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Arboriculture

Mangez des pommes !

Cela faisait deux ans que les pommiers et les poiriers du verger du Grillet, à Saint-Pierre-le-Moûtier, n’avaient pas vu un lamier ou un sécateur... C’est chose faite depuis la reprise du verger l’an dernier par Augustin Moreau, du haut de ses 21 ans. Beaucoup de travail en perspective sur les 20 hectares d’arbres où l’on vient faire sa cueillette soi-même en septembre et octobre.
Par Lucie Lecointe
Mangez des pommes !
Augustin en pleine taille pour la remise en état des poiriers qui ont beaucoup poussé en hauteur et dont les branches basses ont tendance à se dessécher.
Après son bac pro arboriculture passé à Angers, Augustin n’imaginait sûrement pas son avenir dans la Nièvre. «Je pensais m’installer dans les environs de Tours, où il y a de grands vergers, très anciens, qui ne trouvent pas de repreneurs»; mais l’occasion s’est présentée au Verger du Grillet, assez rapidement. «L’avantage ici c’est qu’il y a les bâtiments, et la production est rassemblée.»

Une première récolte mouvementée
Comme pour tant d’autres productions, l’année 2016 a été mauvaise pour les pommiers, les poiriers et les cerisiers. Environ 50 tonnes de fruits ont été récoltés sur les 200 tonnes possibles. Une surprise pour Charles, le frère d’Augustin, qui exploite un verger en Indre-et-Loire: «Je m’attendais à une énorme récolte, car cela faisait deux ans que ce verger était à l’abandon... Mais l’année était mauvaise, tout ce qui était précoce a été détruit; sur les poiriers, il n’y avait que des fruits en haut, c’est typique du gel... Par contre, certaines variétés de pommes, plus tardives, ont pu profiter, à partir de juin, d’une arrière saison stablilisée.»
La réouverture du verger en septembre a eu du succès, en termes de commandes. Pour la cueillette au verger, les samedi, dimanche et lundi après-midi, la clientèle existante est revenue. Une affluence qu’il faut pouvoir gérer même quand la production est décevante.... Heureusement les variétés tardives ont pris le relai. Le verger travaille aussi avec la restauration collective et la cuisine des Césars à Nevers, et peut-être, demain, avec les grossistes et les magasins; «ils sont exigeants sur l’aspect des fruits, bien plus que nos clients qui viennent ici au verger.»

Le choix du bio
Actuellement en reconversion, le verger pourra afficher le label pour la récolte 2017. «Nos parents, sur leur verger en Indre-et-Loire, travaillaient déjà en bio, cela nous a semblé tellement naturel de travailler comme cela nous aussi, d’autant que l’utilisation de produits chimiques trouve parfois ses limites. Et puis il y a une demande importante en pommes bio, ce qui nous permet, avec le prix, de faire face les mauvaises années.»

Remise à niveau et travail sur les variétés
«En début de saison, on a redonné un gabarit aux arbres, explique Augustin, les branches se rejoignaient au milieu des allées, on a fait un pré-taillage au lamier et repassé à la main les variétés qui en avaient le plus besoin. Nous n’étions que deux et nous n’avons pas pu passer à la main partout !
Actuellement, 25 hectares sont plantés, dont 5 avec des variétés peu intéressantes commercialement: «La golden est dur à vendre en bio et peu rémunératrice, car la pomme doit être bien lisse, jaune... Et puis on n’a pas le marché en face, les consommateurs se tournent vers d’autres variétés. En plus, les producteurs italiens produisent des goldens moins chers, et plus belles !» Ces arbres seront donc greffés avec d’autres variétés, plus résistantes, comme la melrose, jolie, brillante, appétente».