout cela nous permet d’avoir aujourd’hui plus de 50 % de produits locaux dans la composition des menus servis dans les collèges, avec l’ambition de porter cette part à 80 % d’ici 2027 ».